Biologie médicale : est-on bien certain d’avoir mesuré toutes les conséquences de l’interdiction ? - La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016

ACTU

Au-delà des réactions épidermiques que vétérinaires ou biologistes médicaux peuvent avoir à propos de la question de la fin ou non des examens de biologie vétérinaire par des laboratoires de biologie médicale, les enjeux sont bien réels pour nos professions.

Il est certain qu’à court terme, l’interdiction de procéder à des examens vétérinaires est lourde de conséquences pour les laboratoires de biologie médicale qui ont choisi de réaliser des investissements importants pour continuer à les assurer tout en mettant en œuvre leur obligation d’accréditation. Il serait léger de les traiter avec brutalité. La question est importante pour les biologistes médicaux des laboratoires concernés. Elle l’est aussi pour de très nombreux vétérinaires qui ne comprennent pas les raisons de ce prompt changement et qui doivent se réorganiser de façon précipitée, alors même qu’ils n’avaient aucun problème de qualité et de sérieux des examens de biologie délivrés par les laboratoires de biologie médicale.

Mais la situation réclame aussi une réflexion sur les enjeux d’intérêt général extrêmement importants qu’elle soulève. La gestion de la transition vers la fin des examens de biologie vétérinaire par les laboratoires de biologie médicale, si elle devait se confirmer, doit être assurée de manière à ne faire prendre aucun risque de nature à nuire à la santé publique de nos concitoyens. Il n’est, par exemple, pas raisonnable de se passer brutalement, sans solution de remplacement fiable, de la participation de laboratoires de biologie médicale à un réseau comme le Résapath (Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales), coordonné par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui a été prévenue de la situation. Le sujet de l’antibiorésistance, une des bombes sanitaires des prochaines années, est trop sérieux pour cela.

Enfin, et c’est là un enjeu qui doit interpeller directement les vétérinaires, est-on bien certain d’avoir mesuré toutes les conséquences professionnelles de cette interdiction ? Car une fois les laboratoires de biologie médicale écartés, qui va occuper la place laissée vacante ? Des laboratoires créés par des vétérinaires qui maîtriseront en toute indépendance professionnelle leur outil de travail ? Peut-être. Et je le souhaite. Mais, en tant que biologiste médical, je suis bien placé pour savoir qu’il est bien plus probable que ce soient des laboratoires détenus par des opérateurs financiers qui en tirent le plus profit. Ils sont d’ailleurs déjà prêts. Pour d’autres raisons, nous avons déjà subi cette attaque et de tels laboratoires occupent aujourd’hui plus de 25 % de la biologie médicale privée. Une fois de plus, les libéraux de santé auront œuvré eux-mêmes à la diminution à la fois de leur champ d’activité et de leur indépendance professionnelle. Or, une fois le loup entré dans la bergerie, croyez-moi, il est bien difficile de l’en faire sortir. Est-ce vraiment ce que veulent les vétérinaires ? N’avons-nous pas tous intérêt à trouver ensemble des solutions intelligentes plutôt que nous offrir de nouveau au premier investisseur venu ?

FRANÇOIS BLANCHECOTTE

est président de la commission affaires européennes de l’Union nationale des professions libérales (Unapl) et président du Syndicat des biologistes (SBD). En 2016, il a interpellé le monde des biologistes et des vétérinaires sur les conséquences professionnelles de la loi du 30 mai 2013, qui interdit aux laboratoires de biologie médicale de réaliser des examens vétérinaires. Il réclame une réflexion commune sur les enjeux d’intérêt général soulevés par cette interdiction.
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