Les Pays de la Loire se préparent à réagir en cas d’influenza aviaire - La Semaine Vétérinaire n° 1727 du 08/07/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1727 du 08/07/2017

INFLUENZA AVIAIRE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU 

Un séminaire a eu lieu à Angers, le 29 juin, pour un échange d’informations autour de l’influenza aviaire.

L’objectif du séminaire organisé par la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) Pays de la Loire, le 29 juin, était de se préparer à l’éventualité d’un cas d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en partageant les enseignements de ceux qui ont déjà subi cette situation. Deuxième région avicole de France, les Pays de la Loire ont signé le pacte de lutte contre l’IAHP le 13 avril dernier, aux côtés de la Nouvelle-Aquitaine et de l’Occitanie. Les productions avicoles dans cette région sont très diversifiées : poules pondeuses, poulets, canards (59 % de la production française de canards à rôtir), cailles, etc. Elles sont mélangées sur le territoire et jouxtent un nombre important de zones humides, qui constituent un risque vis-à-vis de l’influenza aviaire. Une grosse proportion de la production avicole régionale est exportée, 100 % pour certains couvoirs et abattoirs. L’enjeu est donc de taille.

L’épizootie 2015-2016 a ouvert la voie à une amélioration des pratiques de biosécurité, mais la seconde crise est arrivée trop tôt, a indiqué Marie Laborde, du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog). La production de palmipèdes française devrait être inférieure de 40 % en 2017 par rapport à 2015, avec un déficit de 25 % de canetons jusqu’à la fin de l’année. Les pertes pour 2015-2016 sont évaluées à 130 millions d’euros pour l’amont et 140 pour l’aval, et respectivement 170 et 180 pour 2016-2017. Anne Bronner, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), souligne que deux risques sont identifiés pour l’avenir : d’une part la crainte, partagée en Europe, d’une résurgence du H5N8 grâce à une circulation à bas bruit dans l’avifaune sauvage, et d’autre part le risque de voir arriver les virus d’influenza H7N9 et H5N6 qui sévissent en Asie et ont occasionné des cas chez l’homme avec de la mortalité.

Prévoir et s’organiser en amont pour gagner du temps le jour J

Une suspicion a été émise en Vendée, début décembre 2017. À ce moment-là, un seul foyer avait été confirmé dans un élevage du Tarn, un autre dans un lot d’appelants dans le Pas-de-Calais. Les protagonistes ont détaillé, heure par heure, le processus qui a mené, en 30 heures et pendant un week-end, à lever la suspicion. Ils ont ainsi pu identifier quelques difficultés et points essentiels à prendre en compte dans la gestion des cas. Certains ont depuis été améliorés, comme la possibilité de créer des zones de contrôles temporaires le temps de confirmer ou d’infirmer les résultats, ce qui permet de restreindre les mouvements et de ralentir la diffusion de proche en proche. Il est donc nécessaire de pouvoir joindre un maximum d’exploitants et d’intervenants en élevages très rapidement lors de suspicion, ce qui montre l’intérêt d’une liste de personnes clés à informer dès l’alerte, qui peuvent ensuite diffuser l’information.

La gestion des ressources humaines doit être prise en compte à tous les niveaux : les personnes intervenant au sein d’un élevage possiblement atteint, vétérinaires, personnel administratif, etc., ne doivent pas ensuite aller disséminer le virus dans d’autres élevages (ni via leurs voitures !) et sont donc “sacrifiés” pendant quelques jours. Lors de mortalité élevée qui pourrait être liée à de l’influenza, il est préférable que les éleveurs n’apportent pas directement les cadavres à un laboratoire pour autopsie. Le laboratoire Labovet de Challans en a fait la triste expérience : avec une suspicion d’influenza aviaire dans les murs, il faut fermer boutique, tout désinfecter et tenir à l’écart de tout autre élevage pendant quelques jours le personnel et le matériel mis en contact avec les oiseaux suspects. Gérer l’abattage sur place lorsque cela n’est pas prévu au niveau des installations peut aussi constituer une difficulté qu’il est nécessaire d’anticiper.

