Clinique vétérinaire des Estuaires à Saint-James : un transfert gagnant

ÀSaint-James, dans la Manche, un an et demi après avoir quitté le local exigu du centre-ville pour rejoindre le parc d’activités de la route d’Argouges, près de l’autoroute A 84, l’équipe de la clinique vétérinaire des Estuaires savoure. Un seul regret peut-être, celui de ne pas avoir construit plus grand : « On ne pensait pas accueillir autant de chevaux, ni connaître une telle croissance en canine », reconnaît sans amertume Jérôme Rubon (T 04)… Les banques auraient, de toute façon, freiné les ardeurs immobilières des associés sur une commune de 7 000 habitants, dans une région et un contexte économique difficiles pour l’exercice en rurale. « Nous avons déménagé pour un problème de place. En dix ans, l’équipe est passée de six à 12 personnes. Et pour attirer de nouveaux associés, il faut la structure adéquate », explique notre confrère, qui s’apprête à accueillir un cinquième associé, actuellement salarié de la clinique.

Le projet immobilier aura mûri trois ans. Le temps de trouver un architecte, un terrain et d’éplucher la presse professionnelle pour éviter les écueils rencontrés par les confrères, de prendre les bonnes idées et de dessiner les contours du futur outil de travail, dédié à la rurale, principalement, à la canine en forte croissance et à l’équine, inopinément prometteuse. Puis survient l’opportunité d’acheter le terrain (de 9 000 m²) d’une entreprise située face au supermarché de la ville. « Rien que la quinzaine de places de parking aménagée autour de la clinique nous amène du monde », se félicite Jérôme Rubon.

Un plateau technique performant

« Dès le départ, la clinique de 412 m ² a été pensée pour pouvoir être agrandie », précise le vétérinaire. Les sens de circulation sont étudiés pour éviter les croisements d’activité, les risques de contamination ou… les propagations de mauvaises humeurs. Dans l’entrée, un sas préserve les échappées intempestives d’animaux de compagnie. Au fond, quatre caisses distinctes permettent aux auxiliaires spécialisées vétérinaires (ASV) de travailler chacune à leur poste. À l’arrière, côté rurale, un poste indépendant utilisé pour des tâches administratives est accessible de l’extérieur et de l’intérieur. Il permet aussi d’accueillir les clients de façon confidentielle, et de dispenser en toute discrétion une consultation ou des explications délicates. Sur la gauche du comptoir, un long couloir dessert une grande salle de réunion, deux pharmacies, dont l’une est en lien direct avec le comptoir, trois salles de consultation, une salle de préparation et de chirurgie dotée d’une table baignoire pour les détartrages, un chenil, une chatterie, et une courette permettant de nettoyer les cages ou de faire prendre l’air aux animaux. La rurale et l’équine disposent d’un espace dédié, avec des entrées indépendantes et des box séparés. Compte tenu de la croissance de l’activité équine, les associés viennent de décider de créer une extension pour les chevaux dès 2018.

Services et forfait global

Entre le terrain, la clinique et les équipements, l’investissement atteint 1 million d’euros. Si les tarifs du cabinet devenu clinique n’ont pas évolué, c’est sur les services et l’acquisition de nouveaux matériels (échographe, ionogramme, radiologie, etc.) que les associés misent. « Nous proposons, par exemple, un tarif préférentiel à ceux qui nous amènent directement leurs veaux à la clinique, le matin, sans rendez-vous. Du coup, on s’est remis à soigner des veaux, alors que, jusque-là, les éleveurs estimaient que le prix du soin ne valait pas celui de l’animal », constate Jérôme Rubon. La structure accueille en moyenne quatre à cinq petits ruminants par semaine. « Ces facilités de prise en charge et la prévention qui en découle nous offrent un bien meilleur taux de réussite. C’est comme si l’éleveur amenait son animal à l’hôpital. On s’en occupe à sa place, il le récupère quand il va bien. »

Après avoir mis en place un forfait global (consultation, parage, suivi de reproduction, chirurgie), la clinique constate une grande satisfaction des jeunes éleveurs. « Nous avons sécurisé l’approche. Ils apprécient de pouvoir intégrer ces dépenses dans leurs prévisionnels. » Formé à l’ostéopathie il y a trois ans, Emmanuel Hauguet, qui a déployé cette spécialité en canine, s’est vite aperçu que cette méthode de soins intéressait les autres disciplines. La capacité de l’outil a, de fait, ouvert de nouvelles perspectives, comme celles de créer un pôle de cancérologie dédié à la canine et l’intégration, en janvier prochain, du cinquième associé, Pierre Piquet, spécialisé dans le traitement des reptiles et des amphibiens. Des nouveaux animaux de compagnie (NAC) au sang froid qui dévoilent une nouvelle facette de la clinique vétérinaire des Estuaires, cofondatrice du réseau Symbiovet : il s’agit d’un regroupement de 14 cliniques, où chacune peut être référente au sein du réseau selon ses spécialités, à l’instar, ici, de l’ostéopathie, par exemple. La dynamique est lancée.
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