Une étude épidémiologique sur la dystocie en Grande-Bretagne

Partant du constat que les facteurs épidémiologiques relatifs à la dystocie canine s’avèrent variables selon les études, les chercheurs de VetCompass se sont attelés à les identifier. Fort de son réseau constitué d’environ 10 % des cliniques britanniques, le programme a pu recruter des animaux issus de 50 cliniques d’urgences. 18 758 chiennes entières ont ainsi été incluses dans cette étude, à condition d’avoir au moins un enregistrement présent dans le fichier clients entre septembre 2012 et mars 2014. La dystocie a été définie comme une mise bas pour laquelle la chienne vue en consultation présentait encore au moins un chiot à naître.

Prévalence

701 cas de dystocie sont déterminés sur les 18 758, correspondant à une prévalence globale de 3,7 %. Sur les 136 bouledogues français identifiés dans la population canine de l’étude, 28 s’avèrent dystociques, soit une prévalence de 20,6 % pour cette race. Suivent le boston-terrier (18,8 %), le carlin (14,5 %) et le chihuahua (14,2 %). La prévalence globale de dystocie parmi les races croisées est estimée à 1,3 % (40 dystocies sur 3 001 chiens croisés identifiés). À l’échelle du groupe “dystocie”, la prévalence monte à 25,8 % pour les chiens miniatures (172 sur 668 individus classés par groupes reconnus par le Kennel Club ¹). Les races les plus représentées dans le groupe “dystocie” sont le chihuahua (75 sur 701 cas de dystocie, soit 10,7 %), le staffordshire bull-terrier (8,4 %), le carlin (6,1 %), le jack russel terrier (6,1 %) et les races croisées (5,7 %). Le poids médian est de 10 kg, sachant que cette information n’est disponible que pour 237 chiennes sur les 701. L’âge médian est de 3 ans (n = 659).

Facteurs de risque

L’étude des facteurs de risque révèle que les chiens de race sont 3,4 fois plus susceptibles de présenter cette complication, en comparaison avec les races croisées. Les races les plus exposées sont le bouledogue français, le boston-terrier, le carlin et le chihuahua. Le risque augmente aussi avec les poids situés dans les extrêmes. Les animaux pesant moins de 10 kg ont 1,6 fois plus de risque d’être confrontés à une dystocie par rapport à ceux faisant entre 20 et 29,9 kg. La même comparaison montre un risque multiplié par 3,5 pour les animaux dont le poids est situé entre 40 et 49,9 kg. Enfin, les femelles entre 3 et 5,9 ans ont 3,1 fois plus de risque de dystocie par rapport à celles de moins de 3 ans.

Lutter contre les hypertypes

Les chiens de race, et particulièrement les brachycéphales les plus typés, sont davantage exposés à la dystocie à la mise bas, confortant de précédentes études. Programmer une césarienne étant fréquent chez ces races, ce risque a pu être sous-estimé. Face à des vétérinaires que certains pointent du doigt, les accusant d’être réticents à lutter contre les hypertypes (une manne financière), les auteurs appellent la profession, tout comme les clubs de race, à s’investir plus fortement dans cette problématique. Une stérilisation devrait, par exemple, être encouragée lors de toute césarienne pratiquée à la suite d’un cas de dystocie. L’étude confirme un risque majoré chez les plus petits chiens et révèle, en outre, la même tendance chez les plus grands chiens (40 à 49,9 kg). Elle identifie également la fourchette d’âge allant de 3 à 5,9 ans comme plus exposée, ce qui n’avait pas été rapporté lors de précédentes études.
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¹ Association cynologique (Royaume-Uni). Les groupes reconnus sont les chiens de chasse, de meute, de berger, les terriers, les chiens miniatures, de travail et ceux d’utilité.