Le mélange potentialise l’effet des perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens peuvent, dans certains cas, potentialiser leurs effets lors de coexposition. C’est la conclusion d’une étude¹ menée sur l’exposition à des composés chimiques ayant un effet négatif sur la production d’androgènes chez l’homme. Il apparaît que l’effet anti-androgénique est augmenté lors de coexposition d’un facteur 10 à 10 000 selon la molécule !

Des chercheurs bretons et “grands-bretons”² ont étudié l’effet sur le tissu testiculaire fœtal de 27 molécules auxquelles peuvent être exposées les femmes enceintes (composés industriels ou d’origine alimentaire, pesticides, médicaments, etc.). Ils en ont identifié 11 qui diminuent la production d’androgènes par le tissu testiculaire fœtal : des produits phytosanitaires (imazalil, propiconazole, prochloraze, chlordécone, bitertanol), des composés industriels (les bisphénols A et S), des médicaments (kétoconazole, acide valproïque, clomiphène) et la théophylline (médicament et composé alimentaire). Les résultats montrent que l’effet varie selon la molécule, mais qu’en cas de coexposition (des groupes de quatre ou huit composés ont été testés dans l’étude), l’effet anti-androgénique d’un composé est modifié. Il peut être augmenté d’un facteur 10 pour l’imazalil à 10 000 pour la théophylline, ces deux molécules ayant respectivement l’effet anti-androgénique le plus fort et le plus faible des 11 composés lorsqu’ils sont étudiés seuls. Un modèle mathématique a également été validé, afin d’étendre la recherche à d’autres tissus, pour déterminer ce que produit une exposition combinée à plusieurs molécules à d’autres périodes du développement humain. Les risques et effets des composés chimiques sont encore évalués en considérant chaque molécule individuellement, malgré des coexpositions fréquentes dans la vie réelle. Les résultats de cette étude posent les bases d’une analyse du risque qui tient compte des coexpositions à des molécules à effet anti-androgénique pendant le développement du fœtus.
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¹ bit.ly/2h8l72D.

² Unité mixte de recherche (UMR 1085) de l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset) et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de Rennes (Ille-et-Vilaine) ; centre hospitalier universitaire de Rennes ; École des hautes études en santé publique (EHESP) et Institut de l’environnement, santé et sociétés de l’université Brunel (Royaume-Uni).