Quels changements souhaiteriez-vous dans l’enseignement ? - La Semaine Vétérinaire n° 1714 du 06/04/2017
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NE PAS FAIRE DUDAY-ONE SKILLSUNE FIN EN SOI

L’enseignement a pour vocation de former des étudiants, mais également de leur ouvrir de nouveaux horizons, de leur apprendre à apprendre, de les préparer à s’adapter tout au long de leur parcours professionnel. Or le Day-One Skills, ces compétences au premier jour vers lesquelles nous nous orientons, apparaît comme résultant d’une vision très utilitariste de l’employabilité immédiate des jeunes vétérinaires. Une vision très court-termiste, très réduite de notre profession. En envisageant la réforme du référentiel vétérinaire dans cet esprit, très réducteur, on propose aux jeunes de se fondre dans un moule d’employé, alors qu’il convient de les projeter déjà dans l’avenir. De les éduquer à la prise de responsabilité. Ne doit-on pas leur donner l’envie de faire bouger les lignes au sein de leur future structure professionnelle, de contribuer à l’évolution de leur métier plutôt que de la subir ? Le Day-One Skills doit être le minimum, mais non une fin en soi. De la même façon, pour la spécialisation vétérinaire, le passage du système universitaire au système professionnel, qui contrôle la délivrance du diplôme, relève également d’une démarche malthusienne. Je souhaiterais que l’on revienne à une approche universitaire, plus ouverte.

REMÉDIER À LA CARENCE DU PERSONNEL TECHNIQUE

Comme tout enseignement professionnel, l’enseignement vétérinaire présente des aspects peu satisfaisants. Par exemple, les deux années de préparation : ne faudrait-il pas en supprimer une ? De même, je ne suis pas hostile à une année totalement clinique, mais il me semble plus logique que ce soit la dernière, en l’occurrence la cinquième, et non l’avant-dernière, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays. Par ailleurs, la clinique doit être résolument placée au centre de l’enseignement, quelles que soient les orientations que l’on donne à ce dernier (recherche, industrie, laboratoire, etc.). Si une entreprise recrute un vétérinaire, c’est pour la connaissance qu’il a de l’animal sain et de l’animal malade ; si elle souhaite engager un spécialiste (physiologiste, microbiologiste, etc.), elle trouvera toujours mieux ailleurs, mais sans une même connaissance de l’animal. Enfin, si nous sommes suffisamment d’enseignants-chercheurs pour couvrir nos obligations de service, nous déplorons une énorme carence en personnel technique… au détriment de la qualité de l’enseignement. Nous perdons beaucoup trop de temps à nous substituer à ce personnel manquant. Cela devient une priorité d’y remédier.

RÉFLÉCHIR AVANT DE RÉFORMER !

Je souhaite surtout que l’on change la manière de pratiquer les réformes. On les enchaîne sans établir de bilan de l’existant. Souvenons-nous du dramatique cafouillage de la réforme du concours d’entrée, et du passage de un à deux ans de préparation : il s’est ensuivi une réduction du cursus en école nationale vétérinaire (ENV) à quatre ans. Deux ans plus tard, sous la pression de l’Europe, on revenait à cinq ans sans modifier la durée de la préparation. Résultat : un an de prépa en plus… Plus récemment, la tutelle vient d’engager une réforme « urgente » du référentiel de diplôme. Mais où est le bilan du référentiel actuel ? La prochaine réforme concerne la formation dans les ENV grâce à des méthodes de simulation, c’est-à-dire sans animaux. Or, à l’entrée à l’école, nos étudiants connaissent mal les animaux et, aujourd’hui, on voit se profiler l’apprentissage sur mannequin plutôt que sur l’animal, pour des raisons (officiellement) éthiques. De fait, on va retarder le moment où le futur vétérinaire manipulera l’animal, rendant ainsi plus difficile l’acquisition de ces fameuses compétences que l’on exige dès la sortie de l’école, les Day-One Skills dont on nous rebat les oreilles ! Je suis inquiet...

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