Le vétérinaire équin connecté

Comment la profession doit-elle appréhender le virage numérique en matière d’outils connectés ? Des éléments de réponse ont été apportés lors des dernières journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef), à Reims, du 16 au 18 novembre.

Jean-Luc Chambrin, dirigeant de Skwazel, voit dans la e-santé animale et le développement des nouvelles technologies une opportunité pour les confrères de renforcer leur pratique quotidienne et la relation avec leurs clients. C’est l’un des messages de la session qui a été consacrée au “vétérinaire connecté”.

Ces évolutions en médecine équine permettent d’envisager aussi bien le suivi à distance de l’entraînement du cheval, celui du médicament, de la gestion de clientèle que le partage de radiographies et d’échographies entre vétérinaires et experts, notamment.

Le retour sur investissement pour les vétérinaires dotés de ces nouveaux outils sera positif, estime Jean-Luc Chambrin, et se traduira par une augmentation des actes, une meilleure proximité avec les clients et un gain de temps et de personnel. « D’abord, il convient de s’équiper de matériel communiquant », précise-t-il, en ajoutant que ce n’est qu’un début : « L’objet connecté émerge pour les animaux. »

Des applications en équine

Au cours de cette session, plusieurs intervenants ont présenté des applications directes de ces nouvelles technologies en médecine équine.

Notre consœur Claire Leleu a développé, au sein de sa société Equi-Test, une technologie connectée appliquée à la médecine sportive de terrain. « Il faut rester assez basique, savoir mesurer la vitesse (les techniques GPS sont aujourd’hui passées dans le milieu professionnel), prendre en compte la longueur et la conformation des pistes, etc. », explique-t-elle. Ce procédé permet le suivi de la fréquence cardiaque et de la lactatémie pendant l’effort des chevaux. « Les données sont enregistrées dans un serveur, avant d’être analysées. »

Cette voie a un intérêt en matière de bien-être animal et pour le suivi de l’entraînement. Le prérequis indispensable est la validation des outils de mesure. En outre, « il convient d’être vigilant sur les applications de ces mesures et en matière de simplicité et de coût (études longitudinales, techniques adaptées à l’utilisateur final) ». Enfin, former les utilisateurs est nécessaire, car des outils sans connaissances pratiques et théoriques associées, cela peut faire des flops...

Julie Urvoy, de la société AMA, présentait, quant à elle, une solution de visioconférence avec lunettes connectées : Xpert Eye^®.

De leur côté, notre consœur Marine Slove et son équipe d’Equisense poursuivent leur travail sur Equisense Motion^®, qui permet de disposer de plusieurs paramètres chez le cheval : données d’entraînement, cadence, rebond, symétrie de l’allure, etc. « L’autre volet des objets connectés du cheval concerne la santé et le bien-être : nous intégrons des paramètres physiques et comportementaux (sudation, déplacements de l’animal, sommeil, etc.) et nous étudions l’ alerting du propriétaire (dans le cadre des coliques et de suivis postopératoires). » Sur le long terme, c’est le big data du cheval qui pourrait permettre le développement de services (données physiologiques, biomécaniques, comportementales, etc.). L’idée est d’analyser ces données et de les agréger, ce qui présenterait un atout pour les praticiens, pour la prévention et la prophylaxie.

L’écurie de demain sera aussi innovante : contrôle de l’environnement ; gestion à distance de l’ambiance (sonore, lumineuse, etc.), des stocks ; selle, mangeoire, abreuvoir et filet connectés ; différentes connexions avec le vétérinaire... « Les objets connectés pourront faire partie du modèle économique du vétérinaire », prévoit Claire Scicluna, modératrice de l’atelier.

Rémy Thellier, ingénieur chez Horse Cape, déclare : « Aujourd’hui, on parle de “weareable technology”, avec la conception d’objets portés, en raison du déplacement du cheval. »

En pratique quotidienne

Notre consœur et spécialiste en médecine interne, Julie Dauvillier, utilise un procédé novateur pour réaliser des électrocardiographies (ECG). Il s’agit d’une petite coque qui s’adapte à l’iPhone et « avec juste un téléphone et la coque, on obtient un ECG de qualité. Cela peut être en voyé à un ami, qui peut y porter d es notifications ».

Des échographes parviennent aussi à aller très loin, et pas seulement pour le transfert des images. « Oscult ^® est un échographe conçu pour iPad. Il est beaucoup orienté sur la médecine humaine aujourd’hui, explique Jean-Luc Chambrin, qui présente cet outil distribué par Skwazel. Il est très compact (1,5 kg) et dispose de toutes les fonctionnalités d’Apple. L’interactivité est importante : je suis en train de faire une échographie et je peux appeler quelqu’un ; vous avez besoin d’une formation à distance, un formateur peut intervenir ! »

Logiciels de gestion, échographes, dont la sonde est directement branchée au smartphone, etc. L’avenir offre de belles perspectives.
•