Détecter précocement les maladies du porc

En 2015, l’Ifip, Institut du porc, en association avec la société Asserva, avait investi dans des abreuvoirs automatisés, afin d’enregistrer la consommation d’eau individuelle chez le porc, potentiel indicateur précoce d’une maladie. Les essais, menés sur des cases de 18 porcs en post-sevrage, dans des conditions d’ambiance proches de la réalité, n’ont pas permis de développer un système d’alerte avec une précision satisfaisante. En effet, pour deux animaux en bonne santé et de même poids, il pouvait y avoir une différence jusqu’à 35 % de volume d’eau consommée (variabilité interindividuelle). Pour un même animal, elle oscillait entre 35 et 45 % au cours du temps (variabilité intra-individuelle). Il était donc délicat de distinguer une variation de consommation liée à l’apparition d’une pathologie ou au comportement naturel de l’animal. « À ce stade, il fallait enrichir le modèle avec d’autres données afin d’en augmenter la précision », explique Yvonnick Rousselière, ingénieur à l’Institut du porc. Pour ce faire, les chercheurs ont développé un nourrisseur connecté.

Une aide au pilotage pour l’éleveur

Un abreuvoir et deux nourrisseurs sont installés par case de 18 individus. « L’idée est de voir si la consommation d’aliment a une vraie valeur ajoutée en matière de détection précoce de maladies, indique l’ingénieur. À terme, il est prévu d’intégrer d’autres facteurs dans notre modèle, comme le poids et le niveau d’activité. » L’objectif à long terme est de proposer une aide au pilotage à l’éleveur. En pratique, les alertes lui seraient envoyées en temps réel, ce qui lui permettrait d’isoler plus rapidement les animaux concernés. « Cela pourrait réduire le risque de propagation d’une maladie infectieuse au groupe, par exemple. » Les pathologies digestives, respiratoires, locomotrices et comportementales sont incluses dans le modèle. Néanmoins, il y a peu de chance pour que les alertes soient spécifiques à un type en particulier. Les résultats de l’étude expérimentale seront disponibles d’ici un à deux ans.
•