Les « paysans résistants » revendiquent un abattoir plus humain - La Semaine Vétérinaire n° 1735 du 14/10/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1735 du 14/10/2017

INITIATIVE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Un collectif d’éleveurs, associé à un lycée agricole, a décidé de repenser la production de viande, en plaçant l’animal et l’être humain au centre du processus.

Faire évoluer la bientraitance en abattoir ? C’est possible, et revendiqué par un collectif de « paysans résistants » 1. S’appuyant en partie sur les travaux de Temple Grandin2, une soixantaine d’éleveurs et le lycée agricole d’Ahun, dans la Creuse, ont imaginé une plateforme de services intégrant un lieu d’abattage plus respectueux des bêtes et des êtres humains. Ils ont créé la société Pôle Viandes Locales. Guillaume Betton3, son président, explique : « Les éleveurs sont choqués par les images dévoilées par les associations de protection animale. » Pour lui et les autres membres du collectif, la bientraitance est un « chemin », et le nouveau système mis en place permettra d’y parvenir. L’absence d’intermédiaires entre la production et la commercialisation, permise par le développement de services en lien avec la transformation des viandes (découpe transformation chaude et froide, salaison, stockage en hibernation, etc.), favorisera l’offre d’un produit de qualité, à un coût abordable et rémunératrice pour l’éleveur.

La bientraitance animale passe par l’innovation

La réduction du stress des animaux repose d’abord sur une amélioration de l’aménagement des locaux. « Les animaux circuleront naturellement grâce à notre bouverie arrondie, associée à des bruits de cascade d’eau, explique Guillaume Betton. L’aiguillon électrique sera proscrit. » Mais la grande innovation se trouve du côté du box à étourdissement, multi-espèces (bovins, ovins, porcins et veaux) et agréé bio. « Un jeu de lumière, d’odeur, de bruits et d’images détournera l’attention de l’animal avant son étourdissement. Lors de cette dernière phase, un bras robotisé, armé d’un matador, remplacera et dépassera l’être humain en termes de rapidité et de précision », ajoute-t-il. Un outil développé par l’Institut de l’élevage pour évaluer la qualité du système sera ajouté au prototype. De plus, plusieurs caméras de surveillance permettront de détecter les mauvaises pratiques. Le but n’est pas tant de surveiller les employés mais plutôt d’utiliser l’outil comme une aide pour améliorer la gestion du stress de l’animal en abattoir. « L’idée est de pouvoir créer une base d’informations suffisamment pertinente pour permettre des analyses préalables à des évolutions de protocole », commente Guillaume Betton.

Penser à l’être humain aussi

La lenteur est revendiquée par le collectif. « Notre abattoir aura une cadence de travail diminuée de 20 %, correspondant à 300 tonnes équivalent-carcasse par an, à raison d’un jour d’abattage par semaine (sept vaches par semaine). Ce rythme plus lent, en offrant de meilleures conditions de travail, a pour conséquence directe un meilleur traitement des animaux », explique l’éleveur. Donner du temps au personnel, c’est lui permettre de réaliser un travail de meilleure qualité. Un salarié aura aussi la possibilité d’être remplacé à un moment de la journée, s’il éprouve le besoin de faire une pause, grâce à « un droit de retrait ». Le consommateur n’est pas oublié. Un espace, voulu et financé par les actionnaires, sera mis à disposition du grand public, afin de mieux communiquer sur le travail des éleveurs. Au programme, des thématiques diverses comme les modalités d’élevage dans le Limousin, la transformation des paysages en fonction du type d’élevage, le gaspillage, ou encore la qualité et la cuisson de la viande.

1 lesviandespaysannes.net.

2 Professeure de sciences animales à l’université d’État du Colorado (États-Unis), experte sur la question des conditions d’élevage et d’abattage des animaux de rente.

3 E-mail : president@lesviandespaysannes.net.

QUELQUES BONNES PRATIQUES EN ABATTOIR

- Installer un sol antidérapant et homogène en apparence, texture et niveau.
- Éviter toute distraction sonore et visuelle stressante pour l’animal (objets et personnes visibles, matériels réfléchissants, contrastes de luminosité, bruits métalliques de la chaîne d’abattage, etc.).
- Privilégier les couloirs courbes, les angles droits ou peu ouverts donnant l’impression d’une voie sans issue.
- Réduire l’usage de l’aiguillon électrique, mais le préférer à des pressions répétées avec d’autres outils.
Sources : Annualreviews.org (bit.ly/2xYdXoZ), Documents.irevues.inist.fr (bit.ly/2hPLNZg).
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