Du matériel vétérinaire disponible sur des sites d’éleveurs

L’offre de tests de diagnostic rapide (parvovirose, giardiose, teigne, etc.) et de kits vétérinaires divers (pour l’insémination, par exemple, ou autopiqueurs pour prises de sang), en ligne ou non, est en constante croissance. Sans doute répond-elle à une demande qui l’est tout autant. Sabrina Demoly, formatrice pour le centre de formation du Syndicat national des professions du chien et du chat (SNPCC), notamment en matière de réglementation, en décline les atouts pour les éleveurs-sélectionneurs : ces tests peuvent être utilisés lors de l’entrée d’un animal en quarantaine, « pour permettre de valider certains points prédominants de l’aspect sanitaire de l’élevage » ; pour vérifier les groupes sanguins de chats : « Les éleveurs éradiquent tout ce qui pourrait ne pas être compatible et font ce test pour ne pas avoir à priver le chaton de la prise colostrale » ; ou encore pour s’assurer que le chat sortira sain de son lieu d’isolement : tests FeLV ou FIV. Sabrina Demoly met en avant le bénéfice pour tous de l’utilisation de ces tests rapides, en bonne intelligence avec les vétérinaires sanitaires : « Les éleveurs ne font pas du diagnostic pour du diagnostic ! » Elle souligne également qu’ils « pallient une carence des laboratoires en matière de réactivité de leurs résultats », qu’ils « évitent le coût d’une consultation chez le vétérinaire, ce qui constitue un paramètre économique prégnant », sans compter que la visite « est susceptible de véhiculer des éléments pathogènes dans un sens comme dans l’autre ».

« Le prélèvement sanguin est un acte vétérinaire »

Du côté des praticiens, le son de cloche est quelque peu discordant. « Hormis le groupage sanguin lorsqu’une transfusion en urgence est nécessaire, les tests FeLV/FIV en dépistage systématique sur les chats avant vaccination, ou ceux de dosage d’enzymes pancréatiques, mais toujours avec les échographies en appui, nous utilisons très peu ces tests rapides », affirme Françoise Lemoine, praticienne canine au centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique), consultante en élevage et reproduction, et vice-présidente du Groupe d’étude en reproduction, élevage et sélection (Geres) au sein de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie. Ces tests, selon elle, ont leurs limites. Pour les dosages de progestérone, par exemple, elle s’étonne que l’on puisse utiliser des tests sans témoins, sans donc savoir si leur manipulation a bien fonctionné : « C’est une aberration, d’autant qu’ils supposent un prélèvement sanguin, qui ne peut être réalisé que par un vétérinaire ! »

Quant à Xavier Lévy, praticien au Centre de reproduction des carnivores du Sud-Ouest à L’Isle-Jourdain (Gers) et président du Geres, il s’inquiète de la possibilité d’acheter en ligne des kits de prélèvement de semence, pour la réfrigérer et l’envoyer. « Si les éleveurs qui y recourent – une minorité cependant – ont de mauvais résultats parce qu’ils ne sont pas des spécialistes de ces pratiques, c’est leur affaire. Plus grave est l’envoi de la semence à d’autres éleveurs, ce qui est interdit. Il ne s’accompagne d’aucune attestation officielle de la filiation de l’animal prélevé, et comporte surtout un risque sanitaire en l’absence de contrôles certifiés lors du prélèvement. »

« Nous sommes avant tout cliniciens »

Françoise Lemoine, par ailleurs, trouve un peu fallacieux de considérer ainsi la question des délais de réponse des laboratoires : « Si le matériel de dosage de progestérone est, certes, coûteux et qu’il n’est pas disponible chez tous les vétérinaires, et si les prélèvements sanguins ne peuvent plus être envoyés à des laboratoires de biologie humaine, le territoire est suffisamment maillé à cet égard pour répondre, même en urgence, à toute demande. » Quant à l’argument sanitaire concernant la visite chez le vétérinaire, il la laisse pantoise : « Cela fait 15 ans que je suis équipée d’une machine pour doser la progestérone, je n’ai jamais eu de retour de ce type de la part d’un éleveur. Une salle d’exposition contient bien plus de germes qu’une salle d’attente de vétérinaire ! » C’est cependant la confusion des rôles qui l’exaspère le plus : « Les éleveurs consciencieux comprennent bien que nous ne nous contentons pas de lire des résultats. Un dosage seul ne signifie pas grand-chose. Tout résultat s’interprète. Nous devons toujours le restituer dans son contexte clinique. Nous sommes avant tout cliniciens. » Xavier Lévy, plus globalement, réclame une plus grande régulation de la profession d’éleveur canin : « L’éleveur canin est généralement beaucoup moins professionnel que celui de bovins, dont la formation et les compétences sont bien plus élevées. De nombreux élevages ne devraient pas exister. Seuls ceux qui sont hors normes de manière extrême sont interdits, et cela reste une minorité… »
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