CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : LORENZA RICHARD
La Camargue a été touchée par des épizooties d’encéphalite à virus West Nile en 2000, 2003, 2004, 2006 et, plus récemment, en 2015. « Les signes cliniques de la maladie commencent à être connus des vétérinaires de la région, mais le réchauffement climatique, notamment, augmente la survenue d’une épizootie dans une autre région ou l’émergence d’une souche plus virulente », prévient Philippe Garcia, praticien à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône) lors des journées nationales des groupements techniques vétérinaires (GTV) à Reims (Marne), en mai dernier.
L’encéphalite à virus West Nile est due à un flavivirus transmis par des arthropodes piqueurs du genre Culex. Elle atteint les oiseaux (symptômes généraux), qui sont le réservoir de la maladie, ainsi que le cheval et l’homme. Chez le cheval, elle est asymptomatique (dans 70 à 79 % des cas), provoque un syndrome fébrile bénin (moins de 20 %) et des troubles nerveux (1 à 10 %). Les formes neuro-invasives sont létales dans 20 à 57 % des cas chez le cheval et 10 % des cas chez l’homme. Les signes nerveux (modification du polygone de sustentation, parésie des postérieurs, etc.) ne diffèrent pas d’autres affections, et sont liés à une inflammation de la medulla, du tronc cérébral et de la moelle épinière. Le traitement est efficace s’il est mis en place rapidement. Il comprend l’injection d’anti-inflammatoire stéroïdien (dexaméthasone) ou non stéroïdien (flunixine) chez les juments gestantes, ainsi que des perfusions et des vitamines en soutien, si besoin. Histologiquement, des manchons lymphocytaires périvasculaires et des nodules microgliaux sont observés dans le système nerveux.
Seule la saison (l’été) permet d’orienter le diagnostic. Il est établi par la recherche d’IgM sanguins, qui apparaissent 2 à 8 jours après l’infection (dont la durée d’incubation est de 3 à 15 jours) et perdurent plusieurs mois. La réponse immunitaire par sécrétion d’IgG est plus tardive, mais dure plusieurs années. La virémie est brève, toutefois un prélèvement d’urine peut être intéressant pour la recherche de virus, de même que l’encéphale en cas de mort de l’animal. Face à cette situation, des mesures de protection de l’opérateur doivent être impérativement prises.
Le virus étant éliminé par l’immunité cellulaire, il n’existe pas de porteur chronique de la maladie : le cheval est un cul-de-sac épidémiologique. Pour cette raison, il n’est pas nécessaire de restreindre les mouvements des équidés qui ne sont pas malades ou de réaliser des prélèvements sanguins à l’importation. En revanche, la prophylaxie sanitaire passe par le contrôle des moustiques Culex, la surveillance des oiseaux sauvages locaux, de leurs mouvements migratoires et des importations d’oiseaux domestiques et sauvages. « Lors de la première épizootie en 2000, les autorités sanitaires ont pris des mesures ressenties comme inadaptées, mais l’épisode de 2015 a été mieux géré. En revanche, un premier cas humain a été diagnostiqué à Nîmes en zone périurbaine », précise notre confrère. De plus, la prophylaxie médicale par la vaccination assure un bon niveau de protection, mais la durée des épizooties est relativement courte (2 à 3 mois), alors que 6 semaines sont nécessaires pour obtenir une protection suffisante. Enfin, les vaccins sont chers et leur stock est limité.
Ainsi, « dès la suspicion de la maladie, il convient d’avertir la direction départementale de la protection des populations (DDPP), qui pose un arrêté préfectoral de mise sous surveillance (APMS) », recommande Philippe Garcia. En cas de confirmation, un arrêté préfectoral portant déclaration d’infection (APDI) est instauré. Les équidés de la structure sont alors recensés et les locaux sont désinsectisés.
La connaissance et la surveillance de cette zoonose sont indispensables, en Camargue comme ailleurs. «
L’émergence d’une souche plus virulente de cette zoonose pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la filière équine comme pour le tourisme. La réactivité des vétérinaires et de tous les intervenants dans la filière cheval doit être suffisante pour signaler toute suspicion d’apparition de cette maladie sous haute surveillance
», conclut notre confrère.
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