BIEN-ÊTRE ANIMAL
ACTU
Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON
David Fraser est, depuis plus de 40 ans, un chercheur et avocat du bien-être animal, internationalement reconnu pour ses travaux. Il invite à développer une culture du “prendre soin” des animaux, qu’il estime être la base éthique de toute la relation des hommes avec eux.
L’an passé, la conférence triennale de l’International Association of Human-Animal Interaction Organizations (IAHAIO) s’était ouverte, à Paris, sur une conférence de David Fraser, portant sur l’éthique profondément humaine et respectueuse des animaux. En préambule, le chercheur et avocat avait rappelé qu’ensemble nous sommes un tout (“Together we are whole”). L’affection et le respect vont de pair, précisait David Fraser. En témoignent encore les traditions des Naskapis, en Antarctique, qui, après avoir tué un ours, prennent soin d’exposer son crâne pour faire la paix avec lui, sa vie ayant été donnée pour la leur.
De l’époque des cueilleurs et des chasseurs, nous sommes passés, comme le montre la Bible, à celle du pastoralisme grâce à la domestication et à la maîtrise de la reproduction des animaux devenus de rente. David Fraser souligne l’utilisation politique du pastoralisme qu’ont fait les religions, en cultivant la notion de docilité des animaux comme celle du peuple.
Avec l’exploitation des animaux qui travaillent, les dérives n’ont pas tardé, jusqu’aux actes de violence qui seront à l’origine de la création des associations anticruauté, notamment en public.
Du pastoralisme, l’homme est passé rapidement à une industrialisation des productions animales, qui a donné naissance, depuis les années 1960, au concept de bien-être animal. Celui-ci tente de concilier les trois axes fondamentaux que sont, pour l’animal, le respect de sa santé, de ses besoins physiologiques et la possibilité de vivre dans des conditions proches de son biotope naturel, le tout dans des états émotionnels sans stress ni peur, où les animaux peuvent trouver plaisir et satisfaction. L’équation est évidemment bien difficile à réussir…
Les sciences du bien-être ont permis la compréhension des expressions corporelles et faciales non seulement de la douleur, mais également de la souffrance chez bon nombre d’animaux, de la souris au cheval, avec la grimace scale pain, une échelle de l’expression de la douleur.
En matière de plaisir, les poules préfèrent être plutôt sous l’ombre d’un arbre que dans une prairie à perte de vue, raison qui les pousse à se réfugier dans le hangar au lieu de rester à découvert.
Avec humour, David Fraser, qui étudie depuis plus de 40 ans tous ces aspects, avait résumé en un tweet, lors de la conférence de l’IAHAIO, ce dont ont besoin les animaux : des humains attentifs, se comportant bien (Animals depend on people).
Car on peut toujours concevoir des bâtiments d’élevage parfaits pour les animaux, si les humains n’en prennent pas soin, ont des comportements inadaptés avec eux, rien n’ira. S’appuyant sur les travaux de l’Australien Hemsworth, il estime que des connaissances du comportement animal, des compétences pour manipuler/interagir avec les animaux dans une attitude positive sont nécessaires, mais qu’il est surtout primordial de traiter chaque animal comme un individu.
Il convient donc de créer une culture du “prendre soin de l’animal” (animal care), qui est la base éthique de toute notre relation avec les animaux.
David Fraser a insisté sur l’importance de ne pas s’arrêter en si bon chemin avec le concept One Health et invite à poursuivre vers One Welfare, tant le respect que nous portons aux animaux impacte celui que nous avons pour nous-mêmes.
Ainsi, les éleveurs très pauvres, avec un ou quelques animaux dont dépend entièrement leur survie, sont les premiers à être particulièrement vigilants sur la façon dont ils s’occupent de leurs animaux.
Les publications sont formelles : dans les fermes où les éleveurs appellent chaque vache par son prénom la production laitière augmente annuellement pour chacune en moyenne de 258 litres. Le respect et le bien-être vont donc de pair avec l’économie.
David Fraser voit le rôle des vétérinaires sur les deux versants de la relation homme-animal, celle qui souffre, lorsque l’animal est maltraité, et devient une victime qui en cache une autre, au sein de la famille, et en termes de bien-être pour mettre en place un cercle vertueux.
Entre le vétérinaire et son patient, entre l’homme et l’animal il y a un espace où se tisse la relation, s’exprime la communication, voire la communion et l’amour compassionnel. À nous de le cultiver pour prendre soin des animaux, en toute humanité.
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