ENTRETIEN
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR VALENTINE CHAMARD
L’espace communautaire de partage autour de la douleur a su s’implanter comme partenaire de la profession. Ce qui laisse entrevoir la réalisation d’autres projets ambitieux, comme la création de centres dédiés à la prise en charge des animaux douloureux, à l’image de ce qui existe en humaine.
CAP douleur, c’est à son commencement un plan de formation de plus de 150 conférences, lancé il y a 8 ans par Thierry Poitte, praticien à l’île de Ré. Depuis un an, c’est aussi un réseau soutenu par Merial, auquel ont adhéré 126 établissements de soins pour un total de 438 vétérinaires. Demain, le concept sera nourri par la mise en place de nouveaux partenariats avec des entreprises innovantes (biothérapies, services digitaux, etc.), pour faire valoir l’expertise de la profession dans ce domaine. Le point avec son fondateur.
Dans une profession réputée individualiste, le réseau CAP douleur a su trouver sa place et les objectifs d’adhésion espérés sont atteints. Des praticiens experts
l'ont rejoint pour apporter des regards croisés sur les pathologies douloureuses. Ainsi, tout généraliste adhérent dispose de compétences pour travailler en réseau, proposer une consultation douleur et répondre ainsi à une demande sociétale prégnante. C’est un domaine que les vétérinaires se doivent d’investir, sous peine de se faire concurrencer par d’autres professions, à l’image des centres de bien-être animal qui commencent à éclore en France.
La formation préalable à l’inscription au réseau permet de mettre en place une analgésie raisonnée et protectrice, au sein d’une alliance thérapeutique qui décuple l’observance du propriétaire. Grâce aux outils numériques disponibles sur la plateforme internet (applications d’évaluation de la douleur Dolodog et Dolocat), associés aux colliers d’activité connectés, il est possible de proposer des plans de prévention lors de maladies douloureuses chroniques. Ceux-ci abordent de façon détaillée tous les aspects de la prise en charge. Les propriétaires qui sont dans une démarche d’alliance thérapeutique acceptent volontiers ce suivi. Par exemple, dans le cadre des plans de prévention arthrose (encadré), ils viennent consulter toutes les quatre à six semaines1. C’est une vraie révolution dans la pratique ! Le réseau propose aussi une offre de formation connectée, qui permet de se tenir à jour des actualités, en complément des conférences présentielles, qui restent indispensables.
La douleur s’applique particulièrement bien au concept One Health. D’un côté, la médecine vétérinaire se nourrit de l’expérience des pratiques des centres de prise en charge de la douleur et des nouvelles connaissances. De l’autre, les médecins sont interpellés par notre statut d’“omnipraticiens”, notre savoir-faire en hétéroévaluation de la douleur et notre proximité avec le chien, qui est à la fois un modèle et un patient. Concrètement, des partenariats sont noués entre CAP douleur, l’Institut Analgesia (premier pôle européen dédié à la recherche translationnelle et à l’innovation contre la douleur) et la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD). La douleur est également à la croisée de toutes les disciplines médicales, d’où l’importance de travailler avec des spécialistes. Ainsi, des articles ont été ou seront prochainement publiés sur la douleur des spondylodiscites, de la thrombo-embolie, du glaucome, des affections neurologiques, etc. En dehors de spécialistes, toute expérience de terrain des membres du réseau permet en outre une mise en commun des connaissances.
La e-santé ne se réduit pas aux trackers d’activité, mais s’envisage plutôt sous l’angle d’une large connectivité. Entre vétérinaires d’abord. La mise à disposition de plateformes shareable permet le partage de connaissances. Le blended learning, qui associe formations présentielles et distancielles accréditantes dans un cadre digital (entretien des cours de base par de courtes communications en ligne), est une (r)évolution de la formation continue. La connectivité entre le vétérinaire et le propriétaire ensuite. Elle s’exprime par les plans de prévention qui permettent de garder le lien. Par exemple, les colliers connectés permettent au propriétaire de signaler une aggravation de la douleur, ou au contraire une amélioration, notamment lors de l’utilisation des prometteuses biothérapies. L’éducation thérapeutique du client passe aussi par des supports en ligne, qui font partie intégrante des plans de prévention.
L’application Dolodog permet l’évaluation qualitative et quantitative de la douleur. Conçue à partir de la grille – validée – d’Helsinki, elle inclut en plus les composantes neuropathiques et centrales de la douleur. Depuis un an, les données de ces évaluations sont recueillies, permettant d’approfondir les connaissances autour de la maladie arthrosique (composantes, phénotypes). À terme, cela donnera des arguments pour convaincre les laboratoires pharmaceutiques d’élaborer des molécules à visée neuropathique. La collecte des données via les colliers connectés est un autre axe riche d’enseignements.
Ils sont nombreux ! Nous allons continuer de développer les offres déjà proposées (fonctionnalités shareable, solutions connectées de suivi des affections chroniques douloureuses, formations, regards croisés avec les collaborateurs spécialistes, etc.). En concertation avec l’Ordre, nous envisageons de formaliser un nouveau module d’activité des établissements de soins vétérinaires : le centre vétérinaire d’évaluation et du traitement de la douleur (CVETD), dédié à la prise en charge plurimodale et pluridisciplinaire de la douleur chronique, à l’image de ce qui existe en humaine. L’objectif est de développer une vingtaine de centres, au sein de structures existantes, en contact avec ceux d’humaine. Un cahier des charges exigeant permettra de répondre au référentiel d’activités professionnelles et de compétences vétérinaires : expertise, recherche, formation, médecine comparée, développement numérique et réseaux.
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1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1710 du 10/3/2017, pages 18 et 19.
DES PLANS DE PRÉVENTION DÉDIÉS À L’ARTHROSE
VIDÉO
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e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
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