Les victimes de blessures au couteau préfèrent les soins du vétérinaire

Quelle est la raison qui amène des personnes agressées au couteau à consulter un spécialiste des animaux pour recoudre leur plaie, plutôt que de se rendre aux urgences ? Pour réaliser cet acte chirurgical, le praticien serait rémunéré jusqu’à 200
. Selon les sources de BBC News, ce serait la crainte que le personnel soignant de l’hôpital ne prévienne les forces de l’ordre. État de choses inconcevable pour ces victimes qui appartiennent souvent à des gangs et qui seraient vite considérées comme des informateurs si elles parlaient à la police. Elles préfèrent donc protéger leur agresseur par peur d’éventuelles représailles dans le cas où il arriverait malheur à celui-ci. L’ancien membre de gang Marcellus Baz – dont la carrière de boxeur professionnel s’est arrêtée à l’âge de 23 ans après qu’il a été poignardé par un homme d’une bande rivale, et qui a remporté, en 2016, le Prix du héros méconnu pour son club de boxe lors de la cérémonie des personnalités sportives de l’année organisée par la société de production BBC – dirige également un programme anti-agression à l’arme blanche. À propos de ces victimes, il a déclaré : « Elles doivent se faire soigner, mais elles savent que si elles se rendent à l’hôpital, la police sera forcément impliquée. »Il a ainsi assuré connaître un vétérinaire qualifié qui suturait des plaies de personnes qui avaient été poignardées. Ses propos ont été confirmés par des travailleurs de première ligne qui œuvrent contre la violence des gangs à Nottingham. La pratique qui consiste à faire appel à des professionnels de santé vétérinaire pour obtenir de l’aide en cas d’agression ne serait donc pas rare, et ce depuis plusieurs années, selon les témoignages.

Le cinéma et les séries télévisées¹ ont régulièrement mis en scène cette situation dans laquelle les personnages se rendent chez le vétérinaire pour faire recoudre leur plaie dans la plus grande discrétion. Les gangs se sont-ils inspirés de la fiction pour se faire soigner sans attirer l’attention des autorités ou est-ce la réalité qui a donné des idées aux réalisateurs ?

Un flou juridique

L’ordre des vétérinaires britannique, le Royal College of Veterinary Surgeons (RCVS), a déclaré qu’aucun problème concernant des vétérinaires ayant pris en charge des patients humains n’avait été signalé. Cependant, il exhorte vivement toute personne qui souhaite faire part d’une inquiétude au sujet de ces actes à se manifester de façon confidentielle, grâce à un lien disponible sur son site².

Force est de constater que la réglementation britannique relative à ce type de pratique est quelque peu complexe et ambiguë. Si le RCVS insiste, en effet, sur le fait que les vétérinaires ne sont pas légalement autorisés à prescrire des médicaments à des patients humains, en revanche, aucune ligne directrice spécifique sur le traitement des blessures n’existe. De manière générale, une suture requiert l’administration d’une forme quelconque d’anesthésique, et, par conséquent, ne peut être légale puisqu’elle implique l’utilisation de produits pharmaceutiques. Cependant, rien n’interdit de réaliser une suture à l’ancienne chez un patient motivé et peu douillet, sans anesthésique ni analgésique, et sans antibiothérapie. Ce flou juridique constitue une brèche dans laquelle certains confrères, abstraction faite de la moralité d’un tel acte, peuvent s’engouffrer, avec tous les risques que cela comporte.
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¹ bit.ly/2oBYNmI, .

² bit.ly/2nDcNZf.