La microflore intestinale des chevaux est-elle un réservoir de gènes d’antibiorésistance ?

En France, le bilan du Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) montre, chez les équidés, une augmentation du nombre de résistances au ceftiofur depuis 2009. Un manque d’information globale au niveau mondial sur la population équine peut cependant être déploré.

Quatre étudiants vétérinaires ont écouvillonné 1 061 chevaux dans 41 écuries.

L’étude d’Escherichia coli a été choisie car il s’agit d’une bactérie ubiquitaire et commensale, qui subit donc les pressions antibiotiques, même si elle n’est pas ciblée. L’objectif était d’obtenir une image globale de la résistance. Un des principaux mécanismes de résistance aux antibiotiques développés par E. coli est la production de ß-lactamases. Les ß-lactamines incluent les pénicillines, les céphalosporines, les monobactames et les carbapénèmes.

Les ß-lactamases sont classifiées selon leurs structures et leurs propriétés : ß-lactamases à spectre étendu (BLSE), AmpC-ß-lactamases, carbapénémases. Les ß-lactamases sont de deux sortes en équine. L’équipe s’est intéressée aux BLSE et aux AmpC-ß-lactamases. Elle a ainsi étudié la proportion de résistance et de multirésistance (MDR) par cheval et par écurie.

Les chercheurs ont réalisé une deuxième collection BLSE/AmpC et ont caractérisé les isolats porteurs de BLSE/AmpC, car ils sont susceptibles de porter de la multirésistance, et que ce sont les antibiotiques qui sont souvent utilisés en médecine.

Afin d’identifier les souches résistantes de E. coli isolées, une polymerase chain reaction (PCR) spécifique d’espèce a été réalisée pour détecter la présence du gène codant pour la ß-glucoronidase.

Des antibiogrammes ont aussi été effectués, de même qu’une analyse phylogénétique.

Résultats

La collection générique montre que presque 80 % des écuries abritent des chevaux excrétant des isolats MDR. Presque un cheval sur deux excrète des bactéries résistantes, et un cheval sur dix des bactéries multirésistantes, alors qu’il s’agit d’une population saine de chevaux. Les antibiotiques les plus touchés sont l’ampicilline et la streptomycine, puis la tétracycline, l’association amoxicilline/acide clavulanique, le sulfisoxasole, le triméthoprime-sulfadiazine et l’acide nalidixique.

Selon les résultats de la deuxième collecte, un peu plus d’une écurie sur trois abrite des chevaux porteurs de BLSE. Sans surprise, ce sont des résistances aux céphalosporines de 3^e génération. Relativement peu de résistance à la céfoxitine est cependant observée. Le gène principal de résistance trouvé est le blaCTX-M-1.

L’équipe a ensuite cherché à déterminer le mécanisme de dissémination de ces gènes. La plupart des bactéries ont moins de 70 % de similarité. Il s’agit donc principalement d’une transmission des gènes par plasmides.

Les chercheurs ont observé les facteurs de risque au sein des écuries. Les chevaux qui sont dans des écuries où certains individus ont été traités dans les 3 mois précédant le prélèvement (tous types de traitements confondus) et celles où les chevaux sont transportés plusieurs fois par mois sont plus à risque de porter des BLSE/AmpC.

Il convient donc de retenir que la microflore intestinale des chevaux représente un réservoir de gènes.
•