un combat pour davantage d’humanité

L’engagement des vétérinaires en faveur de la cause animale apparaît à tous comme une évidence, presque un poncif. Quelle autre professsion pourrait, en effet, mieux que la nôtre avoir conscience de la fragilité de l’environnement et des désastres engendrés par une exploitation industrielle de la nature ? Quelle autre profession que la nôtre pourrait mieux percevoir la douleur et la peur des êtres que nous avons appris à soigner ?

Pourtant, nous le savons bien, il y a dans notre métier un professionnalisme, un savoir-faire, qui peuvent dans certains cas dominer l’affect qui avait été à l’origine de notre vocation.

Derrière les gestes techniques, il peut ne rien rester de l’impulsion initiale qui nous avait amenés à choisir une activité qui devait avant tout s’exercer au plus près des animaux.

Comment cette attirance née de l’enfance et de l’adolescence a-t-elle pu se perdre pour certains d’entre nous ?

Comment est-il possible d’être vétérinaire aujourd’hui et de rester indifférent face à la douleur et à la peur ?

Notre orientation professionnelle devrait au contraire être à l’origine d’une conscience plus aiguë de la nécessité de protéger les animaux contre les activités humaines les plus froides et déshumanisées.

Les vétérinaires que nous sommes devrions être les premiers dans ce combat pour le respect d’une sensibilité animale que nous percevons mieux que quiconque.

Il n’y a pas si longtemps, le cynisme provoquait les rires goguenards de tous face aux protecteurs de l’environnement et aux défenseurs des animaux. Cet aveuglement relève d’un passé lointain et rares sont ceux aujourd’hui qui osent nier que notre planète est mortelle et que les animaux sont des êtres sensibles.

Peut-être est-il temps désormais de nous interroger sur notre pratique et notre engagement à lutter contre l’usage sauvage qui est fait des animaux.

Nous sommes, nous vétérinaires, les premiers qui devrions faire entendre notre voix pour lutter contre les pratiques abjectes que sont certaines formes d’élevage, d’abattage, de “divertissement” au premier rang desquelles figure pour moi la corrida, sans oublier toutes les formes de maltraitance de ceux qui nous sont plus proches encore, nos animaux de compagnie.

Combien d’entre nous ont détourné le regard et coupé le flot des émotions que le public ressent à la première vision de ces images intenables ?

La cause animale est devenue un combat en faveur de plus d’humanité. Et celui-ci n’est plus l’apanage des seules associations et des militants, les vétérinaires sont, à mon sens, les plus légitimes pour s’emparer de ces combats pour une société meilleure.

Prendre soin des animaux est un engagement de tous les instants. Les respecter et les aimer constitue un nouveau défi pour chacun d’entre nous.
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