Le froid favorise la multiplication des spores de Nosema spp. chez l’abeille domestique - La Semaine Vétérinaire n° 1714 du 06/04/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1714 du 06/04/2017

ÉTUDE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Une étude1 menée par des scientifiques de l’Institut de l’abeille (université de Berne, Suisse), du Centre de recherche apicole (Suisse) et de l’université d’Auburn (États-Unis) s’est intéressée à l’impact que pouvait avoir la température ambiante sur la population de Nosema spp. chez l’abeille domestique. Cette microsporidie contamine l’insecte par ingestion. Une fois le tube digestif atteint, la spore pénètre au sein des cellules épithéliales intestinales via son filament polaire permettant la migration du matériel infestant (sporoplasme), et s’y multiplie. L’élimination des selles permet alors aux spores de disséminer et d’infester un nouvel hôte2.

Matériels et méthodes

L’étude est menée en Suisse, d’avril 2011 à octobre 2012, en collaboration avec 15 apiculteurs pour 2011, et 18 pour l’année 2012. Quatre colonies appartenant au même rucher sont choisies aléatoirement par les apiculteurs et incluses dans l’étude. Un prélèvement d’environ 100 individus par colonie est effectué chaque mois par les apiculteurs, d’avril à octobre, ainsi qu’une ou deux fois durant la saison hivernale. Par la suite, 60 individus sont sélectionnés de manière aléatoire parmi les abeilles prélevées et les chercheurs y déterminent la présence (ou l’absence) du parasite via un microscope. Les deux espèces de Nosema spp. (Nosema apis et Nosema ceranae) sont différenciées par polymerase chain reaction (PCR) dans les échantillons des mois d’avril, de juin et d’octobre des deux années d’étude. Les mesures de la température des ruchers sont prises tous les jours à midi, pendant toute la durée de l’étude. Elles permettent aux chercheurs de classer les colonies au sein de deux groupes. Un premier rassemble les colonies appartenant aux ruchers dont la température est supérieure à 10 °C pendant une période de temps définie : c’est le groupe “100 % jours volés” ou groupe A. Le second réunit les colonies appartenant aux ruchers dont la température est au moins une fois inférieure à 10 °C pendant la même période : c’est le groupe “moins de 100 % jours volés” ou groupe B. Enfin, quatre périodes de temps sont définies pour comparer les deux groupes : elles durent une semaine et correspondent aux quatre semaines précédant un prélèvement. Ce sont les données de la littérature qui ont motivé la définition des groupes, car il y est reconnu que les abeilles ne volent généralement pas à une température inférieure à 9 °C, ni ne butinent en dessous de 12 °C. Des mesures ont également été effectuées sur des colonies d’une unité expérimentale.

Présentation des résultats

La nosémose est détectée dans 46,7 % des échantillons étudiés (420 sur 900). Dans les échantillons utilisés pour différencier les deux espèces, 57,6 % se sont révélés positifs, avec 89,5 % positifs à N. ceranae, 4,2 % à N. apis et 6,3 % aux deux. L’intensité parasitaire, c’est-à-dire le nombre de spores par échantillon positif, est significativement plus élevée en période hivernale par rapport aux autres mois pour les deux années d’étude. De plus, l’intensité parasitaire est significativement plus élevée chez le groupe B par rapport au groupe A, quelle que soit la période de temps investiguée, montrant qu’une différence même minime dans le nombre de jours volés peut affecter l’intensité parasitaire au sein d’un groupe d’individus. Les données de l’unité expérimentale ont révélé les mêmes résultats, sauf pour la semaine qui précède le prélèvement, pour laquelle aucune différence significative n’a été notée. Enfin, l’intensité parasitaire augmente de manière significative quand la proportion de jours volés et la température moyenne mensuelle diminuent.

Discussion

Les chercheurs expliquent le faible taux de détection du parasite par la procédure d’analyse, qui se place à l’échelle d’un échantillon et non d’un individu. Il apparaît que Nosema ceranae est l’espèce dominante des colonies, confirmant de précédentes publications. L’influence significative du nombre de jours volés et de la température sur l’intensité parasitaire, ainsi que le fait que cette dernière soit significativement plus grande en période hivernale montrent qu’une température basse peut être profitable au parasite, en permettant l’accumulation d’une plus grande quantité de spores au sein d’un individu, ce qui favorisera leur chance de transmission à un autre hôte. L’hypothèse avancée par les chercheurs est que la réduction des sorties à l’extérieur prive les abeilles de leur opportunité de défécation, conduisant ainsi à une accumulation de spores.

1 Retschnig G., Williams G. R., Schneeberger A. et coll. Cold ambient temperature promotes Nosema spp. intensity in honey bees (Apis mellifera). Insects. 9/2/2017.

2 N. Vidal-Naquet. Tout sur la nosémose de l’abeille domestique Apis mellifera L. La Semaine Vétérinaire n° 1476 du 23/12/2011, pages 44 et 45.

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