Gestion de la malpropreté féline

La malpropreté urinaire ou fécale chez le chat est un motif fréquent de consultation. Bien que le marquage puisse s’avérer normal pour un chat¹, tout comportement de malpropreté est inacceptable pour un propriétaire, et à l’origine d’une rupture dans sa relation avec son animal. Au-delà du simple embarras et de l’agacement, le risque est qu’il essaye de régler lui-même le problème via un comportement inapproprié avec le félin, voire qu’il envisage un abandon ou une euthanasie. Le vétérinaire doit donc apporter rapidement une solution claire et efficace.

Réaliser un examen clinique complet

Le praticien doit débuter par un examen clinique complet, qui inclut un examen orthopédique basique ainsi qu’une évaluation neurologique, afin d’exclure toute cause médicale. Toute pathologie induisant de la douleur à l’élimination des besoins (constipation, cystite) peut entraîner de la malpropreté (association litière-douleur). Le chat peut aussi manquer de temps pour aller à sa litière lors d’un diabète sucré ou d’une cystite, par exemple. Un examen médical normal n’exclut cependant pas l’hypothèse de la cystite féline idiopathique, dont l’approche doit être médicale et comportementale, le stress (résultant d’un compromis émotionnel) étant un facteur associé à l’apparition de la maladie. Une fois la cause médicale exclue, le praticien doit différencier le marquage du comportement éliminatoire inapproprié. Pour ce faire, il lui faut questionner le propriétaire sur le milieu de vie de l’animal, et les différents endroits où sont déposés les besoins.

Obtenir un plan de la maison

Le praticien a tout intérêt à obtenir un plan de la maison, afin d’identifier les facteurs de stress potentiels. Les points de repère indispensables à connaître sont les portes (à l’intérieur et celles donnant vers l’extérieur), les fenêtres, les zones de passage, les chatières et la disposition des ressources (nourriture, eau, litière, lieu de repos). Il lui faut également recueillir des informations sur l’environnement social de l’animal, en lien avec la maison et le voisinage, si le chat a accès à l’extérieur. Pour finir, le propriétaire indiquera sur ce plan les lieux de dépôt inapproprié des urines ou des fèces. Une visite virtuelle de la maison, via Skype, peut être envisagée.

Identifier les causes de la malpropreté

L’apprentissage de la propreté pour un chat domestique passe par la compréhension et le respect, par son propriétaire, de son comportement naturel d’élimination, notamment par l’usage d’une litière appropriée (encadré page 32). Après avoir identifié le trouble (marquage versus élimination inappropriée, tableau), le praticien doit en déterminer les causes possibles. Le marquage apparaît lorsque le chat ne perçoit plus sa maison comme un territoire rassurant pour manger, dormir et jouer. La menace peut venir de l’extérieur (chat du voisin, par exemple) ou de l’intérieur (nouvel arrivant, punitions incomprises, réarrangement de l’intérieur, etc.). Une simple manifestation visuelle peut faire office de menace, comme un chat inconnu dans le jardin, qui serait observé à travers une fenêtre. L’élimination inappropriée englobe un grand nombre de causes possibles (encadré ci-dessous).

Proposer un traitement

Une fois la ou les causes identifiées, le traitement est relativement simple, notamment dans les cas où la litière s’avère inadaptée au comportement naturel du félin. Si le jardin apparaît comme une zone idéale pour l’élimination des besoins, il convient de s’assurer qu’elle est facile d’accès et qu’il y trouve un substrat approprié et une intimité suffisante. Si c’est l’intérieur qui est choisi, la litière doit déjà offrir un substrat propre au comportement naturel de creusement et d’enfouissement, au risque de voir apparaître une frustration. En plus d’être propre, sans parfum et à l’abri des regards, elle doit aussi être confortable pour l’animal, en particulier car il y exerce une pression avec ses coussinets lorsqu’il s’y accroupit. Recréer une interaction positive entre le chat et sa litière passe aussi par bannir toute punition.

Le marquage implique d’éliminer toute forme de menace pour le chat. En cas de communauté féline, il importe de s’efforcer de séparer les individus autant que possible pour chaque activité (manger, dormir, jouer). Une thérapie médicamenteuse est possible en cas de problème émotionnel. L’usage de phéromones peut être intéressant lors de marquage urinaire lié à la perception d’une menace sur le territoire.
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¹ “Spraying” ou marquage urinaire, surtout chez les mâles entiers ; “digging” ou défécation volontaire dans des endroits stratégiques pour le félin.