Un cas de phlegmon facial chez un lapin

Un lapin bélier mâle entier de 3 ans est présenté en consultation pour plaie purulente au niveau de la face, sans atteinte de l’appétit ou de l’état général. Il vit en extérieur avec des poules et est nourri avec des restes de légumes, un peu de foin et des extrudés.Il n’est ni vacciné ni traité contre les parasites. À l’examen clinique, un squamosis interscapulaire sévère, un phlegmon sur la face ainsi qu’une chassie de l’œil gauche sont observés. Il est normotherme. Concernant le squamosis interscapulaire, un Scotch-test^® est effectué : des cheyletielles (C. parasitovorax) sont observées à l’examen microscopique.

Traitement et suivi

Un spot-on à base de sélamectine à 15 mg/kg est déposé entre les omoplates, à renouveler 15 jours plus tard. Le phlegmon est, quant à lui, débridé. Une pommade à base de miel (Picribaume^®) est utilisée pour remplir la cavité, puis un pansement hydrocolloïde (Algoplaque^®) y est agrafé. Des injections d’antibiotiques tous les 7 jours (pénicilline G 90 000 UI/kg, par voie intramusculaire stricte) ainsi qu’un traitement anti-inflammatoire (méloxicam 1 mg/kg per os, une fois par jour pendant 5 jours) sont mis en place. Sept jours plus tard, la plaie est propre, mais encore profonde et le pansement hydrocolloïde est renouvelé. À J+14, une très bonne évolution est notée, malgré une procidence de la troisième paupière et un œil gauche sec. Des désinfections quotidiennes jusqu’à cicatrisation complète et des larmes artificielles sont prescrites durant 15 jours. Un mois après la présentation initiale du lapin, la plaie apparaît cicatrisée et l’état général de l’animal est satisfaisant.

Discussion

Les intérêts de l’utilisation des pansements hydrocolloïdes dans la gestion de ce cas sont multiples. Ils permettent d’assurer un milieu chaud, humide et de pH favorable à la cicatrisation, respectant l’écosystème bactérien. Modérément absorbants, ils sont également semi-perméables : perméables aux échanges gazeux et imperméables à l’eau et aux bactéries. L’épithélialisation est deux fois plus rapide en milieu humide qu’à l’air libre. Au contact de la plaie, une gélification de l’exsudat a lieu et participe à la détersion. La préservation de la température corporelle améliore l’irrigation sanguine et la migration cellulaire. Le dessèchement est nocif pour la cellule vivante ; à l’inverse, un milieu trop humide favorise la macération des berges de la plaie et augmente le risque infectieux. Un bon équilibre est donc maintenu grâce aux hydrocolloïdes. Ces derniers peuvent être utilisés sur des plaies chroniques ou aiguës, mais sont contre-indiqués lors de brûlures au troisième degré, de mycose ou de plaie surinfectée non débridée. Il est à noter qu’une odeur nauséabonde peut apparaître, surtout en phase de détersion. Le pansement doit être changé tous les 5 à 7 jours. Les différentes présentations (pâte, plaques minces ou épaisses, etc.) permettent une adaptation parfaite à la morphologie des plaies.
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