nous sommes les référents du bien-être animal

A près Montréal, Genève, Prague, Rio ou Tokyo, Paris est devenue la capitale de la médiation animale. Juillet 2016, la France a accueilli le congrès de l’IAHAIO ( International Association of Human-Animal Interaction Organizations ). Une vraie reconnaissance pour une discipline longtemps restée confidentielle. Aujourd’hui, la médiation animale se développe à la vitesse d’un lévrier. Trop rapidement, peut-être ? Zoothérapie, médiation animale, AAA (activité associant l’animal) : il est difficile de trouver un consensus pour nommer toutes ces initiatives. Mais toutes ont un point commun : faire intervenir, de manière encadrée, un animal auprès de personnes fragilisées par des troubles physiques, cognitifs, psychiques ou sociaux.

L’intérêt faisant, le nombre de formations en médiation animale se fait croissant. On en compte déjà une soixantaine. Malheureusement, bien que la France soit à l’avant-garde dans ce secteur d’activité, il souffre d’un manque d’encadrement des formations et des intervenants. Pourtant, une reconnaissance professionnelle est indispensable. En effet, travailler avec des personnes âgées, des enfants autistes, des adolescents déscolarisés ou des détenus ne s’improvise pas. Ni pour l’humain, ni pour l’animal.

En tant que vétérinaires, nous avons un rôle majeur à jouer. À nous d’agir pour le développement en France de la médiation animale. Après tout, qui peut être plus convaincu que nous des bienfaits de l’animal sur l’homme ?

Nous pouvons limiter le risque de zoonoses, mais aussi aller jusqu’à une évaluation comportementale des animaux intervenants. Notre expertise est la garantie de la sécurité des bénéficiaires de la médiation animale. Un chien « sympa et sociable » aux yeux de son propriétaire n’est peut-être pas à même de devenir un bon médiateur.

Mais surtout, nous, vétérinaires, sommes les référents du bien-être animal. Au cours de ces ateliers, l’animal travaille : on lui impose des contacts physiques, on lui demande d’être calme et patient avant d’être plein d’entrain et participatif. Avec des formations insuffisantes ou inadaptées, il y a un risque d’instrumentalisation de l’animal, au profit de l’humain, et d’oubli des besoins propres à son espèce et à son équilibre physique et psychique.

D’autre part, une question se pose : comment les animaux vivent-ils ces interactions avec un public “particulier” ?

Un psychologue intervenant au sein d’établissements pénitentiaires avec des chevaux camarguais m’a fait part d’une de ses expériences. Un de ses étalons, pourtant familier des ateliers de médiation animale, s’est retrouvé en binôme dans la cour de la prison avec un meurtrier sexuel condamné à perpétuité. Le cheval s’est très vite mis à transpirer de façon anormale, à souffler et à manifester des comportements de fuite inhabituels. Le mal-être ressenti par l’équidé était éloquent et l’intervenant l’a retiré de l’atelier.

Sans aller jusqu’à ce cas extrême, nous avons la responsabilité de nous interroger : les animaux sont-ils des éponges émotionnelles ? Peuvent-ils, sans conséquence pour eux, absorber nos souffrances ?

En l’absence de données scientifiques valables, la vigilance est indispensable. À ce jour, les vétérinaires restent les personnes les plus à même d’informer et de sensibiliser sur le bien-être animal.
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