Jacques Mézard, une sensibilité rurale - La Semaine Vétérinaire n° 1721 du 28/05/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1721 du 28/05/2017

PARCOURS

ACTU

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : CLARISSE BURGER ET TANIT HALFON  

Le nouveau ministre en charge de l’agriculture, Jacques Mézard, a entre les mains les dossiers sensibles du monde agricole et de la sécurité alimentaire. Présentation de cet « homme des territoires » .

Jacques Mézard, sénateur du Cantal, est l’un des 18 ministres du gouvernement d’Édouard Philippe (encadré en haut de la page 11). Il hérite d’un portefeuille très sensible, celui de l’agriculture, où a œuvré Stéphane Le Foll, son prédécesseur. D’importants chantiers l’attendent en effet, tant français qu’européens, à commencer par l’avenir agricole du pays, avec des agriculteurs et des éleveurs français subissant plusieurs fléaux, tels que la chute des prix, la fin des quotas, les aléas climatiques, les crises sanitaires et l’influenza aviaire. Il devra ensuite affronter les négociations relatives à la politique agricole commune (PAC) pour les années à venir.

Au ministère de l’Agriculture, on le dépeint comme « un homme des territoires, au service des paysans ». Lors de la passation de pouvoirs1, il s’est présenté comme « un homme de terrain, pas de médias, et un homme de caractère et de concertation ». Apparemment peu connu du grand public, une partie de la profession le découvre, si l’on en croit notre dernier sondage en ligne : 60 % des vétérinaires sondés attendent de voir ses actions, alors que 22,3 % déclarent, concernant son arrivée au ministère, que « c’est une excellente nouvelle » ou que « c’est plutôt positif ».

Un expert de la ruralité ?

Les questions relatives à la ruralité et à la territorialité, Jacques Mézard les connaît bien, comme en témoignent son travail au Sénat, notamment sur l’élevage, et son appel, en novembre 2016, à un débat sur la sauvegarde et la valorisation de cette filière2. S’il revendique, entre autres, son attachement à une « politique de simplification et d’allégement des normes applicables à l’agriculture », il entend également protéger les petites structures, « essentielles pour le dynamisme des territoires ruraux » (encadré en bas de la page 11). De plus, il dénonce le « matraquage des vegans et autres groupes de pression qui font de la désinformation leur mode d’expression privilégié », au détriment de la filière viande.

La passation de pouvoirs a été l’occasion de poser sa marque de fabrique : d’une part, son estime pour le monde « paysan », qu’il définit comme « l’élément essentiel, primordial, de la vie de la nation et de la vie de nos territoires », d’autre part, son « devoir de protéger les agriculteurs, de les aider à se moderniser et à réussir les transitions sur lesquelles Stéphane Le Foll a beaucoup travaillé, parce que c’est indispensable pour réussir ».

Des chantiers compris

L’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), qui a eu lieu le 18 mai, lui a permis de dévoiler sa feuille de missions3 : « Je l’ai dit, je crois connaître le monde agricole. J’ai passé une partie de ma vie professionnelle sur le terrain. Depuis 2008 au Sénat, je suis souvent intervenu sur les problèmes agricoles. La fédération bovine, en particulier, le sait », rappelle-t-il aux professionnels présents. Selon lui, l’ensemble du gouvernement est conscient des enjeux du monde de l’agriculture. « Je porte une attention toute particulière aux difficultés auxquelles sont confrontés les agriculteurs. Le président de la République a un œil sur le monde agricole et a fixé un certain nombre d’objectifs : le droit à l’erreur, le lancement rapide des états généraux de l’alimentation, la nécessité d’essayer de faire évoluer la législation européenne sur les questions de concurrence, entre autres. Les chambres d’agriculteurs seront des interlocuteurs privilégiés. C’est ce que j’essaierai de mettre en œuvre », a-t-il déclaré à la sortie de cette assemblée. Lors de sa rencontre avec Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA)4, il a précisé « qu’un texte de loi pour la simplification des normes serait présenté en juin en conseil des ministres. Il portera, entre autres, sur les normes environnementales et les procédures et délais administratifs ».

