CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : SERGE TROUILLET
L’observatoire Reproscope1 permet, dès maintenant, aux éleveurs de bovins laitiers et allaitants de sélectionner des références en reproduction adaptées au contexte de leur exploitation, afin de se positionner. Il leur mettra à disposition, au début de 2018, des outils qui les aideront à identifier des marges de progrès technico-économiques possibles, dans la gestion de la reproduction de leurs animaux. Cet outil a été développé dans le cadre d’un projet Casdar2, en partenariat entre l’Institut de l’élevage (Idele), l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), Allice, Oniris, France Conseil Élevage, le ministère de l’Agriculture et la Confédération nationale de l’élevage, et avec la participation de nombreuses autres institutions (groupements techniques vétérinaires, groupements de défense sanitaire, chambres d’agriculture, École nationale vétérinaire d’Alfort, etc.).
La naissance d’un veau viable est un moment crucial pour tout éleveur, car il constitue l’aboutissement du processus de reproduction et conditionne directement (bovins allaitants) ou indirectement (bovins laitiers) le revenu de l’exploitation. Dans un contexte d’agrandissement des troupeaux, l’organisation des activités liées à la reproduction et, plus largement, à la surveillance des animaux se complexifie. L’impact économique des troubles de la reproduction n’est pas négligeable, mais reste difficile à chiffrer par l’éleveur, qui fait parfois preuve de fatalisme dans ce domaine.
Il appartient alors aux intervenants en élevage de sensibiliser les éleveurs aux marges de progrès accessibles et de les accompagner dans l’atteinte d’objectifs cohérents avec leur système d’exploitation. Mais les outils de conseil sont hétérogènes, les références en reproduction non exhaustives, figées. Les performances de reproduction étant variables entre les races, ainsi que dans le temps, la nécessité d’une prise en compte plus fine d’autres caractéristiques des troupeaux souligne le besoin d’un outil plus interactif et dynamique. Pour que l’éleveur s’approprie ces références, celles-ci doivent être plus proches des caractéristiques de son élevage. Il a besoin d’un panel de références plus large, afin de comparer son élevage à un réseau d’élevages qui lui ressemblent.
L’observatoire Reproscope est cet outil. S’il donne la possibilité aux éleveurs de se positionner de manière pertinente, il facilite également le conseil de ceux qui pourront l’utiliser pour adapter les objectifs de reproduction qu’ils mettent en place dans les élevages. L’enseignement agricole pourra aussi accéder à des indicateurs dont on ne disposait pas jusqu’à maintenant, et donc avoir une idée plus juste de la diversité et de la performance des systèmes en France. Les chercheurs, enfin, auront à leur disposition un outil leur permettant d’identifier des problématiques d’élevage et de comparer des performances.
Cet observatoire s’appuie sur la base de données nationale d’identification (BDNI), qui enregistre tous les mouvements bovins, et sur le système national d’information génétique, qui enregistre toutes les performances de reproduction. Ces deux bases de données nationales représentent une véritable richesse déjà largement utilisée pour les évaluations génétiques des bovins, mais encore sous-exploitée pour la production de statistiques et l’appui technique. Ces deux bases ont été croisées, avec l’impératif que l’outil développé réponde aux attentes des éleveurs. Il concerne 9,4 millions de vaches, 7 millions de vêlages, 5 millions de vaches inséminées, 82 000 troupeaux laitiers, 109 000 troupeaux allaitants.
Outre l’outil observatoire permettant d’accéder en ligne dès maintenant à des références de reproduction exhaustives en bovins laitiers et allaitants, Reproscope proposera également, dès le début de l’année 2018, un outil de sensibilisation des éleveurs aux progrès techniques et aux gains économiques espérés.
Il s’agira, dans un premier temps, de mesurer des projets techniquement atteignables par les éleveurs. Il faudra pour cela déterminer finement le groupe de référence auquel ils peuvent se comparer pour chaque performance sur laquelle ils souhaitent se positionner, tant à partir des informations relatives au profil de leur troupeau que de celles ayant trait à leur stratégie de conduite de la reproduction. Par exemple, pour la mortalité dans un troupeau allaitant : la race, la spécialisation, la saison de vêlage, l’âge au premier vêlage, la zone géographique, le pourcentage de veaux nés d’insémination artificielle (IA).
Dans un second temps, en s’appuyant sur les références disponibles dans le cadre des réseaux d’élevage, en partenariat avec les chambres d’agriculture et l’Institut de l’élevage, il s’agira d’aller chercher les gains économiques espérés pour les éleveurs. Pour chaque performance sont identifiées les caractéristiques les plus impactantes pour produire cette estimation économique. Par exemple, pour la mortalité dans un troupeau allaitant : la conjoncture, la race, la zone géographique, le nombre d’ha de maïs/ha de surface fourragère principale (SFP), le pourcentage de primipares, celui de veaux nés d’IA, la productivité pratique, la taille du cheptel.
C’est ainsi que l’amélioration de 8 à 3 % du taux de mortalité d’un troupeau de race charolaise, avec 100 vêlages par an, va se traduire par un gain économique compris entre 3 070 et 4 330 €. On tiendra compte des éléments relatifs aux produits issus de la vente des animaux, mais aussi des charges opérationnelles liées aux cinq veaux supplémentaires. Autre exemple : ramener un taux de mortalité de 8 à 4 %, dans un troupeau de salers, va ainsi produire un gain économique de 20 à 36 € par vache et par an, soit 900 à 1 620 € pour 45 vaches. Pour l’estimation de l’impact économique d’une amélioration des performances pour l’intervalle vêlage-vêlage (IVV) et l’âge au premier vêlage, pour les troupeaux allaitants, on s’appuiera sur une réduction des jours de présence improductifs, qui se traduisent notamment par des kilos vendus en plus ou par un moindre entretien des vaches.
Il ressort de Reproscope qu’il existe une grande fluctuation des performances de reproduction, que les gains économiques sont variables entre les systèmes, que les marges de progrès apparaissent patentes dans certains profils et qu’il est nécessaire d’adapter les objectifs au profil du troupeau, dans l’optique d’un élevage plus productif et durable.
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2 Compte d’affectation spéciale développement agricole et rural.
ACCÈS À DES STATISTIQUES NON CONNUES OU NON DIFFUSÉES AUPARAVANT
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