MÉDICAMENTS
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU
Deux arrêtés publiés au Journal officiel du 31 janvier fixent les règles d’utilisation et de fabrication des autovaccins destinés aux ruminants.
Enfin ! L’utilisation d’autovaccins est de nouveau possible1 chez les ruminants. Sous conditions, mais elles sont peu restrictives en regard de l’utilisation qui pourra en être envisagée. Les autovaccins peuvent être fabriqués dans le cas d’infections bactériennes uniquement, à partir d’une matrice prélevée dans la même espèce que celle à laquelle ils seront administrés et provenant du même élevage. Le lait, le sang, les urines et les fèces sont des matrices éligibles chez les bovins, les ovins et les caprins. Le système nerveux central pourra être employé comme matrice pour les bovins si l’animal prélevé est âgé de moins de 12 mois, et pour les ovins et les caprins dans le cas d’un animal âgé de moins de 3 mois. Chez les bovins, il sera possible d’utiliser également le poumon et le liquide de lavage broncho-alvéolaire, le pus, le placenta, le liquide articulaire, le foie, les intestins, la rate, les nœuds lymphatiques et l’écouvillon lacrymal. Chez les ovins et les caprins, ces matrices ne pourront s’envisager que lorsque l’individu prélevé est génotypé et possède une résistance aux encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles (ESST), et à l’exception du système nerveux central d’un animal âgé de plus de 3 mois.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait évalué la possibilité d’autoriser de nouveau des autovaccins chez les ruminants en 20162, ceux-ci étant interdits depuis 2001 à cause du risque de transmission d’ESST. Ce risque étant aujourd’hui faible en France, avec une prévalence de 1 x 10-4 chez les petits ruminants et de 1 x 10-6 chez les bovins, l’agence s’est orientée vers un avis favorable, également justifié par l’intérêt thérapeutique des autovaccins pour les infections bactériennes, en particulier dans les espèces ovine et caprine, pour lesquelles l’arsenal thérapeutique est réduit. L’utilisation d’autovaccins était prévue dans la mesure 15 du plan ÉcoAntibio 2017 afin de réduire le recours aux antibiotiques. Des précautions supplémentaires sont demandées pour la fabrication d’autovaccins destinés aux ruminants par rapport à ce qui est couramment pratiqué pour les autres espèces. Il ne manque plus que l’actualisation de la liste des bactéries pour lesquelles la fabrication d’autovaccins est possible.
En dépit de l’intérêt thérapeutique des autovaccins, il est nécessaire de garder à l’esprit que leur coût est plus élevé que celui d’une spécialité commerciale, et que leur emploi comporte des limites. En effet, l’autovaccin est fabriqué pour un élevage et pour une souche bactérienne y étant déjà présente (probabilité élevée de vacciner des animaux déjà infectés) et ayant obligatoirement été précisément identifiée comme l’agent causal dans un contexte de maladie ou de baisse de performance (pas de fabrication à l’aveugle). De plus, l’utilisation d’autovaccins rendra impossible un dépistage sérologique ultérieur. Selon la maladie et le contexte de production, cela peut alors perturber des échanges, dans le cas d’affections recherchées préalablement à l’exportation. Des échecs peuvent être constatés, liés à l’administration ou à la bactérie (les autovaccins sont inefficaces en cas de kératoconjonctivite infectieuse à Moraxella bovis
3). Le délai de fabrication est de quelques semaines, mais cela peut, dans certaines affections, s’avérer trop long pour l’administrer à temps afin de protéger le reste du troupeau. Seuls quelques laboratoires sont agréés par l’Agence nationale du médicament vétérinaire pour fabriquer des autovaccins, et pour une liste restreinte de bactéries.
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1 Arrêté du 14/11/2016 relatif à la préparation des autovaccins à usage vétérinaire destinés aux ruminants et arrêté du 14/11/2016 modifiant celui du 6/3/2008 relatif aux bonnes pratiques de préparation des autovaccins à usage vétérinaire.
2 Avis et rapport de l’Anses, bit.ly/1RX71sB.
3 Lacroix A. S. Place des autovaccins dans la lutte contre les maladies chez les animaux de rente. Thèse de doctorat vétérinaire, Alfort 2013, bit.ly/2lP1EEU.
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