La myopathie atypique - La Semaine Vétérinaire n° 1713 du 01/04/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1713 du 01/04/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX 

Il y a 10 ans, j’avais observé que dans 100 % des pâtures où nous rencontrions des cas de myopathie atypique, il y avait des érables sycomores », se souvient notre consœur Dominique Votion. Une maladie similaire est également apparue aux États-Unis pour laquelle les recherches ont permis de découvrir la présence d’érables negundo sur les sites concernés.

Aujourd’hui, il est reconnu que la myopathie atypique résulte de l’ingestion d’une toxine contenue dans les samares ou les plantules. L’hypoglycine A est décomposée en acide méthylènecyclopropyl-acétique (MCPA)-carnitine qui détruit les muscles ; le cheval en décède assez vite. La détermination de la cause a dynamisé la recherche sur la maladie.

« En 2005, nous formalisions un groupe d’alerte de la myopathie atypique et une collaboration avec le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe). Avec eux, nous incitions à enregistrer et à communiquer les cas. » Aujourd’hui, l’enregistrement peut se faire en ligne, pour les vétérinaires du réseau sentinelle, via le site du Respe. Ces déclarations de cas sont essentielles, car elles permettent de générer des alertes.

Bilan des derniers mois

L’automne dernier a encore été dévastateur : plus de 181 cas de myopathie équine recensés en France et 275 en Europe. Ces chiffres sont sans doute sous-estimés en raison d’une sous-déclaration. Le taux de mortalité au cours de cette saison est de 69 % et le nombre d’équidés morts de cette maladie atteint les 700, selon les estimations. L’analyse des cas automnaux 2016 (de fin septembre à janvier) montre un pic en novembre (du vent en rafale a été signalé chaque fois avant l’augmentation des cas).

« Au printemps 2016, nous avons collecté des samares au sol ; le taux d’hypoglycine A est en dessous du seuil de détection jusqu’en mars… », détaille Dominique Votion. À partir de mars, la production d’hypoglycine A est importante dans les samares et, en avril, dans les plantules qui poussent. En juin, le taux d’hypoglycine A reste assez élevé, mais l’herbe a poussé.

Les cas ont débuté en mars. « Lorsque nous avons effectué la récolte du 5 avril, il avait plu sur les plantules. Nous avons analysé l’eau qui avait perlé sur ces jeunes pousses et trouvé des traces d’hypoglycine A. »

L’érable en cause

Un arbre produit 800 fleurs, une fleur produit 30 graines… Après une pluie importante, « ces fleurs sont dispersées au sol. Nous avons émis l’hypothèse qu’elles contenaient de l’hypoglycine A, et, en effet, on en trouve en quantité significative dans les fleurs fraîches », poursuit notre consœur.

L’hypoglycine A est présente dans les samares de l’érable sycomore, mais pas dans les érables planes et champêtres ; il n’y en a pas non plus dans le frêne commun.

C’est l’érable negundo qui est responsable de la maladie saisonnière aux États-Unis. Dans les cas étudiés dans le nord de la France et en Belgique, il n’a pas été détecté d’hypoglycine dans les érables negundo, car les samares ne contiennent pas de graines ; il s’agit de plantations. « Les plantations sont soit mâles, soit femelles. Ce qui n’est sûrement pas le cas dans le sud de la France où l’érable negundo se reproduit de manière invasive », explique notre consœur, qui ajoute : « tronçonner tous les érables n’est pas une solution. » En effet, l’absence d’érable n’est pas une garantie suffisante pour se prémunir de la myopathie atypique, car les samares volent sur plusieurs kilomètres.

Il vaut mieux donner de l’eau de distribution aux chevaux, au lieu de les laisser boire dans les mares, et éviter de les garder sur des pâtures à risque. « Quand l’alerte est lancée, les chevaux sont déjà à risque, donc il est nécessaire de trouver un nouveau système. »

Ceux de moins de 3 ans sont davantage susceptibles de contracter la maladie et d’en mourir, mais les chevaux de tout âge peuvent en souffrir.

Y a-t-il des cas chez les bovins ? L’hypoglycine A donne la myopathie atypique chez le cheval et d’autres maladies dans les autres espèces. Actuellement, Dominique Votion analyse des prises de sang de bovins pour voir si le risque vis-à-vis de cette affection existe.

Dominique Votion Université de Liège (Belgique), fondatrice en 2005 du Groupe d’alerte de la myopathie atypique (Gama ou Amag, en anglais, pour Atypical Myopathy Alert Group). Article rédigé d’après une présentation faite lors de la 43 e journée de recherche équine à Paris, le 16 mars 2017.

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