Que pensez-vous de l’étude de Solagro 1 ? - La Semaine Vétérinaire n° 1701 du 06/01/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1701 du 06/01/2017

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Auteur(s) : SERGE TROUILLET 

CETTE EXPERTISE EST TROP ORIENTÉE !

Le scénario proposé par Solagro1 m’apparaît davantage une projection consciente de ce que ses auteurs souhaitent que l’analyse objective d’une évolution probable. L’étude, affirment-ils, est quantitative, chiffrée, responsable. Disons qu’elle est très spéculative ! La baisse de la consommation de viande se vérifiera peut-être en France, mais pas dans le monde. Plus un pays s’enrichit, plus ses habitants mangent de la viande, et la marge est encore grande ! Même en France, les consommateurs se rabattent sur le poulet ou le porc en temps de crise, mais n’abandonnent pas la protéine animale. Il s’ensuit une tendance, certes moins affirmée ici qu’ailleurs, aux élevages ultra-intensifs, aux fermes géantes qui produiront de l’électricité à partir de la biométhanisation, non aux cheptels à petite échelle. Quant au “bio”, il n’est pas accessible à la majorité des acheteurs. De plus, il n’est pas autant garanti que les labels le prétendent. En élevage, il est facile d’être bio, tellement le cahier des charges des éleveurs est devenu permissif ! Quant au bien-être animal, il sera sans doute mieux respecté dans une ferme de 1 000 vaches que dans une petite exploitation, pour des raisons moins éthiques que purement économiques. Je ne crois pas aux modèles fondés sur la décroissance.

ANTOINE FICHOT

ELLE EST SANS DOUTE MÉRITOIRE, MAIS IDÉALISTE

Sur la finalité, Solagro a raison. Il va falloir nourrir tout le monde, préserver l’environnement et redistribuer de manière plus équitable les plus-values de l’ensemble de la chaîne alimentaire. Son scénario est réalisable, mais souhaite-t-on réellement qu’il se réalise ? Le citoyen que chacun est est-il prêt à faire évoluer ses habitudes alimentaires au profit d’une plus grande consommation de céréales ? L’industrie agroalimentaire ne va-t-elle pas se battre pour conserver ses positions sur les marchés ? Personne ne veut des fermes de 1 000 vaches en France, mais personne non plus n’accepte de payer trop cher le litre de lait. Certaines entreprises agricoles sont ainsi conduites à alléger le plus possible leurs charges en faisant appel, parfois de manière abusive, à des travailleurs européens détachés. Si les éleveurs réduisent leurs intrants, ce n’est pas pour diminuer leur production de lait. Ils veulent, au contraire, la maintenir en valorisant davantage l’herbe, en remplaçant le soja par du maïs déshydraté, ce qui n’est pas une réponse sociétale. La prise de conscience des limites de nos modes de production et de notre consommation sera aussi tardive, je le crains, que celle concernant les conséquences du réchauffement climatique.

GAËL GOUNOT

UNE VISION INTÉRESSANTE, PARMI D’AUTRES POSSIBLES

Ma préférence va à une consommation de viande moins importante et de meilleure qualité, et donc à une agriculture raisonnée, extensive, avec des animaux élevés dans des conditions correctes, dans des cheptels de taille réduite et à l’environnement adapté à leur comportement naturel. Pour autant, cette orientation coexistera avec les modes de production standards, même si ces derniers seront améliorés. L’étude de Solagro1 privilégie une vision idéalisée de l’agriculture, fondée, qui plus est, sur un modèle de décroissance, point de vue que je ne partage pas. L’agriculture biologique sera de plus en plus présente dans les élevages porcins et avicoles, et je m’en félicite, mais la production de masse se poursuivra, avec des élevages plus concentrés, exigeant une médecine spécialisée. Les coopératives feront leur choix, parce que la demande sera diversifiée, et le conseil du vétérinaire, pour ces deux options, sera valorisé. Nous devrons être capables d’accompagner un éleveur dans le domaine du sanitaire, mais aussi sur les aspects économiques, nutritionnels, génétiques, etc., de son troupeau. Cela suppose une culture globale qui dépasse le seul cadre de la connaissance de l’animal.


1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1687 du 16/9/2016, pages 46 à 51.

STÉPHANE BASTIER
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