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CONFÉRENCE
PRATIQUE CANINE
Formation
Auteur(s) : ADELINE LINSART
Lors du dernier congrès Icare à Venise (Italie), notre confrère Minh Huynh a présenté une étude rétrospective1 s’intéressant aux affections biliaires obstructives chez 17 furets, compilant des données de 2007 à 2015 au sein de sept structures vétérinaires européennes (France, Belgique, Italie, Irlande).
L’âge moyen au moment du diagnostic est de 4,7 ans (entre 3 et 8 ans). Les furets mâles (12/17) et femelles (5/17) sont représentés. Les signes cliniques sont principalement une léthargie (17/17), une anorexie ou une dysorexie (14/17), des vomissements et de la diarrhée (6/17). Un abdomen aigu (5/17) lié à une péritonite biliaire, une perte de poids (2/17), des convulsions ou une parésie (2/17) sont également possibles. L’ictère n’est présent que chez 6 furets sur 17 et n’est pas aussi franc que ce qui est observé chez les autres carnivores domestiques lors d’atteintes posthépatiques. Cela est lié à un métabolisme de la bilirubine différent. Cependant, lorsqu’il est présent, il constitue un signe d’appel fort.
Paramètres biochimiques
La mesure de la bilirubinémie est fortement conseillée, car une augmentation est significative et en faveur d’une atteinte des voies biliaires (bilirubinémie > 50 mg/dl chez 64 % des furets chez lesquels ce paramètre a été dosé). En revanche, l’absence d’augmentation ne permet pas d’exclure cette affection. Les autres paramètres hépatiques sont modifiés : augmentation de l'activité des transaminases (> 500 UI/l), parfois très élevée (jusque 2 000 UI/l). L'augmentation de l'activité des phosphatases alcalines est également fréquente (> 150 U/l). L’albuminémie est souvent diminuée (< 28 g/l).
Échographie
Une échographie abdominale est indispensable pour obtenir un diagnostic de certitude. Elle est effectuée chez 16 furets. Elle met souvent en évidence une cholécystite (15/16), une dilatation du canal cholédoque (11/16) et un épaississement pariétal de la vésicule biliaire. Une forte accumulation de boue biliaire (9/16) ou des calculs biliaires (1 cas) peuvent être observés. Un cas de polype biliaire à l’origine de l’obstruction est également identifié. Une inflammation locale (stéatite, péritonite biliaire) est également souvent remarquée (5/16). Les nœuds lymphatiques régionaux sont réactifs et de taille augmentée. Une hépatite, une entérite chronique, une pancréatite peuvent être associées, comme cela est décrit chez le chat.
Médical
Les traitements mis en œuvre varient selon les structures. Ils incluent une fluidothérapie intraveineuse, une analgésie (buprénorphine, morphine), une antibiothérapie à spectre large (association amoxicilline-acide clavulanique avec métronidazole ou enrofloxacine). Un anti-acide est le plus souvent mis en place (ranitidine). Chez certains praticiens, des corticostéroïdes sont également prescrits. De l’acide ursodésoxycholique est prescrit par certains confrères en postopératoire.
Chirurgical
La prise en charge chirurgicale est réalisée chez 16 animaux (1 furet étant mort le jour de la présentation initiale). Elle consiste en une cholécystectomie (10 cas), une cholédochotomie (1 cas), une vidange manuelle de la vésicule biliaire (1 cas), une cholécystoduodénostomie (2 cas) ou la mise en place d’un stent des voies biliaires (2 cas).
Bactériologie
Une bactériologie est réalisée chez 10 cas opérés sur 16. Elle est positive dans 50 % des cas. Escherichia coli est la bactérie la plus fréquemment incriminée (3 cas sur 10) et se révèle sensible à l’enrofloxacine et à l’association sulfamides-triméthoprime. Elle est modérément sensible à l’association amoxicilline-acide clavulanique et résistante à la doxycycline. Staphylococcus spp. (2/10) et Pseudomonas spp. (1/10) sont également isolés. Leur sensibilité aux antibiotiques est plus problématique : les staphylocoques identifiés ne sont sensibles qu’à l’association amoxicilline-acide clavulanique, alors que le Pseudomonas ne présente qu’une sensibilité intermédiaire à l’enrofloxacine. Bien que cela n’ait pas été démontré, la possibilité qu’Helicobacter cholecystus puisse être impliqué, comme chez le chien, est évoquée par l’auteur de cette présentation. Lors d’affection des voies biliaires, un prélèvement de bile (ponction échoguidée) ou de bile et de tissus des voies biliaires (abord chirurgical) est indispensable. Dans l’attente des résultats de la bactériologie, le recours à l’association amoxicilline-acide clavulanique avec enrofloxacine est recommandé, afin de ne pas perdre de chance pour l’animal, en instaurant une antibiothérapie probabiliste efficace. Cependant, l’emploi d’un antibiotique critique nécessite de bien réajuster la prescription dès la réception du résultat de l’antibiogramme (quatre jours au plus tard après la prescription initiale).
Histologie
L’histologie est réalisée chez 10 des 16 furets opérés. Une cholécystite est présente chez la majorité d’entre eux (8/10), de nature suppurative (1/8), nécrosante (3/8) ou lymphocytaire chronique (4/8). Une péritonite biliaire est confirmée à l'histologie pour 4 furets. Une cholangio-hépatite hyperplasique est identifiée dans 2 cas. Deux furets présentent respectivement un cystadénome ou un polype des voies biliaires.
15 des 16 furets opérés récupèrent correctement après l’intervention chirurgicale. Seul 1 animal meurt le lendemain de la chirurgie. La survie à 1 an est de 75 %. La survie à 2 ans est de 44 %. Ces valeurs sont élevées, d’autant plus chez des individus âgés2 et présentant sans doute des maladies concomitantes au moment du diagnostic.
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1 Huynh M., Di Girolamo N., Modesto F. et coll. Biliary tract disease in ferrets (Mustela putorius furo): a retrospective study of 17 cases (2007-2015). 3rd International Conference on Avian, Herpetological and Exotic Mammal Medicine. Venice, March 25-29th, 2017:418.
2 Les furets âgés de 4 ans et plus doivent être considérés comme des individus gériatriques.
Retrouvez les références bibliographiques de cet article sur bit.ly/2g41ybc.
POINTS FORTS
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