Communiquer sur les risques, un investissement à long terme

Le début du xxi ^e siècle est sans conteste marqué par une accélération inédite de l’échange d’informations en temps réel, sur tous types de thématiques et de terminaux de consultation, résultant en un effacement des distances géographiques, sociales ou culturelles.

Ces avancées fulgurantes des technologies de l’information se traduisent par une plus grande exigence vis-à-vis des experts et des autorités sanitaires, qui sont désormais tenus de communiquer clairement, rapidement et de manière crédible.

À l’ère de la circulation rapide des informations, des biens, des personnes et des animaux, il est en effet devenu impératif pour le vétérinaire de savoir communiquer de manière efficace sur les risques en matière de santé et de bien-être animal, ainsi que sur leurs impacts sur la santé humaine. De par sa position de sachant et son contact régulier avec une clientèle au savoir et à la compréhension variables, il a en effet un rôle clé à jouer pour informer et sensibiliser sur ces questions.

Il doit pour cela savoir s’adapter à son interlocuteur, car la réalité scientifique s’efface souvent devant la perception individuelle. Un danger inconnu, inhabituel, sur lequel le citoyen non initié n’a pas de contrôle direct, déclenchera une réaction d’inquiétude ou d’indignation parfois démesurée, comparativement au risque réel.

La réaction du grand public vis-à-vis de la grippe aviaire est un bon exemple. Bien que le risque de contamination humaine soit à ce jour extrêmement réduit pour les Français, cette maladie animale fait toujours peur. Peur amplifiée par une surmédiatisation des foyers, quelle que soit la souche impliquée, et quand bien même celle-ci n’ait jamais été liée à un cas humain. Il revient alors au vétérinaire de savoir identifier les biais de perception pour informer au mieux son interlocuteur sur le risque réel, et de s’adapter à lui, qu’il soit citadin ou éleveur de volailles.

Au-delà du devoir d’information lié à sa profession, apprendre à bien communiquer sur les risques est pour le vétérinaire un investissement indiscutable, dans le cadre d’un acte médical comme dans celui d’une discussion sur l’actualité nationale et internationale. Cette compétence favorise le développement de la confiance de sa clientèle en ses conseils, alors que celle-ci est aujourd’hui trop souvent mise à mal par le développement des sites internet de vulgarisation prodiguant des recommandations en santé et bien-être animal sans supervision professionnelle.

Consciente de ces enjeux en France comme dans ses 179 autres pays membres, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) travaille depuis une dizaine d’années à la meilleure intégration de la communication en général, et des risques en particulier, au sein de l’activité vétérinaire publique comme privée. Un chapitre spécifique de normes internationales y est aujourd’hui dédié dans les codes sanitaires pour les animaux terrestres et aquatiques. Un guide sur la communication pour les Services vétérinaires a également été publié en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce guide, disponible gratuitement en ligne sur oie.int/communication_guide, est aujourd’hui utilisé pour former des vétérinaires dans le monde entier. Serez-vous le prochain confrère à le lire ?
•