La technologie 3D : une nouvelle aide à la chirurgie en clientèle - La Semaine Vétérinaire n° 1725 du 24/06/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1725 du 24/06/2017

INNOVATION

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON 

L’impression en trois dimensions permet de reproduire avec précision un grand nombre d’objets, à partir d’une image virtuelle. Aux États-Unis, plusieurs universités vétérinaires y ont déjà recours, notamment dans une optique d’enseignement. Notre confrère Fabrice Bourgeois a pris le pari d’en faire usage en pratique courante.

Fabriquer un organe fonctionnel et biocompatible à partir de cellules ne sera peut-être plus du domaine de la fiction, grâce aux avancées technologiques, et notamment de la technologie 3D. Ce processus permet, couche par couche, de fabriquer à peu près n’importe quel objet à partir d’une image virtuelle. Ses champs d’application s’étendent, la principale limite semblant être la seule créativité humaine. Aujourd’hui, son intérêt croît dans le domaine médical, dont la médecine vétérinaire. Plusieurs universités américaines, comme celle de l’Ohio1, incorporent déjà cette technologie à leur programme de formation. S’entraîner sur des répliques d’os sensiblement identiques aux originaux améliore la technique chirurgicale des étudiants. Fabrice Bourgeois, vétérinaire canin installé à Perpignan (Pyrénées-Orientales) et exerçant exclusivement en chirurgie, s’est emparé de cet outil et nous en explique la pertinence.

Quels sont les apports de la technologie 3D pour la chirurgie ?

Fabrice Bourgeois : Avant, le modelage des implants passait par les mesures radiographiques et par l’usage d’os secs, méthodes peu précises du fait des superpositions inhérentes à la radiographie conventionnelle et de la grande variabilité de taille des espèces animales concernées. Maintenant, avec l’usage de la technologie 3D, la reconstruction est optimisée. En effet, l’implant préalablement modelé à partir de la réplique exacte de l’os permet une réduction sur plaque perfectionnée. Cette technique chirurgicale améliore notablement la qualité de la réduction. Outre la diminution du temps opératoire qui minore les risques de contamination, l’optimisation de la réduction implique, notamment dans les cas de fractures articulaires, d’obtenir de meilleurs résultats cliniques postopératoires. Cela diminue les risques de dégénérescence arthrosique des articulations concernées.

Dans quels cas faites-vous usage de cet outil ?

F. B. : J’y trouve un intérêt particulier dans les cas de fractures du bassin, notamment de la cavité acétabulaire, ainsi que pour les fractures complexes de l’humérus. Je l’utilise aussi pour les fractures vertébrales ou pour les corrections d’angulation (radius curvus, par exemple). Pour l’instant, je n’en fais pas usage pour la chirurgie cranio-faciale, ni celle des tissus mous.

En pratique, comment procédez-vous?

F. B. : Nous créons, à partir de séries d’images de l’animal, obtenues avec un scanner, un modèle virtuel du membre opposé à la fracture que nous traitons en symétrie. Ce fichier est envoyé le jour même à une entreprise spécialisée (Click’n 3D), qui effectue l’impression dans la demi-journée. Le modèle imprimé, en matière plastique rigide, est ensuite livré directement à la clinique. Il nous reste ensuite à modeler les implants à partir de cette copie en 3D. Cela prend environ 10 à 15 minutes, avant la mise en stérilisation des implants.

Quel est votre retour d’expérience ?

F. B. : Nous avons fait l’acquisition du scanner il y a un an, et la technologie 3D est utilisée depuis six mois. Jusqu’à présent, la correction chirurgicale faisait plutôt appel au juger du praticien, à son expérience, ce qui laissait forcément une part d’incertitude. L’usage de ce nouvel outil n’est donc pas un gadget à mon sens, mais plutôt un bon moyen de combler la part d’imprécision propre à certaines chirurgies. Une conférence sera d’ailleurs présentée à ce sujet lors du prochain congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) par le Pr André Autefage, responsable de l’unité de chirurgie-animaux de compagnie à l’École nationale vétérinaire de Toulouse.

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1636 du 26/6/2015, page 20.

QUELLE PRÉCISION POUR L’IMPRESSION 3D ?

Une thèse1 s’est attelée à comparer des pièces anatomiques réelles et imprimées. Pour ce faire, trois os de chiens de différentes formes ont été sélectionnés parmi ceux du musée d’Anatomie de l’École nationale vétérinaire de Toulouse : une scapula, un humérus et un tibia. Un scanner de chacun a permis d’obtenir un modèle numérique en trois dimensions, via les logiciels 3D Slicer, MeshLab et Netfabb. L’imprimante Asiga Freeform Pro® 50 a finalisé le processus. Pour comparer les os, l’auteur a choisi plusieurs mesures spécifiques à chacun (exemple du tibia : distance entre les éminences intercondylaires, largeur de la cochlée tibiale, longueur maximale et largeur de la crête tibiale). Les différences maximales de mesure trouvées ne dépassaient pas 1 mm (0,3, 0,4 et 0,6 mm). L’auteur en a donc conclu que la technique représentait un « moyen fiable, efficace et simple de reproduire des pièces anatomiques ». L’imprécision serait plutôt imputable à un biais de mesure, lié à la technique utilisée (au mètre ruban). Quelques défauts, notamment des trous, ont été observés sur les modèles, mais il semble qu’ils soient plutôt liés à des erreurs dans la construction du modèle numérique, facilement corrigeable par l’usage d’un autre logiciel.

1 Thomas Giansetto. « Intérêts de l’utilisation, à visée pédagogique et médicale, de l’impression en trois dimensions en ostéologie ». Thèse de médecine vétérinaire, ENVT. 2015.
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