ÉTATS-UNIS
ACTU
Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA
Des milliers d’informations utiles aux défenseurs des animaux, aux journalistes et aux particuliers ont brutalement disparu du site du ministère de l’Agriculture américain, provoquant un tollé général.
Au début du mois de février, le ministère de l’Agriculture américain (United States Department of Agriculture ou USDA) a effacé de son site internet tous les dossiers concernant le bien-être animal jusqu’alors consultables librement par le public. Des dizaines de milliers d’informations concernant le traitement des animaux dans des établissements américains tels que les laboratoires, les zoos, les élevages de chiens ou encore les cirques ont soudainement été retirées, privant ainsi toute personne qui le souhaite de se renseigner sur d’éventuels mauvais traitements infligés aux animaux dans ces structures. Ces rapports rédigés par des inspecteurs de l’USDA détaillaient en effet le nombre d’animaux détenus dans chaque établissement et précisaient, pour chaque structure, si elle répondait bien aux critères de bien-être imposés par les deux lois de protection animale du pays : l’Animal Welfare Act et le Horse Protection Act 1. Ces données constituaient donc une source capitale d’informations non seulement pour les défenseurs des animaux et les journalistes, mais aussi pour les particuliers qui souhaitaient, par exemple, faire l’acquisition d’un animal.
La raison invoquée dans un communiqué de presse par le service d’inspection de la santé des animaux et des végétaux de l’USDA (Animal and Plant Health Inspection Service ou Aphis) est une question de confidentialité. Il s’agirait de protéger la vie privée des personnes ayant été responsables d’abus envers les animaux ou ayant violé les codes fédéraux, et dont les noms figurent dans les dossiers. Pourtant, selon le magazine Science 2, ces rapports ne contiennent que peu d’informations de ce type, voire aucune. Les renseignements supprimés ne sont désormais accessibles que sur demande, ainsi que l’exige la loi sur la liberté de l’information (Freedom of Information Act ou FOIA). Ces requêtes peuvent malheureusement nécessiter 94 à 234 jours pour être approuvées, retardant ou annulant ainsi les actions pour dénoncer les mauvais traitements. Ces documents sont en effet fréquemment utilisés par les associations de protection animale et les journalistes pour surveiller le traitement des animaux et dévoiler publiquement des dérives et des scandales, afin qu’ils ne demeurent pas impunis.
Cette situation a rapidement provoqué un tollé général, motivant l’administration à faire marche arrière pour faire retomber la pression, en remettant en ligne une infime partie de la base des données collectées depuis 17 ans. L’USDA, qui supervise environ 9 000 entités, a seulement restauré les rapports d’inspection de neuf d’entre elles, des installations de recherche fédérales. Ils excluent par exemple des milliers de rapports d’inspection sur les usines de chiots, les installations de recherche privées et les zoos.
Tanya Espinosa, porte-parole de l’USDA, a déclaré qu’elle « continuera à afficher des documents au cours des prochaines semaines ». Malgré cela, six organisations, dont PETA, Born Free USA et le Physicians Committee for Responsible Medicine, ont déposé une plainte conjointe annonçant que les données rétablies ne suffiraient pas à les empêcher d’entreprendre des poursuites judiciaires si tous les dossiers n’étaient pas remis en ligne. La Humane Society of the United States a, elle aussi, menacé de rouvrir un procès plus ancien contre l’agence. Une lettre de protestation a été adressée à l’USDA par 18 démocrates du Sénat et une autre3 au président Donald Trump, émanant d’un groupe bipartisan de 101 membres de la Chambre des représentants des États-Unis, mené par le démocrate Earl Blumenauer, qui exige que l’information soit immédiatement rétablie en ligne de façon publique. Ces membres du congrès se sont ainsi ralliés à la large coalition d’organisations allant des associations de protection animale aux groupes qui soutiennent la recherche médicale, les chaînes de magasins pour animaux de compagnie, les zoos et les aquariums. Tous ont fait valoir que le manque de transparence nuirait à la confiance du public et à l’application des lois sur le bien-être des animaux.
En attendant un peu moins d’opacité de la part de l’administration, l’écrivain, anthropologue et observateur indépendant Russ Kick a recueilli des milliers de documents encore dissimulés et les a affichés en ligne sur son site internet TheMemoryHole2.org, dédié à la préservation des données gouvernementales supprimées. Dans un paysage politique controversé, le représentant Blumenauer considère la promotion du bien-être animal comme une question décidément non partisane : «
C’est en quelque sorte un îlot de bon sens et de progrès au milieu d’eaux politiques assez agitées. Il faut se battre pour cela.
»
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1 L’Animal Welfare Act est la seule loi fédérale américaine réglementant le traitement des animaux dans la recherche (laboratoires), les spectacles (zoos, cirques, aquariums) et les transports, ainsi que chez les vendeurs (usines à chiots, éleveurs). Le service d’inspection de la santé des animaux et des végétaux de l’USDA (Aphis) applique la loi en établissant des normes minimales de soins, que chaque établissement doit fournir à ses animaux. Les souris, les rats et les oiseaux utilisés dans la recherche et les animaux élevés pour la nourriture ou la fourrure ne sont pas concernés, sauf lorsqu’ils sont transportés. Les chevaux sont protégés par une loi distincte, le Horse Protection Act.
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