Une cœlomite chez une poule de compagnie

Présentation du cas

Commémoratifs, anamnèse et examen clinique

Une poule âgée de 6 ans est présentée en consultation pour une diarrhée jaunâtre, une anorexie et un arrêt de la ponte évoluant depuis une semaine. Elle a été acquise sur un marché trois ans auparavant et n’a aucun antécédent médical. L’animal vit dans un poulailler extérieur avec une congénère et est nourri avec des granulés pour poules pondeuses. À l’examen clinique, la poule est maigre. Elle est abattue mais normotherme (40,3 °C). Le jabot est distendu et la cavité cœlomique présente un signedu flot positif dans la région ventro-caudale. Le cloaque est souillé.

Examens complémentaires

L’examen biochimique révèle une hypocalcémie modérée à 11,8 mg/dl (valeurs usuelles : de 13,2 à 23,7 mg/dl). La cytologie du jabot est normale. À l’échographie, un épaississement de la muqueuse intestinale (lié à la diarrhée) et un épanchement sont présents. Ce dernier est ponctionné sous échographie et le liquide recueilli (environ 50 ml d’un exsudat jaune foncé) est analysé. La principale hypothèse envisagée est une cœlomite, probablement à la suite d’une ovulation ectopique (ponte extra-utérine).

Traitement

L’animal est perfusé (5 ml/kg/h, le cathéter étant posé à la veine métatarsienne médiale) et gavé tout en surveillant la vidange du jabot. Du gluconate de calcium (100 mg/kg), un anti-inflammatoire (méloxicam, 0,5 mg/kg per os [PO], deux fois par jour) et une antibiothérapie (triméthoprime-sulfamides, 30 mg/kg PO, deux fois par jour) sont administrés. Chaque jour, une ponction-aspiration de l’épanchement est réalisée. Après 4 jours d’hospitalisation, l’épanchement est de moins en moins productif. La poule est rendue à ses propriétaires avec pour prescription de poursuivre le traitement anti-inflammatoire pendant 5 jours et les antibiotiques pendant 15 jours. Des compléments minéraux et une vermifugation de couverture à base de fenbendazole (25 mg/kg PO, une fois par jour, 5 jours consécutifs) sont prescrits.

Suivi

Trois semaines après la présentation initiale, les propriétaires rapportent un très bon état général, avec une reprise de l’appétit, une absence de diarrhée et une prise de poids. Aucune anomalie n’est détectée à l’examen clinique. Un implant de desloréline de 4,7 mg est positionné au niveau des muscles du bréchet. Son action, qui dure environ six mois, arrête l’activité de l’appareil reproducteur et prévient les récidives.

Discussion

Pathogénie de la ponte extra-utérine

Une ovulation ectopique intervient lorsque l’ovule n’est pas absorbé par l’infundibulum, en lien avec une affection de l’ovaire (kystes, tumeur) ou de l’oviducte (fibrose, sténose, tumeur, salpingite). Elle se distingue de la rétention d’œuf, qui concerne un œuf entier, avec sa coquille, retenu dans la lumière de l’oviducte. Dans le cas d’une ponte extra-utérine, seul le jaune d’œuf se développe, après avoir adhéré à la paroi abdominale ou aux séreuses de divers organes (foie, intestins, etc.). Elle ne provoque pas nécessairement une cœlomite (dite “à jaune d’œuf”, décrite chez les galliformes, les psittacidés et les passériformes), puisque le jaune peut se résorber de lui-même.

Diagnostic

Un épanchement abdominal chez une poule conduit à envisager une cœlomite secondaire à des pontes extra-utérines. La ponction est réalisée le long de la ligne blanche, en position verticale (le décubitus dorsal est proscrit, car l’absence de diaphragme entraîne un risque de “noyade” et la ponction par les flancs est également déconseillée en raison de la présence des sacs aériens).

Traitement

Lorsqu’une cœlomite se développe, elle est le plus souvent aseptique. Des anti-inflammatoires associés à des ponctions échoguidées successives de l’épanchement permettent de stabiliser l’animal. Un pronostic plus réservé accompagne les cœlomites septiques impliquant souvent des coliformes. C’est pourquoi une couverture antibiotique est préconisée. L’ovariectomie n’étant pas techniquement possible chez les oiseaux, seule une stérilisation chimique est envisageable. L’implant de desloréline est placé en position sous-cutanée en regard des muscles pectoraux, sa durée d’action étant d’environ 6 mois. Il peut provoquer une chute transitoire de plumes dans les 15 jours suivants (mue excessive et réversible).
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