Pour que l’ostéopathie soit reconnue comme une science à part entière

Engagé en faveur de l’ostéopathie, VetAgro Sup comporte une unité de rééducation fonctionnelle. Après les universités de Berlin et de Liège, le campus vétérinaire de Marcy-l’Étoile (Rhône) a accueilli le congrès de l’European Veterinary Society for Osteopathy (EVSO), réunissant, les 22 et 23 septembre, plus de 80 vétérinaires ostéopathes européens venus de Belgique, de Suisse, d’Allemagne, d’Espagne et d’Autriche.

L’avenir est tourné vers la recherche

« Cette année, nous avons choisi le thème “Ostéopathie et sciences”, car notre discipline se structure et la profession la prend en compte comme faisant partie de l’art vétérinaire, a expliqué Jean-Philippe Liot, vice-président de l’European Veterinary Society for Osteopathy (EVSO) et responsable du programme scientifique du congrès. Notamment, le diplôme interécoles et la validation des acquis de l’expérience permettront aux praticiens de longue date d’être reconnus. Toutefois, l’approche scientifique de l’ostéopathie est souvent décriée. L’avenir est ainsi tourné vers la recherche, et nous devons réfléchir différemment et produire des contenus qui assoient la qualité de notre pratique. Cette problématique est la même partout en Europe, ce congrès est donc l’occasion d’échanger les points de vue entre professeurs, vétérinaires et médecins ostéopathes, grâce à notre partenariat avec le Registre européen des médecins ostéopathes (Erop). »

Ainsi, Paul Vaucher, professeur en ostéopathie à la Haute école de santé de Fribourg (Suisse), a ouvert le congrès par un constat : l’intérêt pour l’ostéopathie croît de façon importante depuis une dizaine d’années, et le nombre de publications scientifiques sur ce sujet explose. La discipline s’inspire des recherches réalisées dans de nombreuses autres spécialités et se dote de normes académiques basées sur les dysfonctions somatiques, qui lui permettent d’être désormais considérée comme une science. Toutefois, l’interaction entre le patient et le praticien ne doit pas être négligée : plusieurs essais réalisés chez l’homme montrent l’effet bénéfique des manipulations sur les douleurs, mais l’empathie et les conseils de posture apportés par le praticien comptent également dans l’amélioration clinique. Ainsi, il conviendrait de ne pas chercher à trop objectiver la démarche : elle doit être une approche globale du patient, adaptée à chacun.

L’individualité de l’animal implique l’unicité du diagnostic

Fabrice Fosse, vétérinaire ostéopathe à Orsennes (Indre), considère également que l’individualité de l’animal implique l’unicité du diagnostic. À travers des cas cliniques, il a proposé d’analyser la pathogénie des manipulations, afin de montrer que celles-ci répondent à une logique scientifique médicale. La pathogénie pourrait ainsi expliquer le fonctionnement des techniques utilisées en ostéopathie et permettre de mieux les appliquer. Cependant, le traitement manuel semble atteindre aussi d’autres systèmes d’autorégulation de l’organisme qu’il conviendrait d’étudier davantage.

Amélioration des mouvements et de la douleur

Enfin, parmi les praticiens venus partager leur expérience et montrer les bienfaits de leur travail sur les animaux manipulés, Isabelle Burgaud, vétérinaire de l’École nationale d’équitation (ENE) à Saumur (Maine-et-Loire), a confirmé, grâce aux études qu’elle a menées, que l’ostéopathie améliore significativement les mouvements des chevaux moins mobiles au niveau de l’arrière-train. De même, Anne-Pascale Gustin, vétérinaire ostéopathe en Belgique, a constaté que les manipulations atténuent la douleur chez 86 % des chiens seniors, ainsi que la mobilité de l’animal, son comportement et ses interactions avec son propriétaire. Pour notre consœur, l’approche ostéopathique pourrait ainsi s’inclure dans le bilan de santé du chien senior, et il serait bien que les clés du diagnostic ostéopathique soient transmises à tous les vétérinaires.

Pour Jean-Philippe Liot, il est également important que cette discipline vienne enrichir la pratique de vétérinaires classiques. « Notre objectif est de créer à l’avenir un collège européen », a-t-il conclu.
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