Prédire une hypocalcémie subclinique au vêlage pour prévenir les maladies post-partum

Une étude menée dans les Ardennes dans huit troupeaux de prim’holsteins montre que 16 % des primipares et 57 % des multipares présentent une hypocalcémie subclinique (HSC) au vêlage. La prévalence de cette affection, caractérisée par une chute de la calcémie en dessous de 80 mg/l sans entraîner de signe clinique visible, est inconnue en France. Dans cet essai, l’affection touche 45 % des vaches laitières des Ardennes, avec une différence significative entre les rangs de parité, l’HSC étant plus de trois fois plus fréquente chez les multipares (p < 0,01) (figure). Aux États-Unis, environ 25 % des primipares et 50 % des multipares présentent une HSC. En Europe, deux études récentes confirment que sa prévalence augmente avec la parité, pour avoisiner également 50 % chez les multipares.

Dans l’essai mené dans les Ardennes, elle est associée à un taux de 6,6 % de fièvre de lait (compris entre 5 et 8 % dans la littérature). La calcémie a été mesurée dans les 7 jours précédant le vêlage, 12 à 24 heures et 4 jours après celui-ci, puis toutes les semaines en cas d’hypocalcémie persistante.

Chez les vaches en deuxième lactation, la calcémie de 12 à 24 heures après le vêlage est significativement plus faible que chez les primipares. De plus, la calcémie mesurée à ce moment-là est également significativement plus faible chez les animaux en quatrième et cinquième lactation que chez les vaches en deuxième et troisième lactation (p < 0,01).

Hypocalcémie prépartum

L’hypocalcémie survient essentiellement le jour du vêlage chez les vaches fortes productrices de lait (elles produisent de façon significative près de 5 kg/j de lait de plus par rapport à la médiane dans le premier mois, p < 0,01). En effet, juste après le vêlage, la mobilisation du calcium stimule la synthèse de la parathormone qui facilite la résorption osseuse et l’absorption intestinale du calcium afin de rééquilibrer la calcémie ; toutefois, le délai de réponse de l’organisme est de 1 à 2 jours. L’organisme subit alors durant ce délai une hypocalcémie.

Une hypocalcémie peut également exister chez certains animaux avant le vêlage, et durant plusieurs semaines post-partum. Ainsi, l’essai montre qu’une calcémie inférieure à 90 mg/l avant le vêlage est prédictive d’une HSC (pour 90 % des animaux, et 100 % d’entre eux si la calcémie est inférieure à 89 mg/l dans les 7 jours précédant le vêlage). La calcémie est également plus faible 4 jours après le vêlage chez ces animaux (p < 0,05), et sur une plus longue période chez 13 % d’entre eux.

Maladies post-partum

Ces résultats sont importants car, bien qu’aucun signe clinique significatif ne soit observé, les conséquences de l’HSC sont nombreuses : diminution de la prise alimentaire, stress, chute de la fertilité et de la production sont fréquents. De plus, la proportion de vaches laitières présentant au moins une des quatre maladies post-partum étudiées (métrite, mammite, retard à la délivrance et cétose) augmente. Elle est de 40 % chez les animaux dont la calcémie est inférieure à 83 mg/l le jour du vêlage et de 50 % chez ceux pour lesquels elle est inférieure à 75 mg/l.

Ainsi, les conséquences d’une HSC seraient quatre fois plus coûteuses par an que celles de la fièvre de lait. Ces résultats doivent être confirmés dans d’autres régions de France et en intégrant un plus grand nombre d’animaux. Toutefois, ils montrent que les efforts de prévention doivent reposer sur l’administration ciblée de calcium aux vaches à risque, sur des mesures de calcémie avant le vêlage, et en retenant le seuil de 90 mg/l, prédictif d’une HSC au vêlage.
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