Rapport d’expertise scientifique collective de l’Inra sur la conscience animale - La Semaine Vétérinaire n° 1736 du 11/10/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1736 du 11/10/2017

ÉTHOLOGIE

ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD  

À la demande de l’Autorité européenne de sécurité des aliments, une expertise sur la conscience animale a été menée par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Ses résultats ont été présentés le 11 mai 2017 à Parme, en Italie.

Le rapport d’expertise scientifique collective pluridisciplinaire sur la conscience animale, coordonnée par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra)1 à la demande de l’unité santé et bien-être animal de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), a été présenté devant 30 pays du réseau européen sur le bien-être animal, le 11 mai dernier à l’EFSA à Parme (Italie).

État des lieux des connaissances

Ce rapport dresse un état des lieux des connaissances sur la conscience animale. Il a mobilisé 17 experts français pour un travail de revue critique de la littérature sur le sujet (659 références de bibliographie internationale et 60 ouvrages).

La définition de la conscience humaine (expérience subjective, ou phénoménale, que nous avons de notre environnement, de notre propre corps et/ou de nos propres connaissances) a servi de référence pour l’appréhender. Le niveau de conscience (états de vigilance allant du coma à l’éveil) est distingué de son contenu (expérience subjective associée à la perception de l’information sensorielle interne et externe, processus cognitifs et processus métacognitifs, permettant l’évaluation et le contrôle de ses propres états mentaux).

Des recherches en neurobiologie ont identifié des niveaux et des contenus élaborés de conscience chez les espèces étudiées jusqu’à présent, et elles sont très variées. Cinq domaines ont été étudiés : les émotions, les réponses métacognitives, la conscience du temps, le comportement social (qui suppose une théorie de l’esprit2) et la mobilisation de capacités cognitives et émotionnelles face à des humains.

La conscience animale est décrite dans le rapport comme une propriété émergente de l’interaction entre différentes structures nerveuses fonctionnelles permettant des compétences cognitives (percevoir, mobiliser de l’attention, mémoriser, éprouver des émotions et évaluer une situation) associées à un noyau central, qui gère les règles impliquées dans les rythmes biologiques et la vigilance. La perception d’un stimulus active plusieurs de ces structures, qui interagissent pour produire des interprétations et des intentions, et mettre en place des actions conscientes plus complexes que s’il n’y avait qu’une simple juxtaposition des réactions des différentes structures.

Envisager des pistes de recherche

En raison de la grande diversité des espèces vivant dans des environnements différents, il convient de ne pas exclure l’existence de toute forme de conscience chez celles n’ayant pas les mêmes structures cérébrales que les mammifères. Ainsi, parmi les pistes de recherche mises en évidence par le rapport, l’élargissement des investigations à d’autres espèces est suggéré. Il conviendrait également de développer des dispositifs expérimentaux permettant de distinguer les réponses comportementales et physiologiques qui relèvent de la conscience ou d’automatismes acquis. Ils permettraient d’analyser les contenus et les niveaux de conscience grâce à l’imagerie fonctionnelle, par exemple, lorsque cela est techniquement possible.

L’Inra a lancé des recherches complémentaires à la suite de ce rapport, essentiellement chez les animaux d’élevage. En effet, mieux connaître leur univers mental, en explorant leurs compétences cognitives élaborées (conscience de soi, théorie de l’esprit, métacognition, conscience du temps, émotions dites positives, etc.) pourrait alimenter la réflexion pour améliorer leur bien-être physique et mental et limiter leurs douleurs. De plus, chez ces espèces dont la durée de vie est brève, il sera important d’étudier le développement des formes de conscience chez les jeunes. Enfin, la nature des relations entre espèces domestiquées et humains est aussi à explorer plus avant.

1 Délégation à l’expertise scientifique collective, à la prospective et aux études (DEPE) de l’Inra Paris.

2 Théorie de l’esprit : capacité d’appréhender les connaissances, les intentions et les émotions des autres animaux et des comportements de tromperie ou d’empathie, qui nécessite la maîtrise de moyens de perception, d’intégration, de planification et de communication liés à la conscience.

Résumé de huit pages en français et lien vers le rapport en anglais disponibles sur le site de l’Inra : bit.ly/2gIhFLR.

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