Grilles d’évaluation de la qualité de vie : mode d’emploi - La Semaine Vétérinaire n° 1698 du 30/11/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1698 du 30/11/2016

DÉCRYPTAGE

Auteur(s) : TIPHAINE EVELLIN 

L’appréciation des éléments de notations des grilles d’évaluation de la qualité de vie du chien et du chat, établis à partir d’études et d’enquêtes, est corrélée aux observations à la fois du praticien et du propriétaire de l’animal. Quels sont les critères pris et à prendre en considération ?

Le rôle du propriétaire

La perception de l’animal étant prépondérante dans l’évaluation de sa qualité de vie, le propriétaire y tiendra un rôle central. En effet, il connaît son animal (Shanan, 2011), peut l’observer dans toutes les circonstances (Reid et coll., 2015) et adapter l’évaluation de sa qualité de vie à son tempérament. Le vétérinaire, quant à lui, est le professionnel de la santé pouvant apporter un regard objectif et les connaissances médicales nécessaires pour axer cette évaluation dans l’intérêt de l’animal (Yeates et Main, 2009). En effet, une étude montre que la moitié des propriétaires de chiens brachycéphales ne reconnaissent pas la détresse respiratoire de leur animal (Collins, 2013), d’où la nécessité pour le praticien d’intervenir afin de sensibiliser le client à des symptômes ou à des comportements anormaux. La collaboration entre le propriétaire et le vétérinaire est donc déterminante pour mesurer la qualité de vie de l’animal, en accord notamment avec de nombreux auteurs (Mellanby et coll., 2003 ; Schneider et coll., 2010 ; Yeates et Main, 2009).

Les supports

Les grilles d’évaluation de la qualité de vie du chien et du chat peuvent être utilisées sur plusieurs supports, tels que du papier ou du plastique, chacun ayant un avantage : le premier permet de garder une trace des évaluations effectuées ultérieurement et de les comparer avec celle réalisée le jour de la première consultation ; un format plastique offre la possibilité d’utiliser la même grille entre chaque consultation.

Démarrer le questionnaire

La première question, « Selon vous, comment votre chien évaluerait sa qualité de vie ? », permet d’explorer, chez le propriétaire, les raisons pour lesquelles il trouve que cet aspect est satisfaisant ou non (douleur, trouble du comportement, changement récent, etc. ; Yeates et Main, 2009). Cette question, notée sur 10, peut, une fois la grille remplie, être comparée avec le résultat final. Si les deux notes divergent, le propriétaire et le vétérinaire sont incités à comprendre l’origine de cet écart.

Quatre domaines

L’agencement de la grille permet de tenir compte des différents aspects de la qualité de vie. L’“État de santé” du “Domaine physique” donne des indications sur l’impact de la maladie (gravité des symptômes). Ce domaine s’intéresse à la douleur de l’animal selon les critères décrits dans la littérature (Epstein et coll., 2015 ; Mathews et coll., 2014 ; Reid et coll., 2015) et employés par les propriétaires et les vétérinaires dans les sondages réalisés sur le sujet par l’auteur de la grille. L’absence de douleur est le critère prépondérant dans la mise en place d’un traitement chez l’animal malade.

Bien que le chat soit un animal indépendant, l’interaction avec d’autres animaux est également prise en compte dans le “Domaine des relations sociales” de la grille du chat. En effet, il a été montré que les chats cohabitant avec des congénères avaient une meilleure qualité de vie que ceux vivant seuls (Adamelli et coll., 2005).

L’item “Hygiène de vie” du “Domaine de l’environnement” permet de sensibiliser les détenteurs d’animaux aux besoins de ceux-ci et à la prévention des maladies. Cette utilisation de la grille a en effet été suggérée par plusieurs auteurs (Spofford et coll., 2013 ; Yeates et coll., 2011) et personnes sondées. Dans ce domaine également, l’“Accès aux soins” évalue les capacités des propriétaires à mettre en place un traitement vis-à-vis du coût et de l’observance. Il prend aussi en considération le fait qu’il y ait ou non un traitement disponible si l’animal est malade.

Résultat et portée

Le résultat de la grille n’a qu’une valeur indicative, la note obtenue ne devant en aucun cas déterminer une conduite à tenir. En revanche, il peut servir pour monitorer une maladie qui affecte l’animal, en repérant si la qualité de vie chute souvent, de façon plus ou moins rapide ou, au contraire, reste stable au cours du temps. Le propriétaire, au contact de son animal tous les jours, n’observe pas nécessairement ces changements. À sa demande, un point régulier sur la maladie peut être effectué grâce à ce document, sans recommandation de durée spécifique comme il est suggéré chez l’homme, à savoir deux semaines minimum entre deux évaluations et quatre lorsqu’il s’agit de douleur chronique (Organisation mondiale de la santé, 1998a). D’autre part, la chute de la qualité de vie au cours d’une maladie chronique à traitement palliatif est corrélée à un mauvais pronostic chez l’homme (Addington-Hall et Kalra, 2001).

Lors d’une prise en charge, la grille permet également de souligner les points, voire les domaines à améliorer et d’apprécier l’effet du traitement sur la qualité de vie. Enfin, cet outil peut aussi être utilisé chez l’individu sain, car cette notion ne se résume pas à son seul état de santé. La grille permettra, au cours de la consultation vaccinale, de donner de nombreux conseils au propriétaire sur l’alimentation l’éducation ou encore l’hygiène de vie de l’animal.

Ainsi, les utilisations de la grille d’évaluation sont nombreuses. Elle peut apporter une réelle avancée en médecine vétérinaire, au-delà du seul traitement des maladies, en permettant au praticien de se porter garant de la qualité de vie de l’animal et d’améliorer ses conditions de vie.

Source : d’après la thèse de médecine vétérinaire « Élaboration de grilles d’évaluation de la qualité de vie du chien et du chat ». Oniris. 2016.

Lire aussi pages 38 à 43 et 24-25 de ce numéro.

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