CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : LORENZA RICHARD
Les poissons sont intégrés aux espèces d’animaux concernées par la réglementation en matière de bien-être animal. Les vétérinaires aquacoles devront ainsi signaler les problèmes relevés à ce niveau, mais cela pose des difficultés, car le bien-être est une notion complexe à appréhender en aquaculture.
La diversité des espèces est la première difficulté pour évaluer le bien-être. En effet, plus d’une douzaine d’espèces de poissons sont élevées en France (plus de 100 dans le monde), dont les physiologies, les milieux de vie et les conditions d’élevage diffèrent (eau douce ou salée, élevage intensif ou extensif, bassins, cages flottantes, etc.). De plus, les poissons étant poïkilothermes, il n’est pas aisé de déterminer des normes biologiques, les valeurs variant beaucoup (biochimie sanguine, numération et formule sanguines, etc.).
En 2004, des premiers travaux avaient conclu à l’absence de douleur chez le poisson. Toutefois, leur immunité est proche de la nôtre et leur système nerveux est central et périphérique. Celui-ci ne dispose pas de néocortex, d’hippocampe ou d’amygdale, mais des zones anatomiques assurant des fonctions équivalentes sont retrouvées : une protubérance annulaire, une région médullaire, un bulbe rachidien et un thalamus. Ils seraient ainsi sensibles, au même titre que des mammifères ou des oiseaux, mais la reconnaissance de cette sensibilité est tardive et encore incomplète. Des publications plus récentes montrent qu’ils ont une faculté de perception développée, un système algique et adrénergique, des réponses émotionnelles aux stimuli (notamment de la fièvre en cas de stress chez Danio rerio). Des expériences démontrent également qu’ils disposent d’une mémoire complexe, à court et à long terme, d’un apprentissage social (reconnaissance des individus) et peuvent utiliser des outils (la vieille, poisson du genre Labrus, casse des coquillages à l’aide de cailloux). Depuis 20121, leur aptitude à la douleur est mise en évidence (nocicepteurs, réaction positive aux antalgiques, comportements d’évitement, etc.). Par exemple, si des électrochocs sont envoyés dans une partie de l’aquarium, les poissons rouges n’y vont plus et dissuadent les nouveaux individus introduits dans l’aquarium d’y aller : une communication est ainsi également établie.
Les aspects juridiques sur le bien-être animal sont les mêmes en aquaculture que dans d’autres productions animales, et le vétérinaire aquacole devra signaler les problèmes relevés à ce niveau. Or c’est la médecine de groupe qui est pratiquée, et dans un cheptel de plusieurs milliers d’individus, il est fréquent d’observer quelques individus en mauvais état. Le chapitre 7 du Code aquatique de l’Organisation mondiale de la santé animale2 concerne le bien-être des poissons d’élevage, notamment en matière de transport et d’abattage (normes réglementaires). Des guides pragmatiques, welfare standards 3, édités par le secteur de production et les organisations non gouvernementales, existent pour les espèces dites majeures, telle la truite arc-en-ciel.
Le bien-être des poissons pourrait devenir une porte d’entrée pour valoriser l’acte intellectuel du vétérinaire (analyse d’une situation et apport de solutions pratiques concernant les manipulations, l’environnement, etc.). Le praticien ne doit en effet pas être contacté uniquement pour les traitements, mais également en tant que conseiller privilégié au niveau sanitaire, zootechnique et préventif. Le conseil peut ainsi porter sur la désinfection, le respect des modalités d’introduction, la nutrition et bien d’autres aspects zootechniques (pour assurer le confort à la fois physiologique et psychique des poissons). Cela implique une étroite collaboration avec le pisciculteur. Il s’agit d’une activité de services à développer, par l’intégration d’une composante bien-être au bilan sanitaire d’élevage.
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1 bit.ly/2siqb8p (22/07/2013).
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