Kétamine : un virage stupéfiant !

Le classement de la kétamine injectable comme stupéfiant constituait certainement une appréhension devenue croissante chez les praticiens. Il faut remonter en 2003 pour entrevoir les prémices du casse-tête administratif que va devenir l’usage de cet anesthésique prisé par les vétérinaires pour sa sécurité d’emploi. Désormais, en plus des règles en matière de stockage (sous clé) et de vol (déclaration aux autorités compétentes), ces derniers devront, à compter du 24 avril, respecter l’ensemble de la réglementation relative aux stupéfiants. Dans moins de trois mois, ils devront notamment tenir un registre spécifique des entrées et des sorties indiquant précisément les produits leur ayant été livrés et ceux administrés, réaliser une balance mensuelle de ces flux et respecter une procédure spécifique en cas de destruction. Quid des mentions à indiquer sur l’ordonnance sécurisée qui devra être remise au propriétaire de l’animal ? Interrogée sur cette décision, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) indique que ce classement ne devrait pas bouleverser les habitudes des praticiens, puisque ces « mesures s’appliquent d’ores et déjà aux spécialités vétérinaires à base de fentanyl et de méthadone, classées stupéfiants depuis 2011 ». Or, nombreux sont les praticiens ruraux ou mixtes qui ne sont pas accoutumés à toutes ces procédures. Une fois de plus, les spécificités des modèles d’exercice de la profession ne semblent pas avoir été prises en compte. Surcharge administrative, procédure chronophage, etc. Au final, le sentiment qui domine pour une bonne part de la profession est l’exaspération, voire la résignation. Mais il semblerait qu’il ne puisse pas y avoir de concession sans contrepartie. Il s’agit certainement là du prix à payer pour conserver l’usage de la kétamine. ●