Antibiotiques : les ventes dans l’Hexagone baissent toujours

Les données du 7^e rapport de l’European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption (Esvac)¹, publié en octobre dernier par l’Agence européenne des médicaments (EMA), confirment encore la baisse des ventes des antibiotiques utilisés chez les animaux producteurs de denrées alimentaires (y compris les chevaux) entre 2011 et 2015, dans la plupart des pays européens. Sur les ventes globales d’antibiotiques dans les 30 pays européens en 2015 (29 pays de l’Union européenne/Espace économique européen et Suisse), les plus grandes quantités, exprimées en proportion de mg/kg, ont été représentées par les tétracyclines (32,8 %), les pénicillines (25 %) et les sulfamides (11,8 %). Contrairement à 2014², année en trompe-l’œil qui a connu une hausse de l’utilisation d’antibiotiques vétérinaires, en 2015 les ventes de ces produits ont globalement baissé de 13,4 %, malgré les disparités relevées entre les différents États membres (de 2,9 à 434,2 mg/kg). De son côté, la France maintient le cap, passant de 136 mg/kg en 2010 à 70,2 mg/kg en 2015. Des résultats en deçà de la moyenne européenne, calculée à 135,5 mg/kg en 2015.

La France, mieux que la moyenne européenne

Pour la France, les chiffres sont bons. En comparaison avec certains de ses voisins européens tels que la Belgique (150,1 mg/kg), les ventes d’antibiotiques vétérinaires dans l’Hexagone n’ont cessé de décroître entre 2010 et 2015, soit une chute de 48 %. Avec une consommation moyenne de 70,2 mg/kg sur l’année de référence 2015, la France se situe à la 19^e place sur les 30 pays dont les données ont été analysées. À titre d’exemple, les Pays-Bas, dont le modèle d’élevage est relativement proche de celui appliqué en France, sont passés de 164,8 mg/kg à 64,4 mg/kg entre 2010 et 2015. Finalement, la France n’est pas si loin des “champions européens”, dont la consommation se situe en dessous de 50 mg/kg, bien qu’elle reste encore éloignée de la Norvège, dont la consommation est de 2,9 mg/kg en 2015.

Pour les critiques aussi

Les antibiotiques considérés comme critiques, les céphalosporines de 3^e et 4^e générations, les fluoroquinolones, la colistine (considérée comme critique dans ce rapport) et les macrolides ont respectivement représenté 0,2 %, 2,1 %, 6,8 % et 7,2 % des ventes totales dans les 30 pays inclus dans le rapport Esvac pour l’année 2015. Leur consommation a sensiblement baissé en France. Les céphalosporines de 3^e et 4^e générations ont vu leurs ventes diminuer de 33 % entre 2010 et 2015. Même constat pour les fluoroquinolones, dont la consommation a baissé presque de moitié (47 %) sur la même période. Ce taux atteint 53 % en ce qui concerne les polymyxines (colistine).

Ces résultats tranchent avec ceux d’autres pays européens, dans lesquels la consommation des critiques n’a baissé que légèrement. En effet, les ventes globales des céphalosporines de 3^e et 4^e générations, dans les 25 pays ayant fourni des données pour les années 2011 à 2015, sont stables sur la période de référence, tandis qu’une augmentation de 8 % est observée pour les fluoroquinolones. L’utilisation de la colistine a, quant à elle, diminué de 13 %. En Belgique, par exemple, proche voisin de la France, la vente des céphalosporines de 3^e et 4^e générations a peu diminué. Quant à la consommation de fluoroquinolones, elle ne cesse d’augmenter depuis 2010, avec toutefois une légère baisse depuis 2014 : de 1,1 mg/kg PCU à 1,04 mg/kg en 2015. L’utilisation de la colistine diminue, quant à elle, depuis 2010. Cela pourrait s’expliquer par l’usage de l’oxyde de zinc comme alternative efficace pour le traitement de la diarrhée chez les porcelets.

Et même sans découplage

Autre point intéressant : la France a presque divisé par deux sa consommation d’antibiotiques en quelques années, sans passer par la case découplage, tandis que des pays comme l’Espagne et l’Italie, qui ont opté pour un découplage total, ont encore des consommations très élevées, atteignant respectivement 402 mg/kg et 322 mg/kg en 2015. Ces deux pays ne font pas mieux que leurs voisins européens qui n’ont pas choisi de séparer la prescription et la délivrance d’antibiotiques en médecine vétérinaire. Autre exemple : le Portugal, dont la consommation s’élève à 134 mg/kg sur la période de référence, a également choisi le découplage. En revanche, des pays comme l’Islande et la Finlande ont privilégié le découplage et figurent parmi les bons élèves européens, avec des consommations se situant respectivement entre 5 et 20 mg/kg. Les données de ce dernier rapport Esvac mettent en évidence l’absence de corrélation entre découplage prescription-délivrance et baisse des ventes d’antibiotiques vétérinaires.

Toutes les données en ligne

La nouvelle stratégie Esvac de l’EMA⁴ tend à renforcer la méthode de collecte et l’analyse des données récoltées. Les informations collectées sont enregistrées au sein d’une base de données européenne, qui a été lancée en 2015. Elle permet à tout utilisateur d’effectuer des recherches sur les ventes globales et la consommation par espèces, en particulier les porcs, la volaille et les bovins. Le site comprend désormais un onglet supplémentaire, avec des indicateurs pour les ventes d’antibiotiques vétérinaires par année et par pays.
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¹ bit.ly/2kSZFmo.

²Voir La Semaine Vétérinaire n° 1695 du 12/11/2016, pages 10 et 11.

³ Population correction unit.

⁴ bit.ly/2ge3H3T.