L’abreuvement de porcs alimentés en soupe améliore leur bien-être, mais augmente la quantité de lisier

L’accès à l’abreuvement des porcs nourris avec une alimentation liquide, appelée soupe, serait nécessaire pour assurer le bien-être des animaux, mais des solutions doivent être mises en place pour limiter la quantité de lisier produite. La soupe permettrait aux animaux d’ingérer théoriquement assez d’eau pour répondre à leurs besoins physiologiques. En effet, le porc nourri avec une alimentation sèche consomme en moyenne entre 2,1 et 2,7 l d’eau par kg d’aliment ingéré, et cette quantité peut doubler en cas de hausse de la température. La soupe est majoritairement distribuée en France aux porcs charcutiers en engraissement et aux truies en verraterie et gestation, avec un taux de dilution de 2,7 l d’eau/kg d’aliment chez les porcs charcutiers (soit 7 à 8 l d’eau/porc/jour) et de 4,4 l/kg d’aliment chez les truies (soit 11 à 14 l d’eau/truie/jour).

Des repas d’eau peu pratiqués

L’absence d’abreuvoirs est actuellement tolérée par les administrations pour les porcs nourris avec de la soupe, si des “repas d’eau” sont distribués, de sorte qu’il y ait toujours une quantité d’eau résiduelle dans l’auge. Ceux-ci permettent de pallier les variations du taux de dilution selon la température ambiante, la capacité de rétention en eau des matières premières de l’aliment et le matériel de distribution, la soupe devant rester suffisamment fluide pour s’écouler dans tout le circuit et toutes les auges en restant homogène.

Cependant, ces repas d’eau ne sont pratiqués que par 65 % des élevages pour les truies gestantes, 50 % pour les truies allaitantes et 25 % pour les porcs en engraissement, et ils sont réservés aux périodes de forte chaleur. En effet, les éleveurs associent l’abreuvement supplémentaire à des coûts de production et à une augmentation du volume des effluents produits, et ils craignent les risques de contamination de l’eau dans l’auge. Peu de données sont disponibles sur les besoins en eau supplémentaire des porcs nourris avec de la soupe, mais lorsqu’un abreuvoir est présent, la consommation varie de 1,06 l/porc/jour à 4,41 l/porc/jour en période chaude¹.

Un accès à l’abreuvement des animaux nourris en soupe limiterait ainsi les sensations de soif, qui ne sont pas résolues par une plus grande dilution de l’aliment, et couvrirait les variations individuelles des besoins, notamment lors de compétition à l’auge ou de troubles de santé. De plus, une stagnation de l’eau résiduelle induit une prolifération bactérienne qui n’est pas adaptée au principe de potabilité de l’eau.

Limiter la quantité de lisier en adaptant le matériel

Toutefois, en comparaison avec l’apport d’une alimentation sèche avec abreuvoir, la quantité de lisier produite par des porcs recevant une alimentation liquide est augmentée de 43 %, et jusqu’à 130 % lorsque des pipettes sont disponibles. Cela pourrait ainsi poser problème au niveau de la capacité de stockage du lisier en regard de la réglementation. Toutefois, un lisier est constitué à 96 % d’eau et son volume est directement lié à la quantité d’eau excrétée par le porc, mais également à la quantité des eaux de lavage et des fuites des abreuvoirs. Il conviendrait ainsi de veiller à une installation correcte des équipements d’abreuvement, sans fuite, et à la maîtrise de tous les apports d’eau (lavage, pluie, etc.). Le matériel d’abreuvement doit être adapté. L’ingestion d’eau peut en effet être insuffisante si l’abreuvoir est difficile d’accès, mal conçu ou réglé avec un débit inadapté, en cas de compétition ou de problèmes de santé ou encore lors de mauvaise qualité de l’eau (le fer réduit l’appétence, par exemple). Dans la pratique, les débits de nombreux abreuvoirs sont trois à quatre fois supérieurs aux recommandations, ce qui entraîne un gaspillage important. Dans certaines situations, l’animal peut également ingérer un excès d’eau pour compenser un trop faible apport d’aliment. Des travaux sont actuellement menés par la chambre d’agriculture de Bretagne pour mesurer les quantités d’eau consommées par des porcs charcutiers alimentés en soupe et préciser les conditions d’installation des abreuvoirs, afin de concilier les besoins en eau des porcs et l’augmentation maîtrisée des niveaux de lisier.
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¹ Massabie P., Lebas N. Comparaison de deux modalités d’apport d’eau pour des porcs à l’engrais alimentés en soupe. Journées Rech. Porc. 2012;44:279-280.