Lettre ouverte aux animaux

Frédéric Lenoir vient de signer une lettre ouverte aux animaux (et à ceux qui les aiment), chez Fayard, qui oscille entre la synthèse, l’érudition pédagogique et des propositions sympathiques. Avec une attaque surprenante, compte tenu de l’érudition et de la bienveillance de l’auteur, contre les vétérinaires, tous logés à la même enseigne à travers une définition cinglante et caricaturale. « Entendons encore par “soins vétérinaires” : bourrage d’antibiotiques et d’hormones de croissance (...). Leur mission n’est pas de soigner des bêtes malades, mais de maintenir en vie, aussi longtemps que nécessaire d’un point de vue économique, des animaux qu’on a totalement perturbés en les mécanisant pour les rendre le plus rentables possible. » Abstraction faite de cette tirade, l’ouvrage de Frédéric Lenoir a le mérite de souligner les qualités des animaux et la singularité des humains : des êtres qui ont des croyances religieuses, sont dotés d’une communication symbolique riche et multifonctionnelle, d’un désir au caractère infini et sont parfois capables d’une éthique qui leur donne une responsabilité morale à laquelle on ne peut astreindre les animaux.

La racine de la fracture entre l’homme et les animaux est présentée d’une façon limpide, avec les sacrifices d’animaux sur l’autel des religions, alors même que dès l’Antiquité les philosophes grecs, dont beaucoup étaient végétariens, partageaient des visions qui sont celles des “antispécistes” actuels. Appellation sur laquelle Frédéric Lenoir apporte un éclairage intéressant. « Plutôt que cadenasser la discussion dans des catégories à la fois floues et manichéennes de spécistes et antispécistes, mieux vaut se poser la question suivante : souhaiteriez-vous étendre notre responsabilité morale et certains droits qui l’accompagnent aux animaux ? À la totalité des animaux ou à certains d’entre eux, et selon quels critères ? »

Il prend position en faisant le choix d’établir une hiérarchie entre les intérêts d’un être humain et ceux des animaux.

Et revendique la philosophie d’Arthur Schopenhauer, fondée sur « le vouloir vivre » commun qui anime hommes et bêtes et impose le respect de tout être sensible. « Une compassion sans bornes qui nous unit avec tous les êtres vivants, voilà le plus solide, le plus sûr garant de la moralité », selon Schopenhauer. Frédéric Lenoir appelle en conclusion à s’émanciper du cadre anthropocentrique de notre pensée pour l’étendre à tous les êtres sensibles qui peuplent la Terre, afin que les humains deviennent enfin les dignes protecteurs et serviteurs du monde.

Une des missions que s’est donnée son association Ensemble pour les animaux¹.
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¹ ensemblepourlesanimaux.org.

Lettre ouverte aux animaux (et à ceux qui les aiment) de Frédéric Lenoir, Fayard, 13 x 20,5 cm, 220 pages.