Les praticiens français en force au congrès Icare

La 3^e conférence internationale Icare¹, organisée conjointement par l’AEMV, l’EAAV, l’ARAV et l’ECZM², s’est déroulée du 25 au 29 mars à Venise (Italie). Ces cinq journées ont rassemblé plusieurs centaines de congressistes autour des reptiles, des oiseaux, des petits mammifères et des animaux de zoo. Parmi les sujets abordés, notre confrère Minh Huynh, praticien au centre hospitalier vétérinaire Frégis d’Arcueil (Val-de-Marne) et diplômé ECZM-Avian, a présenté une étude rétrospective de 17 cas d’atteinte des voies biliaires chez le furet ayant nécessité une prise en charge chirurgicale sous la forme d’une cholécystectomie, d’une cholécystoduodénostomie ou la mise en place d’un stent des voies biliaires. Le pronostic postopératoire est très bon. Les signes cliniques sont peu spécifiques et incluent une léthargie, une anorexie ou dysorexie et des troubles digestifs (vomissements, diarrhée). L’ictère franc, caractéristique des atteintes post-hépatiques, est rarement mis en évidence chez le furet. Un dosage de la bilirubine totale est cependant recommandé, celle-ci étant augmentée dans 64 % des cas.

Abcès faciaux chez le lapin, de nouvelles origines

Plusieurs conférences traitaient des abcès faciaux du lapin, majoritairement d’origine dentaire. Leslie Guillon, praticienne à Paris, a décrit la survenue d’abcès des glandes parotides, survenus chez trois lapins, à la suite de la migration d’un élément végétal depuis la gencive au canal salivaire. La prise en charge médico-chirurgicale a permis la guérison complète. Les abcès dentaires rétrobulbaires sont le plus souvent associés à une atteinte apicale des quatre dernières dents jugales maxillaires. Pourtant, les abcès dentaires mandibulaires doivent désormais être inclus dans le diagnostic différentiel, comme l’a expliqué Christophe Bulliot, praticien à Nandy (Seine-et-Marne) et diplômé ECZM-Small mammals. Il a présenté deux cas pour lesquels une fistule s’était formée depuis un abcès mandibulaire d’origine dentaire jusqu’à la fosse orbitaire et avait entraîné une exophtalmie.

Importance de l’examen tomodensitométrique chez les NAC

Ces deux conférences illustraient également l’intérêt du recours au scanner, cet examen étant fortement recommandé pour la réalisation du bilan dentaire et la détermination précise de l’origine des abcès faciaux. Graham Zoller, résident ECZM à Arcueil, et Minh Huynh ont eux aussi insisté sur l’intérêt de la tomodensitométrie chez les oiseaux. En effet, même avec des radiographies d’excellente qualité, plus de la moitié des lésions visualisées par tomodensitométrie ne sont pas dépistées. En présence d’une forte suspicion d’affection des voies respiratoires, le scanner est donc parfaitement indiqué. En cas d’urgence, lorsque l’animal est instable, une radiographie du corps entier, sur un oiseau placé dans une boîte de taille adaptée, permet une inspection globale. L’examen radiographique permet notamment de dépister rapidement la présence d’un épanchement abdominal, d’une aérosacculite ou de toute autre anomalie justifiant une prise en charge immédiate.

Dilatation gastrique chez le cobaye, urgence absolue !

La dilatation gastrique semble concerner préférentiellement les cobayes âgés de 3 à 5 ans. Aucun facteur prédisposant n’a pu être identifié par notre confrère Charly Pignon, du centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort (Chuva) et diplômé ECZM-Small mammals. Les signes cliniques sont non spécifiques : anorexie et léthargie sont le plus souvent rapportées. La distension de l’abdomen est présente à l’examen clinique, mais rarement dépistée par les propriétaires. La radiographie permet de confirmer le diagnostic : la silhouette gastrique est très volumineuse et son contenu est liquidien à aérique. Lors de torsion gastrique, l’aspect radiographique est différent de ce qui est connu chez le chien. Il semble que l’estomac du cobaye tourne sur lui-même autour du cardia : la scissure visible chez le chien (“bonnet de schtroumpf”) n’est pas présente chez le cobaye. Le pronostic est réservé : seuls 33 % des animaux opérés survivent et seulement 25 % lors d'une prise en charge médicale. Les recommandations thérapeutiques sont une analgésie puissante et précoce (opioïdes de type morphine ou fentanyl), une fluidothérapie intraveineuse, une oxygénothérapie, la décompression de l’estomac (de préférence par sondage gastrique) avant le recours à la chirurgie.
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¹ International Conference on Avian Herpetological and Exotic Mammal Medicine.

² Association of Exotic Mammal Veterinarians (AEMV), European Committee of the Association of Avian Veterinarians (EAAV), Association of Reptilian and Amphibian Veterinarians (ARAV), European College of Zoological Medicine (ECZM).