Place de la cancérologie chez les praticiens français - La Semaine Vétérinaire n° 1712 du 25/03/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1712 du 25/03/2017

ENQUÊTE

Auteur(s) : PAR VALENTINE CHAMARD  

Une enquête menée par La Semaine Vétérinaire et l’annuaire Roy s’intéresse à l’approche de l’oncologie dans les cliniques et aux attentes des propriétaires d’animaux.

Avec des moyens diagnostiques de plus en plus sophistiqués, le développement de consensus sur les traitements, l’accès possible, depuis 2009, aux médicaments anticancéreux humains pour les vétérinaires, et la promesse d’arrivée prochaine en France de molécules dédiées au marché vétérinaire, la cancérologie est une discipline vouée à se développer dans les cliniques. Et de fait, elle représente une part non négligeable de l’activité puisque, en moyenne, 9,6 % des consultations font intervenir cette discipline et concernent 5,6 animaux chaque mois par répondant. Un tiers des praticiens a d’ailleurs approfondi ses connaissances dans ce domaine ou l’envisage (les sources de formation majoritairement citées sont les congrès, les conférences proposées par l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie et le Certificat d’études approfondies vétérinaires de médecine interne). Plus d’un quart des répondants s’est équipé en matériel spécifique.

Une utilisation frileuse de la chimiothérapie

En ce qui concerne le traitement, la chirurgie est sans surprise la principale modalité de prise en charge. Parmi les traitements médicamenteux disponibles, les molécules autres que spécifiquement formulées pour des indictions en cancérologie, comme les corticoïdes, remportent les suffrages devant les cytotoxiques puis les thérapies ciblées (inhibiteurs de tyrosine kinase). Ces dernières sont nettement plus utilisées par les praticiens acceptant des cas référés en cancérologie. Si la réglementation relative à l’utilisation des molécules dites CMR (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques) est plutôt bien connue des praticiens (72 % la connaissent parfaitement ou dans ses grandes lignes), elle n’est une option thérapeutique que peu usitée par les répondants (en moyenne 0,8 séance réalisée chaque mois, à comparer à la moyenne de 5,6 animaux cancéreux suivis chaque mois), même si 30 % des répondants ont déclaré, auprès de leur conseil régional de l’Ordre (CRO), un référent chimiothérapie (eux-mêmes ou un confrère) dans leur structure. Si cette réglementation pose un cadre rassurant pour les différents intervenants (soignants et propriétaires) pour un tiers des répondants, reste qu’elle est jugée trop lourde par deux tiers d’entre eux ou des propriétaires. De fait, ces derniers ne sont réceptifs à la mise en place d’une chimiothérapie que dans moins de la moitié des cas pour 57 % d’entre eux et jamais ou presque jamais dans plus d’un quart des cas, la lourdeur des modalités étant la principale raison invoquée. L’explication au faible recours à la chimiothérapie est peut-être aussi à chercher du côté de la formation initiale, qui est en effet jugée assez peu satisfaisante ou très peu satisfaisante par 67 % de l’ensemble des répondants (et par 74 % des diplômés depuis 2010, date postérieure à l’usage possible des molécules cytotoxiques humaines pour les vétérinaires). Enfin, près des trois quarts des répondants estiment aussi que l’offre proposée par les sociétés commerciales n’est pas en adéquation avec leurs besoins.

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C’est un domaine en évolution dans notre profession, ce qui explique le manque de formation à l’école… Les propriétaires ont une mauvaise image de “l’humain sous chimio”, et du coup ne veulent pas infliger cela à leur animal… Mais je pense que nous serons tous amenés à nous y mettre tôt ou tard, car malheureusement, il s’agit d’une médecine d’avenir.

La cancérologie (en dehors des tumeurs mammaires, tumeurs cutanées… disons tumeurs opérables) correspond à de la médecine trop poussée. Elle a sans doute un avenir dans les grandes villes, mais en province, elle correspond à une image de riche citadin et d’acharnement thérapeutique, du véto qui veut
s’enrichir, et n’est pas du tout adapté
au statut de l’animal.

Peut-être vieux-jeu, je considère que les traitements anticancéreux vont
souvent trop loin pour une survie supplémentaire de quelques mois...
Les vétérinaires étaient conscients de la dangerosité des molécules de chimiothérapie et prenaient les précautions nécessaires bien avant une réglementation disproportionnée. Surtout si on la compare à ce qui se fait en humaine : aucune information des aidants et des malades concernant les excrétas des personnes traitées…

Avant la nouvelle réglementation, je faisais un peu de chimio (environ 5 par an), maintenant je n’en fais plus du tout.
Trop de réglementation, j’ai bien assez de paperasse à gérerpour ne pas en plus m’encombrer de cela. Si les propriétaires sont vraiment motivés (c’est-à-dire quasi jamais : c’est cher et ils ont peur de “l’acharnement thérapeutique”), je réfère à une structure spécialisée.

Il n’existe pas vraiment de spécialités ayant une autorisation de mise sur le marché vétérinaire, mais cela ne s’avère finalement pas trop gênant grâce à la cascade. Personnellement, je me fournis à la pharmacie de l’hôpital, qui en plus me propose de réaliser la préparation en ses locaux, ce qui est très confortable pour moi.

La chimiothérapie a un avenir certain, mais uniquement au sein de structures spécialisées. Le coût et la lourdeur sont des freins et nécessitent une assurance santé pour l’animal. Aucun vétérinaire au sein de notre structure n’est suffisamment formé pour s’engager dans la chimiothérapie.

Nous devons nous fournir en humaine et pas toujours facilement…
Les contraintes sont trop lourdes et totalement injustifiées quand on compare à l’humaine, où les cas sont bien plus fréquents et les contraintes inexistantes.

Les clients sont rarement partants pour une chimiothérapie pour leurs animaux et préfèrent les traitements palliatifs.

De nombreuses molécules sont mal adaptées à l’animal, du fait de leur présentation pour les hommes.

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