L’affût selfie

Après son beau Vertige d’une rencontre en 2010, Jean-Michel Bertrand confirme dans ce second long métrage – où il se met également en scène, avec plus d’amplitude – l’originalité de son cinéma. Un documentaire animalier à la fois personnel, irréprochable et plus instructif que ce que l’on a l’habitude de voir. Les images spectaculaires sont moins ici une fin que le témoignage de ce qu’il est nécessaire d’engager (en temps, en discernement, en détermination) pour approcher un animal sauvage, en l’occurrence le loup. « Surtout ne pas le surprendre telle est ma devise », confie la voix off de Jean-Michel Bertrand à propos du prédateur dont il a pressenti le retour dans une vallée isolée du Champsaur (Hautes-Alpes), qu’il avait déjà parcouru, cinq ans durant, à la poursuite de l’aigle royal. Au fil de cette nouvelle traque semée de déconvenues et de surprises (elle demandera cette fois trois années), le réalisateur, entre élans lyriques et humour, nous fait part in vivo de ses doutes et de ses enchantements. En nous immergeant dans une quête qui finira par aboutir parce qu’elle sait se plier au tempo de la nature, c’est finalement à une expérience initiatique qu’il nous convie. Ses ressources sont essentiellement humaines : la passion, une vraie connaissance du territoire (qu’il arpente depuis l’enfance) et… une patience à toutes épreuves. Si l’affût solitaire est le cœur palpitant de l’aventure, son immense qualité – son luxe – est de lui avoir consacré le temps qu’il fallait.
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La Vallée des loups de Jean-Michel Bertrand, France, sortie le 4 janvier 2017.

Édition parallèle du livre La Vallée des loups de Jean-Michel Bertrand et Bertrand Bodin, La Salamandre, 128 pages, 23 x 27,8 cm, 29 €.