Mieux connaître les rats des villes pour mieux les contrôler - La Semaine Vétérinaire n° 1739 du 09/11/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1739 du 09/11/2017

GESTION DES ESPÈCES NUISIBLES

ACTU

Auteur(s) : SERGE TROUILLET  

Au sein d’un parc francilien, des chercheurs ont mis en évidence la grande diversité génétique de la population de rats surmulots, leur résistance génétique aux raticides, ainsi qu’un portage parasitaire important.

La mise en place de programmes de contrôle durables du rat surmulot (Rattus norvegicus) suppose d’abord de bien connaître cet animal nuisible, familier de l’homme dont il colonise les habitats. Un programme de recherche, mené par des chercheurs de l’Inra1, de VetAgro Sup et de l’Institut Pasteur, a permis de mener un ensemble d’examens des plus complets sur une centaine de ces rats des villes, dans un parc d’Île-de-France qui accueille près de deux millions de visiteurs par an. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence une diversité génétique, certes non exceptionnelle, mais étonnante dans un milieu urbain, compte tenu de la fragmentation des paysages et de la fidélité des rats à leur habitat.

Ce résultat révèle l’existence d’échanges génétiques entre différentes populations de rats au-delà de leur périmètre de dispersion ordinairement admis. Autre information notable, plus de la moitié des rats (56 %) étaient génétiquement résistants aux raticides couramment utilisés pour contrôler les populations de rongeurs. Du reste, des résidus de ces produits ont été retrouvés dans le foie de 48 % d’entre eux, et même jusqu’à quatre résidus différents chez 10 % des rats capturés. La consommation de ces anticoagulants corrobore l’hypothèse des va-et-vient entre le parc et l’extérieur, puisque l’utilisation des raticides n’est pas autorisée au sein même du parc.

Travailler conjointement sur les résistances et les pathogènes

Enfin, l’étude a permis d’identifier pas moins de 16 genres parasitaires différents. En cela, elle montre cependant moins la force de leur nombre que celle des moyens mis pour les identifier : soit huit espèces de vers, trois espèces de puces, un protozoaire et quatre genres bactériens. Dans leur grande majorité (88 %), les rats abritent au moins deux parasites et les plus fréquents d’entre eux sont deux vers digestifs, spécifiques du rat et non transmissibles à l’homme, Heterakis spumosa et Syphacia muris. En revanche, sept de ces parasites sont responsables de maladies chez l’homme et les animaux : parmi eux, le ver plat Hymenolepis diminuta, responsable de téniasis ; la bactérie Francisella tularensis, agent de la tularémie ; ou encore des bactéries du genre Leptospira, responsables de la leptospirose, dont le rat est le principal réservoir.

Pour les chercheurs, cela soulève la question du rôle de ces rongeurs dans la maintenance de tels pathogènes et de leur potentielle transmission à l’homme et aux animaux qui fréquentent ce parc. D’où, pour eux, l’intérêt de travailler conjointement sur les résistances et les pathogènes.

En alerte sur le risque de transmission de zoonoses

Les résultats de ces travaux seront mis à profit pour développer une stratégie de lutte intégrée contre les populations de rongeurs en milieu urbain. Celle-ci doit combiner l’utilisation de raticides appropriés – sous réserve de trouver l’équilibre entre l’efficacité contre le rat et la non-toxicité environnementale – à d’autres solutions comme l’aménagement de l’environnement, le contrôle par le piégeage (non chimique, en raison des programmes de biodiversité concernant les oiseaux), et surtout la limitation des ressources. Ces résultats invitent également à se montrer davantage en alerte sur le risque de transmission de zoonoses, qu’il convient de maîtriser.

1 Institut national de la recherche agronomique. Contact scientifique : Gwenaël Vourc’h, directrice de l’unité mixte de recherche épidémiologie des maladies animales et zoonotiques (Inra/VetAgro Sup). E-mail : gwenael.vourch@inra.fr, tél. : 04 73 62 47 26.

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