Dans le Sud-Ouest s’est posé le cas d’un élevage de poulets de chair indemne, mais situé à moins de 1 km d’un foyer. L’abattoir de Chantonnay, le plus proche mais en zone indemne, et les autorités ont disposé de 20 jours, le temps que les poulets soient prêts, pour organiser leur sortie de la zone réglementée et leur abattage en toute sécurité sanitaire, là aussi avec un renforcement du nettoyage et de la désinfection et une gestion avisée du personnel et des véhicules. Un autre exemple de biosécurité était présenté par l’équarrisseur, ce maillon incontournable en élevage qui va d’élevage en élevage et doit donc veiller à réduire les risques de propagation des maladies. Une gestion graduée du risque “influenza” est appliquée, avec un ajout de mesures proportionné à la situation. Lorsque le risque est négligeable, une routine est appliquée, qui veille au maintien de l’étanchéité des bennes, à leur lavage et à leur désinfection quotidienne, ainsi qu’à l’utilisation de sas par les chauffeurs, avec une distinction entre vestiaire propre et sale. Les camions d’équarrissage ne doivent normalement pas entrer dans les élevages, ou du moins pas dans les zones professionnelles, ce qui est un avantage par rapport à d’autres intervenants. Les bacs recueillant les cadavres sont installés dans la zone dite publique (à ne pas confondre avec la voie publique). Lorsque le niveau de risque augmente, et dans les zones réglementées, des mesures sont ajoutées, dont la collecte centripète dans les zones réglementées, la désinfection en sortie des élevages. Dans les foyers, ou pour un dépeuplement, les consignes sont drastiques : le camion est désinfecté à chaque entrée/sortie de l’élevage, le trajet entre celui-ci et le dépôt est direct, connu, et sans arrêts autres que ceux imposés par la réglementation, et le chauffeur ne doit pas sortir du camion dans l’élevage et calfeutrer sa cabine.

Évolution des pratiques et de la réglementation

Le passage de l’influenza en 2015-2016 a débouché sur une évolution de la réglementation et des recommandations concernant en particulier la biosécurité. La deuxième vague a remis en question ces éléments, les principaux vecteurs de diffusion ayant été identifiés (le transport, les personnes et la diffusion de proximité) ; la faune sauvage joue un rôle dans l’apparition du cas index, mais assez peu, semble-t-il, dans la diffusion.

Des modifications vont donc être apportées à l’arrêté du 16 février 2016. Les discussions en cours portent sur la protection vis-à-vis de l’avifaune sauvage et la limitation des risques de diffusion. Concernant ce point, les fiches établies par l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) vont être validées pour cinq ans ; un éleveur qui suivra ces recommandations n’aura pas besoin de prouver que ce qu’il fait est efficace, par contre, il sera obligatoire de démontrer l’efficacité de méthodes qui n’y figurent pas (pour le nettoyage et la désinfection, par exemple). Certaines recommandations seront assorties d’une obligation de résultat. L’éventualité d’un renforcement du dépistage en élevage de palmipèdes fait débat : il est à craindre une surnotification des foyers d’influenza, les infections faiblement pathogènes étant traitées réglementairement et au niveau mondial comme les hautement pathogènes, avec des conséquences non négligeables sur les échanges.

Le pacte prévoit l’amélioration des réactions collectives en cas de crise. Pour l’instant, la traçabilité demeure un facteur limitant : lors d’un foyer ou d’une suspicion, l’Administration voudrait être en mesure de déterminer précisément quels sont les élevages situés dans la zone réglementée et, à un instant T, être en capacité de savoir lesquels sont pleins ou vides, en connaissant leur effectif précis. Or, pour l’instant, seules les déclarations de mise en place sont effectuées, et, en absence de base de données centralisée, les producteurs indépendants risquent d’échapper au recensement. Il sera donc question de créer un outil sécurisé destiné à l’enregistrement des élevages, à la géolocalisation des bâtiments et à la traçabilité des mouvements, de prévoir un système d’alerte afin d’avertir tous les acteurs concernés et de préparer un plan d’urgence professionnel. Le Cifog prévoit également de mettre en place un système d’audits afin que les exploitants puissent évaluer leur niveau de biosécurité et leur compliance vis-à-vis de la réglementation.

La région des Pays de La Loire a prévu un budget de 1,4 million d’euros pour accompagner les éleveurs dans leur évolution vers davantage de biosécurité, l’amélioration de la gestion des effluents et la mise en place de moyens de claustration.

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