ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’OABA
ACTU
ÉVÉNEMENT
Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON
Près de 60 ans après sa naissance, l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs a tenu son assemblée générale le 25 mars, ce qui a permis d’évoquer ses actions et d’honorer des réalisations dans ce domaine, alimentant la réflexion.
L’assemblée générale de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA) s’est tenue au siège de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Ce rendez-vous du 25 mars 2017 a été l’occasion de célébrer les 60 ans de l’appel lancé en 1957 par Jacqueline Gilardoni pour la création de cette œuvre (qu’elle fondera en 1961). De nombreuses associations de protection animale et personnalités étaient présentes, dont le député Olivier Falorni, Ghislaine Jançon, du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires, Jérôme Languille, de la Direction générale de l’alimentation, et Jean-Luc Angot, le tout nouveau président du Comité national d’éthique des abattoirs.
La directrice générale de l’OIE, Monique Eloit, retenue au Japon, avait tenu à enregistrer une allocution de bienvenue pour dire sa joie d’accueillir l’OABA et sa fierté pour l’OIE – qui a établi depuis 90 ans des normes de santé pour les animaux – de mettre en place une réflexion planétaire de ses membres sur des normes du bien-être animal (BEA), débattues en mai prochain à Paris. Avec l’objectif revendiqué de défendre la cause animale tout en gardant le dialogue avec les professionnels des filières.
L’assemblée générale de l’OABA est toujours l’occasion de mettre à l’honneur les vétérinaires, qui ont, dès les débuts de l’association, apporté leur contribution, comme André Triau, récemment disparu.
En outre, deux prix de thèse ont récompensé le travail de Lily Saalburg (« Introduction de la notion de bien-être animal au sein de l’OIE : historique, actualités, perspectives ») et de Paul Jamey (« Vers une nouvelle approche du contrôle du bien-être animal : exemple du règlement (CE) n° 1099/2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort »). Tous deux sont étudiants à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA).
En 2000, une vingtaine de pays seulement disposaient de lois sur le respect de l’animal et l’absence de cruauté. Les pays en voie de développement freinaient les normes BEA, estimant plus urgent de nourrir leurs populations avec des animaux en bonne santé, sans se préoccuper du BEA. Bernard Vallat, directeur général honoraire de l’OIE, a souligné que la santé était une des composantes du BEA, au cœur de la mission des vétérinaires, représentants de leur pays pour l’OIE ; deux raisons qui ont permis les discussions depuis 15 ans sur les normes BEA. Avec des réflexions dans plusieurs domaines : le transport, pour lequel la Commission de l’Union européenne a accepté de prendre en charge le travail des experts consultés, l’abattage, en faisant abstraction des aspects politiques et religieux, donc sans étourdissement préalable, l’utilisation des animaux par la science, les méthodes d’élevage des bovins, des poulets de chair ou celles des porcs et des poules pondeuses (actuellement en discussion).
Ce sont aujourd’hui 120 pays qui se sont dotés de lois sur le BEA, grâce à un dialogue constant entre l’OIE, les scientifiques, les éleveurs, mais aussi les producteurs, les transformateurs et, bien sûr, les organisations non gouvernementales (ONG), 600 d’entre elles étant réunies dans la World Animal Protection.
Bernard Vallat a souligné que l’ouverture au dialogue des différents interlocuteurs est la clé du succès pour amener le monde entier à mieux respecter les animaux, tout en nourrissant la planète.
Recevant la médaille d’honneur de l’OABA, le député Olivier Falorni, qui a présidé la commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie, a dit son émotion et sa fierté de recevoir cette médaille d’une ONG engagée depuis 60 ans dans un travail remarquable. Il a souligné que l’OABA a su œuvrer, dès le début de la commission d’enquête, en parfaite synergie avec L214, à l’origine du scandale médiatique des abattoirs. « Sans l’OABA, nous n’aurions pu mener à bien ce travail. »
Sensible à la cause animale, il arrivait en terre inconnue, dans ce monde, et a ouvert la “boîte noire”. Il a déposé, dès le rapport d’enquête rédigé, une proposition de loi pour la mise en place de caméras de contrôle, entre les mains des inspecteurs vétérinaires, la qualification en délit des actes de maltraitance en abattoirs, et pour que les ONG puissent se porter partie civile.
Derrière le BEA, c’est la question du bien-être humain, de celles et ceux qui travaillent dans les abattoirs, qui se pose. « J’ai découvert des corps cassés, des âmes fracturées. Et je me souviens, Jean-Pierre Kieffer, que vous aviez évoqué avec clairvoyance Les Temps modernes de Charlie Chaplin, à propos de l’abattoir d’Alès, en disant que ce n’était plus des boulons, mais des moutons. »
Olivier Falorni a salué la nomination de Jean-Luc Angot à la tête du Comité national d’éthique des abattoirs, première concrétisation de sa loi, adoptée en première lecture.
Comme l’a montré Paul Jamey dans sa thèse, la maltraitance animale en abattoirs est toujours la conjonction de mauvais locaux, d’une absence de formation entraînant une méconnaissance du comportement animal, auxquels s’ajoute une pression économique conduisant à des cadences infernales.
Il a pu constater dans une bouverie d’abattoir, où les salariés tapaient les bêtes qui refusaient d’avancer, que le problème était lié à une fente dans le sol : l’eau formait une flaque dans laquelle le néon se réfléchissait et affolait le troupeau. La solution a été de nettoyer le sol avec une raclette, et le calme et la docilité sont revenus, sans faire usage de la force.
Frédéric Freund, directeur de l’OABA, a souligné l’augmentation importante du nombre d’animaux de rente à l’abandon, traduisant la misère et la souffrance des éleveurs eux-mêmes. Leur détresse peut être à l’origine de maltraitance pour les animaux, raison pour laquelle l’OABA ne se contente pas de sauver bêtes et troupeaux, mais prête également assistance aux éleveurs.
L’association consacre les deux tiers de son budget, exclusivement constitué de dons, aux sauvetages lors de saisies et à l’entretien du “troupeau du bonheur” (232 animaux répartis sur 26 sites conventionnés).
Michel Courat, vétérinaire français expert officiel dans les abattoirs du Royaume-Uni, vient de rejoindre l’équipe de l’OABA, renforçant l’expertise et les conseils délivrés aux abattoirs, comme à Houdan (Yvelines), pour améliorer la prise en charge des animaux.
Jérôme Languille, s’exprimant à titre personnel, en raison du devoir de réserve que la période électorale lui impose, a félicité l’OABA, avec laquelle il a toujours travaillé en étroite collaboration pour des sauvetages d’animaux, et particulièrement son président, pour son sens aigu du verbe et de la négociation, au service du bien-être des animaux.
Avec 300 vétérinaires déjà membres de l'OABA, dont cinq administrateurs, ne pourrions-nous pas, demain, être nous aussi tous unis pour les défendre, au sein d'une association légitime et unanimement reconnue ?
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L’ASSOCIATION EYES ON ANIMALS
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