ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE BRARD
ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON
Dans le cadre des états généraux de l’alimentation, Christophe Brard, président de la SNGTV, revient sur l’implication de la profession dans l’évolution de l’élevage.
Quelle est l’implication du vétérinaire dans la réflexion sur l’élevage ?
Les vétérinaires sont associés à toutes les phases de l’évolution des modèles d’élevage et ne restent pas cantonnés à leur rôle de soignant. Les organisations professionnelles vétérinaires œuvrent pour promouvoir leurs compétences et contribuer à les insérer dans les démarches collectives. La Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) est inscrite à l’atelier 8 des états généraux de l’alimentation (“Assurer la sécurité sanitaire de l’alimentation française dans une économie agroalimentaire mondialisée et dans un contexte de changement climatique tout en prévenant les contaminations chimiques”)1 et fera le lien avec les autres organisations de la profession. Nous prenons également part au plan Stratégie de la France pour le bien-être des animaux 2016-20202, en lien avec les quatre écoles vétérinaires, qui collaborent à la création du Centre national de référence sur le bien-être animal, sous le pilotage de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). N’oublions pas que les vétérinaires sont aussi fortement impliqués dans la lutte contre l’antibiorésistance, via les plans ÉcoAntibio3 successivement mis en place. Enfin, la profession a initié une réflexion sur le maillage vétérinaire en territoire rural, en concertation avec les organisations professionnelles agricoles, dans le cadre de la feuille de route du ministère chargé de l’agriculture sur le réseau de vétérinaires dans les territoires ruraux et en productions animales4. Cette feuille de route est organisée en huit axes concernant, par exemple, l’implication du vétérinaire dans la performance économique et sanitaire des élevages et la formation des éleveurs. L’ambition est de contribuer au maintien d’une activité vétérinaire rurale au service des filières de productions animales.
Quelle est la place du vétérinaire rural dans l’élevage de demain ?
Le rôle premier du vétérinaire était celui de soignant. Aujourd’hui, il est fortement associé à une activité de conseil, dans l’objectif d’accompagner l’évolution des modèles d’élevage dans le domaine sanitaire, en fonction des attentes des consommateurs, et d’œuvrer dans les domaines de la santé publique. Par exemple, l’implication des vétérinaires lors de la crise aviaire du Sud-Ouest a fortement fait évoluer leurs relations avec les organisations de production. Ils ont été très largement associés à la stratégie de lutte, via notamment des réunions de formation sur la biosécurité à destination des éleveurs de palmipèdes et de volailles, même si, au départ, cela n’apparaissait pas comme une évidence. Demain, l’activité du vétérinaire rural sera axée sur plus de prévention et de suivi permanent des élevages.
N’y a-t-il pas un problème de communication de la profession ?
Nous assumons une mission de conseil en élevage depuis plus de 30 ans, mais il est vrai que ce n’est pas toujours audible ni bien installé dans toutes les filières. Du côté du grand public, la profession, dans son ensemble, ne possède pas forcément la culture de la communication, d’autant plus que nous devons souvent faire face à des réactions émotionnelles. Pourtant, les enquêtes d’opinion nous montrent bien la grande confiance accordée par le citoyen au vétérinaire. Il faut utiliser ce capital pour communiquer sur ce que l’on sait faire, en collaboration avec les éleveurs. Notre pays est en tête dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments mais, pourtant, les consommateurs en doutent. Nous avons un rôle à jouer auprès de la société, en tant que tiers de confiance, pour communiquer sur les pratiques d’élevage, le bien-être animal, la qualité des produits d’origine animale ; pour mettre en avant toute la dimension de notre métier concernant la prévention, le suivi des élevages et la santé publique. Tel est le challenge de notre profession pour les années à venir.
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