Visite de traite : s’intéresser aussi au trayeur et à l’animal

Lors d’un problème de santé mammaire ou d’une hausse des concentrations en cellules somatiques du lait dans un troupeau de chèvres, la visite de traite permet d’établir un diagnostic et d’identifier les principaux facteurs de risque. Dans ce but, il convient de prendre en compte à la fois la machine à traire, les pratiques du trayeur et l’aptitude des animaux à la traite.

Une utilisation conforme de la machine

Il est, dans un premier temps, essentiel de consulter les bilans Opti’Traite^®, qui rendent compte de la conception, du fonctionnement et des réglages de la machine à traire, et, si besoin, de consulter le conseiller traite. Le vide de traite mesuré dans le lactoduc doit être compris entre 36 et 38 kPa lorsque ce dernier est situé en dessous du quai et entre 38 et 40 kPa lorsqu’il est en ligne intermédiaire ou haute. La fréquence de pulsation recommandée en élevage caprin est de 90 cycles/min pour un rapport traite/massage de 60/40. Quelle que soit l’installation choisie par l’éleveur (position du lactoduc, types de faisceaux trayeurs, dépose automatique des faisceaux), il est essentiel qu’il l’utilise de façon conforme et appropriée, ce qui doit être vérifié. De même, il est nécessaire d’avoir des manchons adaptés à la forme des trayons et le vide doit être coupé avant le retrait des faisceaux trayeurs en fin de traite (cela est souvent négligé en cas de valves automatiques).

Concernant l’entretien, il convient de vérifier si le contrôle technique Opti’Traite^® est effectué chaque année (les élevages contrôlés une fois par an ont en moyenne 120 000 cellules/ml de moins que ceux qui le sont moins régulièrement¹), si les consommables (manchons trayeurs, tuyaux, joints, membranes, etc.) sont régulièrement renouvelés selon les recommandations du constructeur, et si les orifices calibrés (entrées d’air situées sur les gobelets ou la griffe) sont débouchés dès que nécessaire. Lorsque ces derniers sont bouchés, de l’engorgement accompagné d’un reflux de lait peut survenir, augmentant ainsi les risques d’infection.

Ne pas négliger les aspects humain et animal

La visite de traite doit être effectuée en dehors d’un contrôle laitier, afin de pouvoir observer les pratiques du trayeur en conditions habituelles, et avec chacun des trayeurs, si plusieurs d’entre eux se relaient, car leurs pratiques peuvent être différentes. Il convient de déconseiller la pose d’un même faisceau pour deux chèvres et qui donne au trayeur l’impression de gagner du temps, car cela accroît les risques de transmission bactérienne entre animaux et de mauvais positionnement des gobelets (qu’il est impératif de poser bien droits). Les faisceaux trayeurs doivent être retirés au plus tard dès la fin d’écoulement du lait, au mieux alors que le débit se réduit de façon importante, car la surtraite est souvent évoquée comme facteur aggravant des lésions du trayon. De plus, une demi-mamelle peut produire moins de lait que l’autre, ou avoir une cinétique d’éjection différente, et subir ainsi une surtraite. Des outils permettent de visualiser la surtraite sur des courbes d’évolution du débit de lait (LactoCorder^®) ou de fluctuation du vide (VaDia^®).

Enfin, l’observation de l’aptitude à la traite des animaux ne doit pas être négligée lors de la visite. Certaines chèvres donnent leur lait avec un débit plus faible et elles ralentissent le temps de traite. Les trayeurs manipulent alors les mamelles pour accélérer la traite, ce qui est à proscrire, car cela peut provoquer des entrées d’air à l’origine de fluctuations irrégulières du vide. Le LactoCorder^® a la capacité d’apprécier la cinétique d’éjection du lait de chaque animal afin de caractériser la cinétique majoritaire du troupeau, ce qui peut aider à régler le seuil de dépose et à homogénéiser son troupeau.
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¹ Hubert A., De Crémoux R., Poulet J. L. Relations between milking machines and bulk milk somatic cells in French goat farms. 6^e International Dairy Federation Mastitis Conference. Nantes. 2016.