Une connaissance du rôle de la profession

Présent également à l’ouverture de la 85e session générale de l’Assemblée mondiale des délégués de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) à Paris5, le nouveau ministre a tenu à rappeler les grands défis mondiaux de la sécurité alimentaire et le rôle de la profession. « Il faut aussi souligner l’importance des vétérinaires, le rôle central des organismes statutaires et des écoles de formation vétérinaire, le rôle important que le vétérinaire joue dans les secteurs privé et public en préservant la santé animale et publique. Ces objectifs ne peuvent être remplis que grâce à une législation adaptée incluant des ressources financières et humaines adaptées. »

« Les partenariats privés et publics représentent une solution opportune », a-t-il explicité. Jacques Mézard s’attache aux normes de l’OIE, qui constituent des outils essen tiels pour la gouvernance sanitaire. Il a affronté la fièvre catarrhale ovine (FCO), qu’« [il connaît] bien, étant ancien parlementaire d’un département rural confronté à ces maladies ». Cette gouvernance est nécessaire pour que « le commerce international puisse s’effectuer en toute sécurité en préservant les hommes, les animaux et l’environnement ».

Le nouveau ministre n’a pas manqué de soutenir l’OIE pour ses actions menées en faveur de la santé animale et ses mesures prises en faveur de la lutte contre l’antibiorésistance. Sans oublier de souligner la qualité du travail de la profession vétérinaire. Un travail d’ailleurs récompensé par l’OIE et la World Veterinary Association (WVA), qui ont désigné le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires lauréat du prix 2017 de la Journée vétérinaire mondiale (lire page 30).

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LE NOUVEAU MINISTRE EN QUELQUES LIGNES

Jacques Mézard1, président de la communauté d’agglomération du bassin d’Aurillac (Cantal), sénateur du Cantal depuis 2008, représentant le Rassemblement démocratique et social européen2 (RDSE à majorité RDG), est nommé ministre de l’Agriculture du gouvernement d’Édouard Philippe. Ayant soutenu Emmanuel Macron et son mouvement En Marche ! durant la campagne présidentielle, cet avocat honoraire de 69 ans est aussi membre de la commission des lois et du comité de déontologie parlementaire du Sénat. Il a également travaillé sur les nouvelles technologies au service de la modernisation des territoires.

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2 bit.ly/2rTa28E.

QUEL AVENIR POUR LES TERRITOIRES RURAUX ?

L’attachement du nouveau ministre de l’Agriculture, Jacques Mézard, aux circuits courts avait déjà été illustré au Sénat, en mars 20161, alors qu’il avait encouragé la coexistence de deux modèles d’agriculture,« qui doivent se compléter » : celui des grandes exploitations très compétitives et celui des petites « à vocation nourricière, animant des circuits courts et poursuivant son rôle d’aménagement du territoire ».
Il voit, dans la baisse du nombre d’exploitations agricoles, outre le « drame social » qui se joue, une mise en péril du « fragile équilibre des territoires ruraux », qui se sentent, comme il le rappelle lors d’une séance de février 20172, aussi globalement abandonnés par les pouvoirs publics. Ils doivent faire face à des difficultés croissantes d’accessibilité, « que ce soit pour les routes, le réseau ferré, la santé ou encore le numérique », engendrant une défiance de la population vis-à-vis de l’État. Cet intérêt pour les questions locales, notamment pour les zones rurales, s’inscrit dans la fonction de président de la communauté d’agglomération du bassin d’Aurillac (Cantal), qu’il assumait depuis 2001, dans celle de conseiller municipal d’Aurillac et dans celle de vice-président de la délégation aux collectivités au sein du Sénat.

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