Clinique Phoenix de La Souterraine : la concurrence ne freine pas l’activité

Lorsque Gerd Formesyn est arrivé à La Souterraine (Creuse), en 1998, jamais il n’aurait imaginé que les trois ou quatre praticiens qui couvraient alors les besoins vétérinaires du canton creusois seraient quatre à cinq fois plus nombreux 20 ans plus tard ! Et que cette évolution résulterait de dissensions entre associés devenus concurrents¹. Sans doute le nom qu’il a donné à sa clinique, Phoenix, traduit-il sa propre capacité à rebondir, à renaître après tant d’instabilité dans le Landernau vétérinaire local… Plantée au cœur d’un terrain de deux hectares et demi, juste à la sortie de la RN145 lorsque l’on vient de Guéret, Phoenix est sortie de terre en 2009. Ses 280 m², complétés à l’étage sur 60 m² d’une salle de réunion et d’un logement d’appoint, permettent à Gerd Formesyn et à ses trois salariés, dont un à mi-temps, et à son “piqueur” espagnol, l’hiver, de développer une activité mixte.

S’adapter en permanence

Dans cette région limousine de tradition agricole, notamment d’élevage, la rurale domine encore l’exercice et représente 60 % du travail de l’équipe. « Pour autant, elle a beaucoup évolué.

Quand j’ai commencé comme salarié, on soignait 20 à 30 veaux par jour, pour les diarrhées. On les perfusait jusqu’à 11 heures du soir ou minuit. Aujourd’hui, les éleveurs se sont substitués à nous et les veaux que l’on nous amène sont souvent en fin de vie quand ils ne sont pas déjà morts… une bonne quinzaine par an ! Et au-delà de 36 heures d’hospitalisation, on s’enquiert auprès de l’éleveur si les soins doivent être prolongés ou non… De la même façon, dans notre bâtiment grands animaux, nous faisons un peu de chirurgie sur les veaux, mais c’est le plus souvent à prix coûtant ! La fragilité de l’économie agricole locale – à laquelle s’ajoutent la concurrence, et parfois le dumping des entreprises ou des coopératives spécialisées dans la reproduction – nous oblige à nous adapter en permanence pour simplement maintenir au même niveau cette activité. »

Un questionnement existentiel

La canine, avec 30 % de l’activité de la clinique, poursuit sa petite croissance, sur toute l’année. Quant à l’équine, elle bénéficie d’excellentes conditions d’accueil. Ses trois parcelles sécurisées, son bâtiment grands animaux équipé du nécessaire pour inséminer, échographier et soigner permettent à la clinique de renforcer son activité, notamment pendant la période de reproduction, entre avril et juillet. C’est le domaine de Gerd Formesyn, qui possède lui-même une douzaine de chevaux, et qui réalise une quinzaine d’inséminations par an. Travailleur infatigable (« Je n’ai pas le temps de grossir ! »), il est au four et au moulin entre 70 et 80 heures par semaine, ne prend presque jamais de vacances. Pourtant, la perspective d’assurer moins de gardes commence à lui traverser l’esprit. Et son adhésion à un groupement d’intérêt économique (GIE), qui lui facilite les démarches, notamment pour les formations au sein de son équipe, marque sans doute l’entame d’une réflexion sur la finalité d’une vie si entièrement dévolue à son métier…
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¹ Voir La Semaine Vétérinaire n° 1728 du 15/7/2017, pages 44 et 45.