Les coulisses d’une clinique vétérinaire moscovite - La Semaine Vétérinaire n° 1728 du 15/07/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1728 du 15/07/2017

REPORTAGE

ACTU

Auteur(s) : KARIN DE LANGE 

La clinique VetCentr, une institution en Russie, a ouvert ses portes à La Semaine Vétérinaire .

Bienvenue à Moscou », sourit Denis Sereda, praticien et gérant de VetCentr, la deuxième plus grande structure vétérinaire moscovite, avec 35 vétérinaires, dont 10 spécialistes. La clinique est également l’une des plus anciennes de Moscou et la seule “intra-muros” (à l’intérieur de la rocade Sadoyava), et inclut une clinique satellite dans les banlieues étendues du Sud-Ouest. Elle est ouverte 24 h/24, 7 j/7, sans pratiquer de tarifs supplémentaires pour les consultations de nuit ou de week-end. « Si les gens souhaitent venir nous voir pour une vaccination de chiot à 3 heures du matin, ils sont les bienvenus ; Moscou est une ville qui ne dort jamais », affirme Denis. Pas besoin non plus de prendre rendez-vous pour les consultations de base. Cependant, les moments de forte affluence sont la matinée (9 à 12 heures) et le début de soirée (17 à 19 heures).

Fait surprenant pour une clinique d’une telle envergure : il n’y a pas d’auxiliaires. « Il n’existe pas d’écoles pour auxiliaires vétérinaires en Russie. À la place, nous accueillons des étudiants vétérinaires, qui sont avides d’étoffer leur expérience clinique tout en nous aidant. »

Des liens privilégiés avec le monde du spectacle

Même si les consultations concernent surtout des chiens, des chats et des nouveaux animaux de compagnie (NAC : principalement des oiseaux et des reptiles), l’équipe prodigue également des soins aux animaux du Cirque de Moscou, situé dans le bâtiment voisin. VetCentr a une relation de longue date avec le cirque et le milieu des arts performants en général. « Au temps de l’URSS, la clinique était une structure gouvernementale d’hygiène alimentaire qui s’occupait surtout des marchés de denrées alimentaires et des chambres froides pour la viande et les fourrures… mais aussi des animaux de cirque. » En 1983, Sergey, le père de Denis, est devenu chef de la clinique, et, après la perestroïka, son propriétaire en 1991. Sergey est un homme charismatique, plus vrai que nature, à la voix retentissante et à la barbe soignée, très populaire auprès de ses collègues et de ses clients. Les couloirs et le bureau de la structure sont remplis à ras bord de photos signées et autres souvenirs de clients reconnaissants, allant de Keith Richards à Vladimir Poutine, en passant par de nombreux artistes du cirque et du théâtre. Et en tant que vétérinaire de troisième génération pour le Cirque de Moscou et président actuel de l’Association vétérinaire moscovite, Sergey avait choisi de présenter la cérémonie d’ouverture du congrès vétérinaire moscovite dans l’arène de ce même cirque. L’équipe comprend aussi le cousin de Denis, chef du département de chirurgie, et Tatyana, l’épouse de Sergey, qui s’occupe de la cardiologie et des échographies. Denis lui-même est le gérant de la clinique à temps plein et accessoirement directeur vétérinaire du Cirque de Moscou, qui possède aussi une infrastructure vétérinaire. « En fait, je suis le fils, petit-fils, neveu et cousin de vétérinaires ; nous sommes une véritable dynastie de vétérinaires ! »

Un libre accès aux antibiotiques et aux vaccins…

Lorsqu’on lui demande quels sont les défis majeurs actuels pour la profession en Russie, Denis n’a pas besoin de réfléchir longtemps : « La disponibilité des médicaments, mais pas de la façon que vous pensez : ici, les pharmacies n’ont pas besoin d’ordonnances, les clients peuvent acheter des vaccins, des antibiotiques et même des substances hormonales en vente libre, c’est un problème énorme. » Certains éleveurs ne reculent effectivement pas devant l’achat de vaccins et leur administration, voire la falsification de certificats de vaccination (y compris le tampon du vétérinaire !) « Le souci, c’est que, si un chien tombe malade, le propriétaire ou même les autorités nous reprocheront l’éventuel manque d’efficacité vaccinale. » Malheureusement, il est impossible de savoir si le vaccin acheté par le propriétaire a été administré dans de bonnes conditions, par exemple en respectant la chaîne du froid. « Pour cette raison, nous sommes obligés de considérer toute vaccination qui n’a pas été réalisée et officiellement enregistrée par notre clinique comme nulle. »

… mais des conditions d’accès drastiques pour les morphiniques

À l’inverse, l’usage légalement restreint de certains médicaments est problématique. « Alors que nous n’avons pas besoin d’autorisation particulière pour l’usage de propofol, d’isoflurane, de xylazine, de tramadol ou de thiopental, il existe des réglementations très strictes pour stocker du diazépam, les dérivés de morphine ou de l’oxycodon. » Denis soupire en parlant de cette classification apparemment arbitraire, et précise les mesures draconiennes requises pour le stockage de ces substances. « Elles doivent être gardées derrière une porte d’acier blindée, fermée et verrouillée par code et même équipée d’une alarme reliée à la police. En plus, toute personne ayant accès doit passer une procédure de sélection basée sur un examen psychiatrique approfondi et doit démontrer une absence de toxicomanie. Beaucoup de nos vétérinaires ne sont pas nés à Moscou, ce qui implique qu’ils doivent retourner chez eux pour obtenir cette autorisation… »

La menace de la rage

Un autre défi est la présence de nombreux chiens errants dans la ville, qui se déplacent souvent en meute. Avec les vaccinations antirabiques souvent peu fiables (voir ci-dessus), la population est en présence de véritables bombes à retardement. Quelques jours avant notre entretien, l’un des secteurs de la villle avait déclaré un cas de rage… VetCentr travaille en collaboration avec d’autres cliniques moscovites afin de protéger ces animaux et de leur trouver de nouveaux propriétaires, les refuges se remplissant presque instantanément. En particulier, les chiens de type pitbull et bull-terrier sont abandonnés de façon massive à Moscou, et Denis joue un rôle actif dans leur relogement, montrant ainsi que la clinique VetCentr a à cœur de faire le bien pour sa ville et ses habitants, mais aussi pour ses chiens.

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