CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
Quand le poulain naît, un lien très fort s’établit entre lui et sa mère. Dans le milieu naturel, le sevrage s’effectue vers 10 mois, mais sans rupture (le poulain va continuer à faire des allers-retours avec sa mère), contrairement au sevrage artificiel.
Ce dernier est généralement réalisé vers 6 mois, en une seule fois, et à l’initiative de l’homme. La pratique est courante, mais l’intensité du stress généré chez les poulains est considérable. Les signes sont multiples : ils perdent du poids, se mettent à avoir des tics, à lécher les murs, cela peut se transformer en tic à l’air, en stéréotypies.
Étude expérimentale
La recherche s’est penchée sur plusieurs méthodes de sevrage (mise en groupe, avec des adultes, etc.). Sur un groupe expérimental de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Nouzilly (Indre-et-Loire), Léa Lansade a étudié 18 poulains sevrés progressivement. Le sevrage commence à 5 mois : le poulain est juste séparé 15 min de sa mère le premier jour avec une barrière à claire-voie. Tous les jours, ce temps est augmenté, jusqu’au sevrage définitif à 6 mois. L’étude a également porté sur 16 poulains non préparés (pas séparés), avec un sevrage à 6 mois.
Observations
L’équipe a observé l’effet de ces pratiques sur le comportement, le microbiote intestinal, avec Aline Foury, de l’Inra de Jouy-en-Josas, et la physiologie.
Jour du sevrage
Que donne un sevrage progressif ? En moyenne, 40 hennissements ont été recensés par poulain, au moment de la séparation, dans le lot des non-préparés, et 15 dans le lot de sevrage progressif, soit environ deux fois moins.
Les chevaux qui ont été habitués à se séparer ont trotté trois fois moins également, ce qui montre l’impact positif sur le niveau de stress.
La balance est donc en faveur du sevrage progressif, d’autant que l’impact est aussi moins fort chez les mères au niveau comportemental.
Impact sur la personnalité
La personnalité du poulain se met en place petit à petit durant le jeune âge. Dans l’étude, la réaction des poulains en présence de l’homme est évaluée, deux jours et 3 mois après le sevrage, grâce à des tests de grégarité, d’activité, de peur à la soudaineté et de curiosité. Ainsi, les poulains du lot progressif sont moins peureux face à l’homme, moins grégaires, moins actifs et plus curieux que ceux de l’autre lot. Les tests sont refaits 3 mois après, et trois variables restent différentes : ils sont toujours moins grégaires, moins actifs et moins peureux.
Effet sur le microbiote intestinal
Beaucoup de recherches sont effectuées actuellement sur l’axe cerveau-intestin. Nuria Mac, de l’Inra de Jouy-en-Josas, a étudié cet aspect. La technique consiste à prélever des crottins et à analyser la flore intestinale.
Le résultat est ici surprenant : le sevrage progressif diminue l’abondance de Streptococcus spp., un pathogène capable de générer un neurotransmetteur, la sérotonine 5-hydroxytryptamine, qui joue un rôle central dans le fonctionnement de l’intestin, la digestion, mais aussi les processus cognitifs et émotionnels (désordres émotionnels, fatigue). Plus on en possède, moins c’est bon. Les poulains témoins en avaient plus que les lots progressifs, ce qui pourrait expliquer les effets sur la personnalité.
Effet sur la physiologie
Trois indicateurs physiologiques du stress ont été étudiés : le cortisol salivaire, la longueur des télomères et l’activation des gènes. Chez les poulains comme chez les juments, l’effet du sevrage sur le stress est observé dès le premier jour. Une différence existe cependant entre les deux lots concernant la sécrétion du cortisol : les taux de cortisol salivaire sont plus élevés chez les poulains sevrés brutalement que chez ceux qui l’ont été progressivement. Même constat chez les juments. Un mois plus tard, il n’y a plus de différence significative. Donc le sevrage progressif produit un effet bénéfique le lendemain du sevrage.
Longueur des télomères
Chez les poulains, aucun effet significatif n’est relevé entre J - 73 et J + 95. Chez les juments, étonnamment, aucune diminution des télomères n’est observée, un allongement a même été constaté par les chercheurs, en particulier pour le groupe de sevrage progressif. La gestation et l’allaitement nécessitent beaucoup d’énergie, et finalement, quand la jument va être séparée du petit, elle va retrouver des forces.
Activation des gènes
Une prise de sang est réalisée. Le but est d’identifier quels sont les gènes différentiellement activés entre les groupes.
Chez les juments, il n’y a pas d’effet d’activation des gènes 1 mois après le sevrage. En revanche, chez les poulains, à J + 30, une forte différence est notée, qui s’estompe avec le temps. Parmi ces gènes, ceux de réponse au stress sont moins activés chez les jeunes sevrés progressivement.
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