visions d’avenir - La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016

ACTU

La médecine vétérinaire a plus évolué ces 15 dernières années que durant les 20 ou 25 années précédentes. Et cela va s’accélérer encore. Pas seulement au niveau médical, bien sûr, et là n’est d’ailleurs pas mon propos. Je pense plutôt à tout le reste.

Depuis 15 ans, j’ai eu la chance de pouvoir ouvrir mon horizon sur d’autres mondes, tous connectés à la médecine vétérinaire : l’Ordre, l’industrie pharmaceutique, le pet food, les autorités sanitaires, les représentants de beaucoup d’autres pays, le monde du management, etc.

Nourri de tous ces échanges, discussions et expériences, j’ai essayé d’imaginer ce qui attend notre profession dans 10 à 15 ans, et je me propose de partager très modestement avec vous quelques visions d’avenir(s).

Nos clients “drivent” dorénavant le marché

Notre métier est de plus en plus influencé par un contexte (interne et externe) en pleine mutation accélérée. Les attentes de nos clients changent. Ils viennent chercher un service, voire maintenant du low cost, n’hésitent plus à “zapper” entre plusieurs vétos ; ils perçoivent parfois la vaccination annuelle comme une sorte de taxe pas toujours justifiée ou utile. Dans le même temps, ils attendent une médecine dernier cri, financée, du moins en partie, par ces mêmes vaccins…

Le nombre de plaintes à l’Ordre en provenance des propriétaires est par ailleurs en augmentation constante. Nous sommes obligés d’améliorer notre communication (souvent à l’origine de la plainte, car perçue comme défaillante), pour la rendre conforme aux attentes de nos clients, qui, comme me le disait encore récemment un acteur du pet food, finiront, quoi qu’il arrive, par “driver” le marché.

Révolution technologique

La technologie, quant à elle, évolue à une vitesse folle, envahit le quotidien de nos clients, qui attendent de nous que nous suivions la tendance. Ils veulent ou voudront très vite la portabilité et l’accessibilité des dossiers médicaux (par curiosité, ou pour le “zapping”). Mais également pouvoir joindre leur véto avec les nouveaux outils de communication présents sur leur smartphone, ou encore demander des conseils sans nécessairement se déplacer, échanger des données avec le praticien sur leurs animaux, commander et se faire livrer des médicaments, etc. Ils sont très désireux de s’impliquer davantage dans le suivi de leurs compagnons et de leurs pathologies chroniques. Ce qui est, en soit, une excellente nouvelle ! En tout cas, une belle opportunité pour notre profession.

XX + Y

La féminisation de la profession et l’arrivée de la génération Y chamboulent grandement l’organisation et les conditions du travail au sein des structures vétérinaires, des rôles de garde, entre autres. La mentalité d’indépendant viscéral, disponible 24 h/24, qui prévalait auparavant, a de moins en moins cours aujourd’hui. Et cela se confirmera donc forcément demain.

En parallèle, les jeunes arrivants sont davantage centrés sur leur métier, privilégient leurs conditions de vie (loisirs, famille), se forment plus (internats), plus longtemps (spécialistes), mais sont souvent moins intéressés que leurs aînés par la gestion de l’activité. Cela tombe bien, pour l’instant, car cela permet à ces derniers de se découvrir de nouveaux talents de managers.

Convenons-en, dans ce qui précède, il n’y a pas beaucoup de médecine vétérinaire, au sens premier du terme. Et la gestion de tout ce contexte très évolutif nécessite des compétences qui doivent être assumées par des personnes qualifiées, mais non nécessairement vétérinaires. Des économies très importantes pourront être réalisées à grande échelle, en mutualisant la communication, l’informatique, les ressources humaines, la gestion des contraintes réglementaires et autres, les aspects juridiques, la gestion financière, etc.

Imaginons

Le client de demain se rendra chez son vétérinaire, salarié au sein d’une chaîne, d’une enseigne régionale, nationale (internationale ?), garante d’un service (médical et commercial) connu, apprécié et noté par le client. Le dossier médical pourra être consulté dans n’importe quelle unité vétérinaire de cette chaîne, lors des déplacements du client. De la même manière, celui-ci disposera pour son animal de petits capteurs/enregistreurs biologiques ou biométriques en tous genres, connectés via une “App” au dossier médical, dont le vétérinaire pourra visualiser à tout moment les enregistrements. Des envois d’informations triées, qualifiées et pertinentes, des propositions de rendez-vous viendront rythmer le processus, pour le plus grand bonheur du client, enfin associé de près au suivi.

Le vétérinaire, quant à lui, sera dans ce contexte assigné à des tâches précises, avec des horaires négociés, sera évalué en permanence (par ses employeurs et les clients), sera formé, choyé et grimpera les échelons (s’il est “bon”) ou pas (s’il l’est moins), bref, fera carrière au sein de ces entités. Une vraie révolution des mentalités dans notre profession.

Pour cela, des investisseurs privés mettront des compétences et les moyens nécessaires pour créer ces enseignes à grande échelle. Cela se passe ainsi dans les pays anglo-saxons, et plus récemment, scandinaves, sans que les clients s’en plaignent.

Il faudra une nouvelle réflexion de la déontologie, qui a déjà beaucoup changé, mais ne permet pas encore tout. Les échanges à ce sujet avec d’autres collègues européens montrent que nous ne sommes pas dans le peloton de tête des “innovateurs”. Mais une réflexion est incontestablement en route... À nous de négocier ce virage intelligemment, et à la bonne vitesse.

BENOÎT BERTRAND

a occupé la fonction de vice-président de l'Ordre vétérinaire francophone belge de 2011 à 2016. Il est le fondateur des sites internet Vet2vet, Veteducation et Elpeo.
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